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Cluzel, Irénée. Princes et troubadours de la maison royale de Barcelone-Aragon. "Boletín de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona", 27 (1957-1958), pp. 321-373.

160,001=180,001- Frederic de Sicilia

 

V
FREDERIC III DE SICILE (1296-1337)

Frédéric de Sicile fut, comme son père Pierre III d'Aragon et son frère Jacques (Ier de Sicile, II d'Aragon), poète en langue d'oc ; comme pour eux, la tradition manuscrite ne nous a conservé qu'un seul témoignage de son talent. Il s'agit d'ailleurs d'un texte incomplet et malheuresement assez corrompu par endroits. C'est un sirventès écrit à l'occasion des événements de 1296-1299 ; on sait que Jacques II d'Aragon, en montant sur le trône de Barcelone, avait nommé son jeune frère, Frédéric, « lieutenant général » du royaume de Sicile (juin 1291). Ce dernier, menacé par Charles II d'Anjou, candidat du Pape Boniface VIII, après s'être fait investir par le parlement sicilien du titre de « Maître de l'Ile » (décembre 1295) se fit couronner roi « con grande e increible aparato » le 25 mai 1296 (1). Jacques II d'Aragon, par le traité d'Agnani (juin 1295), avait abdiqué tous ses droits sur l'île, et s'était même engagé à venir en aide au Saint Siège si les siciliens s'obstinaient dans leur attitude hostile à la Maison d'Anjou ; le roi catalan avait donc nettement pris position contre son frère Frédéric, et s'était rendu à Rome (1297) pour assister au mariage de sa sœur Yolande avec Robert, fils de Charles II d'Anjou, avant d'entreprendre, en août 1298, une expédition punitive contre son cadet. Malgré un succès de Jacques II (juillet 1299), Frédéric tint en échec les troupes de Charles de Valois, et contraignit le Pape et Charles II d'Anjou à signer la paix de Caltabellota (1302), grâce à laquelle le troisième fils de Pierre III d'Aragon, malgré l'hostilité du Saint Siège, de la Maison d'Anjou et de son propre frère, maintenait dans la grande île méditerranéenne la dynastie des Comtes-Rois.

Nous estimons que le sirventès peut avoir été écrit au moment du séjour à Rome de Jacques II. M. Ruggieri (2) le date entre janvier et mars 1296 (couronnement de Frédéric : 25 mars, selon l'érudit italien, p. 219), en se fondant sur le fait que, si Frédéric avait déjà été couronné, il n'aurait pas écrit : « ...del rengn-aver crei che per dreiz me tangna ». Mais cette observation est loin d'être décisive, car, malgré son couronnement, Frédéric n'avait été « reconnu » ni par le Saint Siège ni par les autres monarques. Selon nous, le vers pourrait, au contraire, faire allusion à ce couronnement, dont il proclamerait la légitimité. Nous voyons donc dans le sirventès un « appel aux armes » contre l'expédition punitive de Jacques II d'Aragon (vers 14 et 20, où le mot parens nous semble précisément désigner ce dernier). Dans ces conditions, nous donnerions comme date à la pièce de Frédéric le mois d'août 1298.

Il est vraisemblable que Frédéric a voulu imiter les fameuses coblas de son père Pierre III. Le comte Pons Huc IV d'Ampurias, partisan de Frédéric, répondit au roi de Sicile en l'exhortant à la résistance contre ses adversaires ; Pons Huc fait allusion à l'exemple donné par Pierre III (vers 39).

 

Notes:

(1). Voir sur tout cela : Zurita, Anales..., livres IV et V. Pour quelques dates, nous sommes en désaccord avec M. Ruggieri, La poesia provenzale alla corte di Federico III di Sicilia, « Bollettino, Centro di Studi Filologici e Linguistici Siciliani, I, Palermo, 1953, p. 217 ». En effet, l'érudit italien se réfère à l'ouvrage d'A. de Stefano, Federico III d'Aragona, re de Sicilia, Palermo, 1937, alors que nous nous en tenons soit aux Anales de Zurita, soit à l'ouvrage de M. F. Soldevila. ()

(2). Op. cit., p. 219. ()

 

 

 

 

 

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