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Stroński, Stanislas. Le troubadour Elias de Barjols. Toulouse: Imprimerie et librairie Édouard Privat, 1906.

132,004- Elias de Barjols

 

XII. (132, 4.)

 

Les manuscrits :

 

 

(CEf) : vv. 11 (quant hom no sen pour q. ve que no·n), 16 (ni nol pres pourni non ac), 23 (greus mes mos dans pour sos d. m. gr.), 26 (poirai pour poiran), 27 (ni ia nom pour nill meu nom) ; cf. aussi vv. 12 (x et M secor pour acor), 15 (x et D et pour quar. — αse rattache, comme toujours (cf. Grœber, Rom. Stud., II, sous α), à C, aussi bien par les leçons que par l’attribution. Le Breviari d’amor cite notamment deux premières strophes de cette chanson « d’En Ricas Novas » dans son chapitre : Remedis per escantir folia d’aymador et les rattache, comme citation, à l’énonciation suivante (v. 33894 et suiv.) :

 

Car ses dupdar, l’amors en se
Es bon’ a qui n’uzara be,
Per que celh c’amo lealmen
E son ben amat issamen
Ses malvastat e ses folor
Nois devon partir d’est amor,
Ans sapchon be lor fol voler
Restrenher e reglat aver ;
Mas cilh que amo folamen,
Cum fan alcu per avol sen,
Que non an mas pena, dolor
E dampnatge e dezonor,
Car no sabo l’amor regir,
Aquilh se devon departir ;
Mas, si ben estas, not movas !
E apren d’En Ricas Novas
Que ditz parlan d’aital folor :
Ben deu… 

 

(D, HPS) : vv. 8 (seruissi pour -is), 9 (autressi(s) contre atressis), 13 (per som contre per quie·m). Le système orthographique est pareil en ces quatre manuscrits. Mais il est visible que le groupe HPS s’est bientôt détaché de y pour suivre sa voie particulière. — a (HPS) : vv. 9 (autressi pour -i·s), 11 (qi damor nos pot iauzir pour quant ve qe no·n p. i.), 15 (qar anc nuil be nom uolc faire pour q. a. iorn n. u. b. f), 20 (qe, comme MR, pour don), 22 (be pour bes), 23 (lauzei pour -zi), 23 (greu pour greus), 26 (nom faran morir pour nom poiran ausir), 30 (mantas pour mayntas), 35 (ordre des mots changé), 39 (qe pour q’om), 41-2 (autre leçon), 43 (qe, comme MR, pourquar), 45-6 (ordre des mots changé), str. III-IV placées inversement. — a (PS) : vv. 16 (iauzimen pour chauz.), 19 (dels pour del), 22 (del ben pour dels bes ; lahuzei,  altéré dans P en sabuzei pour lauzei de H et lauzi des autres), 26 (non pour nom), 33 (ualenz pour -en), 36 (mal pour mas) ; cf. aussi par. ex. 21 (trags contre trais), 30 (cho mest contre so mes), 35 (air contre azir).

(MR) : aucun fait ne permet de faire rentrer soit R, soit M, soit l’un et l’autre ni dans x ni dans y. Mais, d’autre part, leur source commune z, que nous indiquons, n’est point très nettement attestée. Quelques fautes communes bien insignifiantes (vv. 11 que contre qu’om, 23 RM, mais D aussi, per pour a, 31 deso pour daisso), deux leçons déjà plus explicites (vv. 38 serual la dregz emperaire, 43 quel meilher es el belaire), une coïncidence dans la conservation de la bonne leçon du v. 11 qui est embrouillée dans x et dans y nous font croire à une base commune qui aurait été utilisée par les rédactions M et R. D’autre part, une influence de la part du groupe a (HPS) se manifeste plusieurs fois, surtout dans la première tornada et dans les vv. 6 (que contre quant) et 20 (que contre don).

 

Forme. — 5 coblas unissonans de 8 vers avec la formule :

7a 5b 7b 5a 8c 7d 7d 8c

Cette formule est unique parmi les coblas encadenadas (Maus, pp. 119-20, n. 579, form. 13) et elle a, comme la chanson VI, cette particularité de ne pas conformer les rimes à la longueur des vers.

 

Date et localisation. — Le terminus a quo est indiqué par le premier envoi adressé à la comtesse Béatrice (1219-20) et par la strophe V qui nomme Frédéric II et le qualifie de emperador (1220) ; le terminus ad quem d’abord par la seconde tornada qui nomme Blacatz (1237). Schultz-Gora, Ein Sirventes von Guilhem Figueira gegen Friedrich II, Halle, 1902, p. 34, a donc inscrit 1220-37 dans la liste des passages où Frédéric II est nommé par les troubadours ; (aj. Elias Cairel 133, 4, 11, 13 ; cf. V. de Bartholomaeis, Un sirv. hist. d’E. C., dans Ann. du Midi, XVI, 491, et suiv. ; cf. aussi dans Arnaut Peire d’Agange (cf. Bgrs., p. 333 et n. 1) 31, 1, str. VII, une mention de l’avinens emperaire (M. G., 1082) ; je crois que je pourrai prouver qu’il est nommé aussi par Bertran d’Alamanon). Il y a deux motifs invitant à resserrer ces dates. Le premier, qui est assez vague, c’est le fait que l’activité d’Elias ne paraît pas s’être exercée au delà de 1230 ou du moins peu de temps après cette date ; le second est qu’il est impossible de comprendre l’allusion d’Elias autrement que comme une exhortation à la croisade. On s’y intéressait en Provence comme partout, et l’échange de couplets entre Falquet de Romans et Blacatz (972 = 156, 7) atteste, même explicitement, l’intérêt qu’y prenaient la cour provençale et l’entourage de Blacatz. La chanson est donc antérieure à 1228 et plus ou moins rapprochée de cette date, ce que l’on ne peut pas préciser, vu que les préparatifs de l’empereur durèrent dès son couronnement et qu’il parut continuellement sur le point de partir. Toutefois, notre allusion indique déjà un moment où on en fut un peu étonné et elle s’accorde par conséquent mieux avec la date de 1225-28 environ qu’avec celle de 1220.

Il ne faut pas se méprendre toutefois sur le sens de l’exhortation d’Elias. Les relations entre Frédéric II et les protecteurs d’Elias furent d’abord tout à fait amicales. L’empereur s’allie à Raimon-Bérenger contre Marseille en 1225 ; il confirme solennellement ce prince dans la possession du marquisat de Provence en 1226 pour l’attacher à sa politique contre la politique française de Louis VIII qui menaçait alors le Midi (E. Winkelmann, Kais. Fr. II, t. I, 1218-28, Leipzig, 1889, p. 309). De plus, Thomas I, père de Béatrice, comtesse de Provence, est nommé, en 1226, au vicariat « per totam Italiam et per marcham de Trevisium » (ibid., p. 296). Enfin, des rapports directs sont attestés par une lettre impériale du 15 mai 1228 entre Frédéric II et Blacatz (Barthélemy, Inv. chr. et an. des ch. de l. m. de Baux, 1882 ; cf. Schultz et Soltau sur Blacatz). Cet état de choses établi dès l’avènement de Frédéric II doit persister jusqu’au « renversement de la politique impériale » (Fournier, Le Royaume d’Arles, p. 138) qui suivit le mariage (1234) de Marguerite de Provence avec saint Louis. — L’allusion d’Elias n’atteste donc aucune malveillance à l’égard de Frédéric II. 

 

 

 

 

 

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