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Gouiran, Gérard. L'amour et la guerre. L'œuvre de Bertran de Born. Aix-en-Provence: Université de Provence, 1985.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2012.

080,038- Bertran de Born

 

Première Partie.

LES AMOURS DE BERTRAN DE BORN.

 

Chapitre III
 
L’ARRIVÉE DE GUICHARDE DE BEAUJEU ET CE QUI S’ENSUIVIT.
 

Depuis que Stroński (O. C.) a démontré que l’ignorance de l’auteur des razos était si totale, en ce qui concerne du moins les amours de Bertran, qu’il était allé jusqu’à inventer de toutes pièces le personnage de Maheut de Montignac, il faut bien renoncer à croire à son superbe roman qui lui permettait de lier entre elles cinq des huit poésies amoureuses de Bertran de Born.

Il n’en est pas moins vrai qu’un même personnage figure dans trois de ces chansons, que ce soit sous le nom de Guicharde ou sous le senhal de Meillz-de-Be. En effet, les vers 11-12 de Sel qui camja bon per meillor sont une claire réminiscence des coblas de A ! Lemozin : Bertran demande aux Limousins de se réjouir de l’arrivée de la dame que l’on annonçait comme un événement heureux dans la pièce précédente. C’est sous ce même senhal qu’elle apparaîtra de nouveau parmi les dames auxquelles le troubadour ira emprunter l’un des beaux traits de sa dompna soiseubuda (7, strophe V).

Qui était cette Guiscarda de Beljoc, dont nous parle la razon ? Selon Stroński (Ibid.), c’était la cousine de Guichard IV de Beaujeu et elle fut envoyée en Limousin pour y épouser le futur vicomte de Comborn, mais nous ignorons la date de leur mariage. À ce propos, Clédat (1) fait remarquer que, comme Geoffroy de Vigeois, qui a écrit sa chronique en 1183, ne cite pas Guicharde dans sa généalogie des vicomtes de Comborn, la date du mariage du futur Archambaud VI ne peut se situer qu’après 1183, conclusion que reprend Stroński ; le savant polonais pense que les poésies en l’honneur de Guicharde ont été composées entre 1184 et 1187.

Le raisonnement de Kastner (2) procède d’autres bases : il pense que l’arrivée de Guicharde en Limousin et son mariage ont dû se produire avant l’accession d’Archambaud VI à la vicomte. La preuve en serait la présence de Mieills-de-Ben dans la dompna soiseubuda, poésie écrite, selon lui, avant l’hiver 1182. Mais quelle est l’argumentation qui permet de situer avec précision la date de la composition de cette dernière chanson ? Kastner s’appuie sur la seconde strophe de Ges de disnar (chanson nº2), où Bertran exprime son intention de quitter la Normandie pour aller en Limousin prendre congé de Bel-Senhor et de Bel-Cembelin afin de se vouer désormais entièrement à sa nouvelle dame, la duchesse de Saxe ; puisque Bertran a pris congé de ces dames en 1182, il en découlerait que toute poésie où il parle d’elles ne saurait avoir été composée qu’avant cette date, et donc, la dompna soiseubuda a dû être composée avant Ges de disnar que l’on s’accorde à dater de l’automne ou de l’hiver 1182. C’est vraiment prendre au pied de la lettre une chanson d’amour. J’ai peine à croire que les vers : Per saludar torn entre·ls Lemozis csellas qui ant pretz cabau etc., même s’ils sont peu flatteurs pour les filles du vicomte de Turenne, aient pu interdire au troubadour de les nommer à tout jamais dans ses chansons. Peut-être même faudrait-il remarquer qu’aucune mention de Guicharde n’est faite dans Ges de disnar, ce qui permettrait de supposer qu’elle n’était pas encore arrivée en Limousin.

