Salverda de Grave, Jean-Jacques. Le troubadour Bertran d'Alamanon. Toulouse: Imprimerie et librarie Édouard Privat, 1902.
076,004- Bertran d'Alamanon
I
POÉSIES POLITIQUES
III
SIRVENTÉS (1234-1235).
Bartsch, nº 4.
Ce sirventés se compose de cinq coblas singulars de onze vers, dont les rimes sont ainsi disposées.
8 a 6 b 8 a 6 b 6 b 4 c 4 c 6 b 6 b 4 d (c) 6 b
Cp. Maus, p. 107, nº 311. On retrouve cette forme dans une poésie religieuse de Lanfranc Cigala, publiée par Appel, Provenzalische Inedita, p. 176, & qui compte dix strophes. Les rimes des deux pièces sont différentes. D’après Appel, Bertran aurait emprunté la forme de ce sirventés à Lanfranc ; mais sur quoi s’appuie-t-il ? Il reste douteux que Lanfranc ait écrit avant 1241. (Voyez Appel, qui se réclame de Schultz, Zeitschrift, VII, p. 218 ; mais celui-ci n’est pas très affirmatif.) Remarquons que, chez Bertran, dans la troisième & quatrième strophe (& peut-être dans la cinquième), d est identique à c (le copiste du texte de Nostre-Dame essaye de rétablir partout cette identité) ; chez Lanfranc, cela n’a lieu que dans la troisième strophe. Cette particularité pourrait s’expliquer ainsi : que tous deux ont, indépendamment l’un de l’autre, imité une poésie qui ne nous est pas parvenue, & où c, dans toutes les strophes, aurait été identique à d. Ce qui aurait amené Lanfranc à sacrifier cette identité, ç’aurait été l’introduction du refrain au vers 10 de chaque strophe. Si l’on veut que l’un ait imité l’autre, j’accorderais la priorité plutôt à Bertran.