Ce sirventes est une peinture du temps où écrit le poète, une satire des mœurs régnantes & de la société en général. Partout ce ne sont que discussions & luttes entre les clercs & les laïques, entre le peuple & les seigneurs. Les uns & les autres n'ont qu'un mobile: la cupidité; &, dans la pensée du poète, c'est au clergé qu'en est la faute, puisqu'il a défendu les libéralités & qu'il donne tous les jours l'exemple de l'amour des richesses. C'est lui qui a créé cet état d'hostilité; cependant, les Tartares sont là prêts à profiter de ces divisions, &, d'autre part, le pape ne cherche qu'une occasion d'intervenir pour s'approprier ce qui fait l'objet du débat. Qu'ils s'arrêtent donc; que les clercs se rappellent la première obligation de leur état, la pauvreté; quant aux seigneurs & à leurs vassaux, qu'ils se souviennen du pacte qui les lie, pacte de confiance, de fidélité & d'amour.
L'envoi au roi de Castille, Alphonse X, qui vient d'être élu empereur, & l'allusion très nette à l'invasion mongole nous ont permis de dater la pièce de 1258. Cf. Introduction, La vie de Montanhagol.
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La pièce comprend cinq coblas unissonans & une tornada. La strophe est composée de huit décasyllabes en: a b a b b b b a. Maus (op cit., p. 106, n° 296) ne relève comme présentant cette disposition que le planh de Pons Santolh, qui est très évidemment calqué sur ce sirventes dont il reproduit jusqu'aux rimes: ura, en.