Ainsi, il semble qu’on puisse admettre 1184 comme terminus a quo des trois chansons, et c’est probablement l’année où furent composées A ! Lemozin, qui annonce son arrivée imminente, et Sel qui camja, où Bertran dit nettement que Guicharde vient d’arriver. En revanche, on ne saurait fixer de terminus ad quem pour la dompna soiseubuda, car cette chanson ne fournit aucune indication de date ; même le Cavalier soiseubut d’Elias de Barjols, qui reconnaît sa dette envers Bertran, ne saurait nous aider, puisque la date de 1191 qu’on a proposée pour sa composition est contestée.

Sans trop s’avancer, on peut dire que ces trois chansons ont été écrites dans l’ordre suivant : – A ! Limosin. – Sel qui camja. – Dompna, puois de mi.

Il est en revanche beaucoup plus délicat de situer la composition de l’escondich (chanson nº6) et du sirventes-canson S’abrils e foillas e flors (chanson nº8). Pour cette dernière pièce, on trouve bien dans le manuscrit F une tornada adressée à Rassa, Geoffroy de Bretagne, mort le 19 août 1186, ce qui fournirait un terminus ad quem, mais ne s’agit-il pas d’une interpolation ?

En fait, les éditeurs ont suivi le chemin de l’auteur des razos, admettant qu’il y avait une continuité dans les pièces amoureuses de Bertran et considérant que chacune d’elles marquait un stade de la dispute, jusqu’à la réconciliation finale. Faute d’éléments permettant de parvenir à des résultats plus scientifiques, il faut bien se satisfaire de l’unité romanesque que gagnent ainsi ces pièces. Au demeurant, si, comme on peut en émettre l’hypothèse, ces chansons représentent un jeu de société plutôt qu’un amour réellement vécu, il y a bien des chances pour que l’ordre indiqué par les razos soit le bon.

J’intercalerai donc, comme l’ont fait les éditeurs précédents, l’escondich entre l’arrivée de Guicharde et la dompna soiseubuda, car le poète me semble plus enjoué dans ses gabs que dans cette dernière poésie, et le cycle des pièces amoureuses s’achèvera avec l’apaisement, sinon la réconciliation de S’abrils e foillas e flors.

 

Nº8 : S’abrils e foillas e flors.

 

Razon

Cette razon se trouve dans trois manuscrits : F (86 vº-88), I (182 vº-183), K (168-168 vº) et dans le Frammento Romegialli (3).

Texte de base : K.

 

1
Bertrans de Born si fo acomjadatz de soa domna, ma
 
domna Maeuz de Montaignac, e no·ill tenc pro sagramenz
 
ni esditz qu’el fezes en comtan ni en chantan q’ela vol-
 
gues creire qu’el non ames Na Giscarda.
5
E si s’en anet en Saintonge vezer ma domna Na Ti-
 
bors de Montausier, q’era de las plus prezadas domnas qe
 
fossen el mon de beutat e de valor e d’enseignamen.
 
Et aquella domna era moller del seignor de Chales e de
 
Berbesil e de Montausier. E·N Bertrans si·l fetz reclam
10
de ma domna Maeutz que l’avia partit de si e no·l volia
 
creire, per sagramen ne per esdich que li fezes, qu’el
 
no volgues ben a Na Guiscarda. E si la preguet qu’ela·l
 
degues recebre per cavallier e per servidor.
 
Ma domna Na Tibors, corn savia domna qu’ella era,
15
si·l respondet enaissi : “Bertran, per la rason que vos
 
si·l respondet enaissi : “Bertran, per la rason que vos
 
etz vengutz sai a mi, eu en son mout alegra e gaia e
 
tenc m’o a grant honor ; e d’autra part, si me desplatz.
 
