IX
AISSI CUM CEL C'AM' E NON ES AMAZ
30,3.
ORDRE DES STROPHES. — En ce qui concerne les strophes I à V de notre édition, MR ont inverti III et IV, f donne II en cinquième lieu. Notre tornada VI ne figure pas dans MNR ; GPQSUc seuls donnent notre tornada VII. Entre V et VI Uc ont inséré deux strophes, l'une de 7, l'autre de 5 vers, et M a écrit après V, une strophe de 7 vers bâtie sur les mêmes rimes que notre chanson, mais dont le sens l'en écarte définitivement. Le lecteur trouvera ces additions en note.
GROUPEMENT DES MSS. — Les variantes que l'on retrouve dans ces mss. sont relativement peu nombreuses ; le poème est donc si bien conservé que tout essai de classement doit être fait avec d'autant plus de prudence que le matériel dont on dispose est mince. Il s'agira surtout des vers 18-19, 22-24 et 32.
18-19. Deux façons d'exprimer la même idée — avec si v. 18, proposition conditionnelle, c'est la version CFIKMNPQRUcf, ou bien avec deux propositions principales reliées par Mas, c'est la version ABDGSP ; d'après la fin du vers 18 on distingue les versions communes IKNQUc : FMOR : C : f. La version A etc. a une césure lyrique, tandis que pour les autres le vers se divise en deux hémistiches de 5 syllabes.
22-24. Dans ces trois vers les relations entre les mss. varient considérablement.
22. La bonne version est certainement celle où sapïatz compte pour trois sillabes. La version sapchatz, deux syll., entraine trois possibilités : 1° laisser le vers tel quel, NPQSc ; 2º introduire une syllabe quelconque, pourvu que le sens ne soit pas changé, FO, M, U, f ; 3° substituer une forme verbale qui concorde bien pour le sens, le mot inévitable est conoscatz, nous le trouvons dans CRα. Les mss. qui ont sapïatz se répartissent ainsi, ABDG (ben), IK (que).
23. La seconde partie de ce vers est la plus importante. ABIKMRfα ; O, DGNQ, FUc, PS ; C.
24. Devant la césure, ABCRfα contre les autres ; après la césure, tous ayant ardidamen à la fin, il ne s'agit que de deux syllabes ; ABf ont qui preg', tous les autres (sauf CRα) ont ades, version dont quo ditz CR se rapproche sensiblement ; le vers manque dans F.
Pour relier les deux vers 23 et 24 DGNOQUc se servent de E, tous les autres mss. emploient une subordination au moyen de Que, Qu'.
Nous croyons que la bonne version se trouve dans la version de A pour le vers 22 et peut-être pour le vers 23, mais au vers 24 il nous semble plus probable que c'est A qui s'en est écarté et que la bonne tradition se continue dans les mss. qui, étant d'accord avec A, ont refusé de le suivre à cet endroit. Dans ces conditions nous choisissons D pour être la base de notre édition, puisque pour ce poème au moins, le copiste de D se montre peu dégourdi, il met du noir sur du blanc sans trop se demander si cela tient debout, et il a réussi à maintenir la bonne leçon là où elle était peu facile à comprendre, et où d'autres copistes se sont ingéniés à « améliorer » le texte (vers 4, 38) ; en d'autres endroits il a dû transcrire des signes sans se creuser la tête pour en trouver le sens (vers 33) ; à travers sa copie machinale nous voyons ce qu'il avait devant les yeux. Il est nécessaire d'interpréter ses graphies, mais en général il semble avoir la bonne version et là où A l'a conservée, et là où A s'est montré par trop habile.
32. Il faut choisir entre un vers coupé 5 : 5 ABNOUc, IK, et un vers coupé 4 : 6 DG, PSQ, CMRf. Nous avons pris la version de D, qui emploie les deux adverbes Ja et mais, qui conviennent bien ici où le poète veut s'exprimer d'une façon aussi énergique que possible.
Quant aux sous-groupements, notons Uc (déjà pour le nombre de strophes), PS (ensemble presque partout), CMRf, IKN, DG, et bien entendu AB. Q et O sont hésitants, mais se rangent assez souvent du côté de PS.
Base et graphies D.
Coblas unissonanz et 2 tornadas de 3 vers chacune : a b b a a c c (vers de 10 syll.) Maus p. 57 dit qu'Arnaut a trouvé ce schéma, que lui ont emprunté P. Card. 34, Sordel 29, et 461,235, qui ont jusqu'aux mêmes rimes. Le même schéma est utilisé par Uc de S. Circ 39, Peirol 5, B. de la Barta 4, P. Card. 59 (coblas I, II), mais avec un nombre différent de syllabes et des rimes féminines. Maus distingue un troisième groupe, Peirol 28, A. de Peg. 27, F. de Mars. 17, B. Marti 5.
Pour l'attribution MRf se contredisent, et le Raimundus de Q est sans aucune importance. Un nombre écrasant de mss. donne ce poème à Arnaut.