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Bec, Pierre. Burlesque et obscénité chez les troubadours. Pour une approche du contre-texte médiéval. Paris: Stock, 1984.

434a,068- Serveri de Girona

 

II
 
Le contre-texte humoristique et burlesque

 

20
 
Cryptogramme
 
Cerveri de Girone

 

Le véritable nom de ce troubadour était Guilhem de Cervera, mais il avait adopté comme pseudonyme littéraire Cerveri de Girone : l'identité entre les deux apparaît formellement dans un document de 1285. Poète de cour, Cerveri entra au service de la maison de Cardona et de la maison royale d'Aragon. Son statut social de « poète officiel », qui le conduisit à composer nombre de ses poèmes sur des événements contemporains, nous permet de situer sa production entre 1259 et 1285.

Son œuvre lyrique (cent quatorze pièces — le plus important corpus attribué à un troubadour) est originale à plusieurs points : tout d'abord, ses compositions sont précédées d'un titre qui nous renseigne sur les genres poétiques en vigueur dans la seconde moitié du XIIIe siècle ; d'autre part, son œuvre comporte un certain nombre de genres popularisants, inconnus ou fort peu attestés ailleurs. Enfin, si ses douze chansons ne sortent pas de la moyenne coutumière, la vigueur de ses pièces morales ou de circonstances (vers, sirventés), la ferveur de ses poèmes religieux, l'extrême habileté de sa versification, qui accumule les difficultés et les tours de force (de ce point de vue Cerveri fait le pont entre le trobar ric et les poètes du XIVe siècle ; cf. infra), tout cela contribue à donner à Cerveri une place de premier plan parmi les troubadours du XIIIe siècle. Enfin, dans le registre humoristique qui nous préoccupe en ce moment, il faut signaler sa dilection pour les jeux plaisamment linguistiques comme cela apparaît dans certaines de ses pièces, tels la Cançó de les letres (la chanson des lettres), ou le Vers del comte (le poème du compte), et surtout dans le Cryptogramme que nous donnons ici.

Il s'agit en fait de deux pièces qui se succèdent dans le manuscrit et sans que le copiste se soit vraisemblablement aperçu de leur relation : le Vèrs brèu, que nous présentons ci-après, et le Vèrs estranh (poème étrange), qui reprend le même texte mais chiffré. La clef du cryptogramme consiste à intercaler entre les syllabes des groupes bisyllabiques dont les voyelles sont généralement les mêmes que celles de la syllabe originale et dont les consonnes sont les suivantes : I : fl-m- ; II : f-rr- ; III : p-p- ; IV : m-m- ; V : rr-v- ; VI : f-rr- ; VII : fl-m-.

 

PILL.-CARST. : 434a/66 et 68. Texte : RIQUER.

 

 

 

 

 

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