Ad honor m’o tenc, car vos m’ez vengutz vezer ni preiar
 
qu’eu vos prenda per cavallier e per servidor ; e des-
20
platz me mout si vos avetz faich ni dich so per que
 
ma domna Maeuz vos aia dat comjat ni per que sia irada
 
ab vos. Mas eu son aquella que sai ben corn se cambia
 
tost cors d’amadors e d’amairitz. E si vos non avetz
 
faillit vas ma domna Maeuz, tost en sabrai la vertat
25
e si vos retornerai en la soa gracia, s’enaissi es. E
 
si en vos es lo faillimens, eu ni autra domna no·us deu
 
mais acuillir ni recebre per cavallier ni per servidor.
 
Mas eu farai ben aitan q’eu vos penrai a mantener a far
 
lo concordi entre vos et ella”.
30
Bertrans si tenc mout per pagatz de la responsion
 
de ma domna Na Tibors e promes li qu’el non amara mais
 
autra domna ni servira si non ma domna Na Tibors, si
 
causa er qu’el non pogues recobrar l’amor de ma domna
 
Maeutz. E ma domna Na Tibors promes a·N Bertran, s’ella
35
no·l podia acordar ab ma domna Maeuz, qu’ela·l recebria
 
per cavallier e per servidor.
 
E non anet longa sazos que ma domna Maeuz saup
 
qu’En Bertrans non avia colpa et escoutet los precs
 
qe·ill eron faich per En Bertran, e si·l tornet en
40
gracia de vezer lo e d’auzir sos precs. Et il li comtet
 
e·l dis lo mantenemen qe·ill avia faich ma domna Na
 
Tibors e la promession q’ella avia faicha d’els. Don ma
 
domna Maeuz li dis q’el prezes comjat de ma domna Na
 
Tibors e qe·is fezes absolver las promessions e·lz
45
sagramens que il avian faitz entre lor.
 
Don Bertrans de Born fetz aquest sirventes :
 
“S’abrils e foillas e flors e·ill bel maitin e·il
 
clar ser ...” etc.
 

 

Argument :

Bertran de Born fut congédié par sa dame, madame Maheut de Montignac, et les serments et les protestations d’innocence qu’il faisait en paroles et en chansons ne lui servirent de rien pour qu’elle acceptât de croire qu’il n’était pas amoureux de dame Guicharde.

Il alla alors en Saintonge rendre visite à madame Tibors de Montausier, qui faisait partie des dames les plus estimées qu’il y eût au monde à cause de sa beauté, son mérite et sa culture. Cette dame était la femme du seigneur de Chalais, Barbezieux et Montausier. Bertran se plaignit à elle de madame Maheut qui l’avait repoussé et refusait de croire, en dépit de ses serments et de ses protestations d’innocence, qu’il n’était pas amoureux de madame Guicharde. Il la pria de l’accepter pour chevalier et serviteur.

Madame Tibors, en dame avisée qu’elle était, lui répondit ainsi : “Bertran, la raison qui vous a fait venir ici auprès de moi me remplit de joie et de gaîté, et c’est pour moi un grand honneur, mais, d’autre part, cela me déplaît : c’est un honneur pour moi, car vous êtes venu me rendre visite et me prier de vous prendre pour chevalier et pour serviteur ; et cela me déplaît fort s’il est vrai que vous avez fait ou dit chose pour laquelle madame Maheut vous ait congédié ou se soit mise en colère contre vous. Mais je suis une femme qui sait avec quelle rapidité change le cœur des amants et des amantes. Si vous n’avez pas commis de faute envers madame Maheut, j’en saurai vite le vrai, et je vous ferai rentrer en sa grâce, si c’est le cas. Mais si c’est vous qui êtes le coupable, ni moi ni aucune autre dame ne devons plus vous accepter comme chevalier ou serviteur. Mais je ferai si bien que je vous accorderai mon appui et ferai l’accord entre vous et elle.

Bertran fut très satisfait de la réponse de madame Tibors et lui promit qu’il n’aimerait ni ne servirait jamais d’autre dame que madame Tibors, pour le cas où il ne pourrait recouvrer l’amour de madame Maheut. Et madame Tibors promit à Bertran que, si elle ne parvenait pas à le réconcilier avec madame Maheut, elle l’accepterait pour chevalier et serviteur.

