Ce partimen n'a rien de particulièrement curieux. Selon les règles du genre, Montanhagol propose à Sordel un problème, sans doute peu nouveau, de casuistique amoureuse: « Lequel vaut mieux pour un amant de faire connaître son cœur à son amie ou de connaître toutes ses pensées à elle? » Il lui laisse le choix entre les deux opinions, & quand Sordel a choisi la première, il s'efforce de faire valoir les avantages de la seconde, jusqu'a ce qu'enfin ils s'en remettent, d'un commun accord, au jugement d'un arbitre. Cet arbitre, c'est le comte de Provence, Raymond Bérenger, ce qui nous prouve que la pièce est antérieure à 1245. Mais, de plus, d'autres considérations nous ont permis de penser que les relations de Sordel & de Montanhagol, & ce sirventes qui les atteste, peuvent dater des années 1241-1245. Cf. Introduction, La vie de Montanhagol.
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La pièce comprend six coblas unissonans & une double tornada. La cobla se décompose en:
7a 7a 7a 6b 7a 6b 7c 7c 7c 6b 7c 6b
formule dont Maus (op cit., p. 98, n° 56) ne relève aucun autre exemple & qui est assurément curieuse. Elle paraît formée de deux strophes de six vers en: 7a 7a 7a 6b 7a 6b dont l'unité est très sensible, le cinquième vers rappelant dans la deuxième partie le mêtre & la rime de la première. Seulement, dans la seconde de ces strophes, la rime en a aurait été remplacée par la rime c, l'unité totale étant maintenue par les vers 10 & 12 qui reproduisent le mêtre & la rime des vers (2 & 4) correspondants de la première demistrophe.