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Bertoni, Giulio. Un descort d'Albertet de Sisteron. "Annales du Midi", 15 (1903), pp. 493-497.

016,007a- Albertet

 

UN DESCORT D'ALBERTET DE SISTERON.

 

Albertet de Sisteron appartient à cette phalange de poètes qui, au début du XIIIe siècle, quittèrent leur pays et vinrent faire résonner en Italie les douces harmonies de la lyrique occitanienne.

Il nous reste de lui vingt pièces (chansons et tensons), d'où il est assez difficile de tirer des renseignements précis sur sa vie et ses pérégrinations dans l'Italie supérieure. Voici une allusion à une dame de Lombardie qui fut l'objet de ses chants :

                            Cansos, en Lombardia
                            Vuoill que fassatz saber
                            Que si· bella chausia,
                            En cui ai mon esper,
                            De mi li sovenria (1).

Nous retrouvons dans les vers suivants, adressés à la comtesse de Savoie, une autre allusion, malheureusement trop vague :

                                 La pros comtessa guaya
                                 de Savoya, quar gen
                                 manten pretz e joven,
                                 sal Dieus e sa lauzor
                            e Monferrat e·l Marques mo senhor (2).

Si nous ne pouvons suivre notre troubadour dans tous ses voyages en Italie, nous pouvons du moins affirmer qu'il se trouva un moment à la cour du marquis Malaspina. Conrad et Guilhem sont, en effet, mentionnés dans ses vers :

                            Seingner Conrat Malaspina, desire
                            Eu vos vezer car mol[t] n'aug ben dire (3).

Et ailleurs :

                            Seingner Conrat, granz es vostra despesa
                            Que poi'ades e creis vostra valor (4).

Ailleurs, enfin, le nom de Guilhem est accompagné de celui de Maria d'Auramala :

                            Vas Na Maria d'Auramala ...
                            S'om per honrat faiz ofaners
                            Ni per esser bos cavalers
                            Den estar entre·ls pros cabals,
                            Guillems Malaspina es aitals (5).

 

* * *

 

M. P. Meyer a inséré au tome I de la Romania un descort anonyme emprunté au ms. Douce (6) ; la même pièce est conservée dans le ms. a, où elle est attribuée à notre troubadonr. Je n'hésite pas à accepter cette attribution, d'abord parce que la forme du descort atteste l'habileté d'un troubadour de la bonne époque, ensuite parce que cette attribution explique fort bien l'allusion finale :

                            ... te·n vai,
                            descortz, lai ...
                            al Marques gai ...

M. P. Meyer a fait précéder la publication du descort des paroles suivantes : « Ce descort a tout l'air d'être l'œuvre d'un troubadour de l'époque classique. Il est adressé à un marquis dont le nom n'est pas donné. Est-ce le marquis par excellence, le preux marquis de Monferrat, Boniface? »

La conjecture de M. Meyer me paraît très vraisemblable. En effet, tout comme les Malaspina, les marquis de Monferrat reçurent la visite d'Albertet de Sisteron, qui fut aussi — il est du moins permis de le penser — avec la cour d'Este et la famille des Traversari, à Ravenne. Qui ne connaît la fin de la tenson échangée entre Albertet et Aimeric de Peguilhan ?

                                 — N'Albertz, car es de beutat rais
                                 Na Biatriz d'Est, on pretz nais,
                            Voill d'aquest plait jutge so que·s covenha ;
                            Mas eu cre be que ma razon mantenha.
 
                                 — N'Aimerics, a n'Emilla lais
                                 De Ravenna, c'ades val mais
                            En totz bons faitz c'a pro domna covenha,
                            Lo jujamens e c'ab lo dreg se·n tenha. (7)

Qui ne se sonvient aussi de cette liste des dames qui faisaient en ce temps l'ornement de la Haute-Italie, dressée par Albertet dans En amor truep ? (8) Mais nous ne voulons pas faire attendre plus longtemps au lecteur le texte de a.

 

ALBERTET DE SESTAIRO (9).

Bel m'es oimais...

 

 

Notes :

1. C'est la première tornada de la chanson : Atrestal, v. Lex. rom., I, pp. 496-7. ()

2. Mahn, Gedichte, 184. Cf. Giorn. storico della letter. ital., XXXVI, p. 20, n. I, et XXXVIII, p. 148, n. 56. ()

3. Leçon de K, c. 129 (Molt es). ()

4. Leçon de K, c. 120 r. ()

5. Leçon de K, c. 119 r. ()

6. Romania, I, p. 402. ()

7. MONACI, Testi ant. prov., Roma, 1889, col. 82. J’ai sous les yeux le text de K, c. 193 r. ()

8. Cf. Giornale storico, XXXVIII, 141. ()

9. Mon intention étant de donner une leçon de a, et non une édition critique du texte, je m'en tiens à ce ms. quant à la graphie et à la distribntion des strophes. Je me borne à rejeter en note les leçons qui me paraissent sûrement fautives. Je ne crois pas utile de discuter les divergences, vraiment étonnantes, des deux textes : ce sera la tâche du futur éditeur d'Albertet. ()

 

 

 

 

 

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