Il ne s’écoula pas beaucoup de temps avant que madame Maheut apprît que Bertran n’était pas coupable et qu’elle écoutât les prières que Bertran lui adressait ; elle lui rendit la grâce de le voir et d’entendre ses prières. Il lui conta et lui dit le soutien qu’il avait reçu de madame Tibors et la promesse qu’elle avait faite à leur sujet. Madame Maheut lui dit de prendre congé de madame Tibors et de se faire délier des serments et des promesses qu’ils avaient échangés.

Sur ce sujet, Bertran de Born composa ce sirventes : “Si avril, les feuilles, les fleurs, les belles matinées et les claires soirées ...”

 

Apparat critique :

1) da F, dopna F, dompna I, Fr : Bertrams de Born si fo acomjadaz per sua domna. 2) dompna Maenza F, Montaingnac I, Fr : Na Maeutz de Montaignac e no·il tenc pro sagramens. 3) ell F, qu’ I, ella F, Fr : ni esdichs q’el feses en contan ni en cantan q’ella lo vol-. 4) q’ F, Guiscarda F, Fr : gues (cre)ire q’il non ames Na Giscarda. 5) Santongne F, dompna FI, Fr : E si s’anet en Sain(ton)ge veser ma domna Gi-. 6) Montasquer IK, qu’ I, plus manque à F, dompnas F, que I, Fr : cho(r)s de Mon-ausier ... las plus pressiadas domnas que. 7) enseingnamen I, Fr : fosen el ... beutat e de vallor e d’eseingnamen e de ortesia e. 8) Ez F, aquesta FI, dompna F, moiller FI, seingnor I, Charles F, Fr : aquesta domna si era moiller ... nor de Chalez e de. 9) Berbesill F, Motauser E B- si·ll fez F, Fr : Berbesil e de Montau (Bertrans) si·l fez reclam. 10) dompna FI, Maenz qe F, Fr : de Na Maeut ... via part(it d)e se per tal ocaison e no·l us ... re. 11) ni p- esditz q’el F, q’ F, Fr : (per esdich ni per) sagramen que·l agues fait. 12) non I, preget q’ella lo F, Fr : volgues ben a·N Giscarda e si lla (pre)guet. 13) cavalier F, Fr : o degues recebre per cavallier e per servidor. 14) dompna F, con F, dompna q’ F, Fr : Na Tibors com savia domna q’ella (era). 15) enaisi Bertrans F, razo qe F, Fr : (si·l re) ... det enaisi Bert(r)ams per la (ra)s(on que) vos. 16) venguz F, mai F, sui molt F, Fr : ... engutz sai a mi ieu en soi mout (ale)g(ra). 17) si·m desplai F, Fr : m’o teing a gran honor e d’au(tra part) me desplaz. 18) me teing qar vos m’est v- vener e p- F, Fr : Ad onor et le frammento s’arrête. 19) q’ F, cavalier F. 20) molt F, avez F, ditz F, qe F. 21) dompna FI, Maenz F, qe F. 22) con F, sui aqella qe F. 23) cor en amador e en a- F, amaritz I, si manque à F. 24) faillitz F, dompna FI, Maenz F, sabria F. 25) retornara F, seua gratia F, s’enaissi es manque à F. 26) faillimentz F, dompna no vos deu F, no·s I, vos K. 27) acoillir F, cavaler F. 28) qu’ I, ponrai F, penra K, manticier et a far F. 30) molt F. 31) dompna FI, q’el no F. 32) dompna F, ni servira manque à F, servirai I, no ma dompna F. 33) cosa era q’el no F,  l’amor manque à F, dompna F. 34) Maens F, Maeuz I, dompna F, qe s’ F. 35) con soa dompna F, q’ella lo F. 36) cavalier F. 37) sazo IK, qe ma dopna Maenz F, dompna I, sap I. 38) qe B- F, Bertran IK. 39) qi ll’ F, que·ill I, em Bertran de Born s- F. 40) Ez el d- F. 41) dis e contet lo mantinemen F, que·ill I, fait de ma dompna F. 42) ella promission F, qu’ela I, fait ad el F. 43) domna manque à F, Maenz F, del pretz et c- IK, dona F, dompna I. 44) qe·s F, que·is I, absolvere l- promissios e·ls F. 45) sagraminz F, après sagramens, IK ajoutent : assatz don es, qe ill F, faich I. 46) fez aqest sirventes F, qui s’arrête là. 47) après flors, I ajoute : etc. et s’arrête.

