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Bec, Pierre. Burlesque et obscénité chez les troubadours. Pour une approche du contre-texte médiéval. Paris: Stock, 1984.

306,002- Montan

 

III
 
Le contre-texte obscène

 

34
 
Tenson obscène avec une dame
 
Montan

 

On ne sait pratiquement rien de ce troubadour, sinon qu'il était le contemporain de Sordel (mort vers 1270), avec lequel il échangea une cobla. On peut donc le situer au milieu du XIIIe siècle. Mais on n'a aucune information sur son lieu d'origine ni sur son statut social (jongleur ou chevalier ?). Étant donné ses relations avec Sordel, peut-être était-il lui aussi familier des cours de Provence. Quoi qu'il en soit, l'œuvre qu'il nous laisse est fort mince. Outre la présente tenson, nous ne conservons de lui que trois coblas : celle dans laquelle il répond à Sordel, une cobla moralisante et une cobla burlesque sur le thème de la vieille amoureuse (cf. infra40 et note 1).

Ce débat obscène est donc son œuvre maîtresse. R. Nelli le considère comme la poésie la plus licencieuse de toute la littérature occitane, et I.-M. Cluzel, l'éditeur de Montan, dit de lui « qu'il est le seul troubadour à avoir délibérement décrit une situation essentiellement et uniquement érotique avec une effronterie débridée ». Exemple de défoulement aristocratique (c'est en effet un seigneur et sa dame qui sont censés parler), comme d'ailleurs la plupart de nos contretextes ?  Cela est assez vraisemblable. Mais la lubricité ne se cache pas ici (ou à peine) derrière les formules distinguées qui émergent de la courtoisie et qui font glisser le poème vers une parodie burlesque ou plaisante. Seule, son outrance même et son caractère délibérement grotesque sauvent la pièce d'une pornographie qui pourrait paraître gratuite ; car  il y a dans ces vers un lyrisme presque bouffon dont la seule finalité est de faire rire. Il est donc vain, pour les expliquer, d’inventer une quelconque « histoire » d'après laquelle le poète se serait donné comme interlocutrice une servante sortant de chez un prêtre, et de gloser : « C'est jusque-là que les cruautés commises dans la guerre des Albigeois et les horreurs de l'Inquisition avaient conduit les esprits satiriques (1). » En réalité, comme la partenaire de la trufa de Raimon de Cornet (nº 22), il s'agit là d'une dame imaginaire et d'une tenson, comme beaucoup d'autres, purement fictive.

 

PILL.-CARST. : 306/2. Texte : CLUZEL.

 

 

Note :

1. Cf. Histoire littéraire de la France, XIX, p. 540.

 

 

 

 

 

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