 

On trouve dans F un paragraphe supplémentaire :

1
E si recordet lo socors q’anet a domandar a ma dompna Na
 
Tibors e l’acoillimen q’ella li fez dinz son repaire en una
 
cobla qe dis : “Dompna, s’ieu qezi socors”. Ez en las autras
 
coblas blasmet los rics baros qe, ses donar, per paor, vo-
5
lian prez aver e q’om non auzes retraire los mals qe ill
 
fazian ; ez autres qe basten volian se far parer rics, au-
 
tres per tener cans et austors ; ez autres per guerreiar,
 
laisson joi e joven et amor ; los autres per los granz ga-
 
zanz qe fazian als torniamenz on raubaven los paubres ca-
10
valers e laissavan los granz faitz d’onor. E d’aqestas
  razos fez aqest sirventes.

 

 
Traduction :

Et il rappela le secours qu’il était allé demander à madame Tibors et l’accueil qu’elle lui fit chez elle, dans une strophe qui disait : “Madame, si j’ai cherché du secours”. Et dans les autres strophes, il blâma les puissants barons qui, sans faire de don, en inspirant de la peur, voulaient qu’on les estimât et qu’on n’osât pas leur reprocher les méfaits qu’ils commettaient ; d’autres, qui se donnaient l’allure de puissants barons en bâtissant, d’autres, en ayant des chiens et des autours ; d’autres qui, pour faire la guerre, abandonnent la joie, la jeunesse et l’amour ; les autres, à cause des grands gains qu’ils tiraient des tournois où ils dépouillaient les pauvres chevaliers et parce qu’ils abandonnaient les grandes actions d’honneur.

Et sur ces sujets, il composa ce sirventes.

 

Variantes :

1) anent. 2) acoillime. 3) q’el. 4) lo. 8) Un mot manque entre granz et qe.

 

Chanson

Texte de base :

B pour les six premières strophes.

C pour les strophes 7 et 8 et les envois e et e’, ainsi que pour la disposition des strophes. 

 

Disposition des strophes :

C
1
2
3
4
5
6
7
8
e
e’
 
F
1
2
3
4
5
6
7
8
e
e’’
e’
UVa
1
2
3
4
6
5
7
8
e’
e
 
ABDIK
1
2
3
6
4
5
-
-
-
-
 
N
1
2
3
6
4
-
-
-
-
-
 
R
1
2
3
7
4
5
6
8
E
-
 

 

Les vers 31 et 57 manquent à C, où les vers 61 et 63 paraissent intervertis, et le vers 58 manque à F.

On peut distinguer quatre ensembles : AB, IKN, UVa et CFR que l’on peut regrouper assez grossièrement en deux familles : ABDIKN (vv. 4, 8, 11, 18, 21, 25, 28, 36, 38 et 44) et CFRUVa (vv. 4, 8, 11, 13, 18, 21, 25 et 38), ce que confirme la composition strophique des textes des divers manuscrits ; on peut déjà se rendre compte que les liens qui unissent ABDIKN sont plus étroits que ceux qui lient CFRUVa.

Dans la première famille, il n’est pas aisé de savoir si D se rapproche davantage de AB, comme on pourrait le penser d’après les vers 13, 49 et 51, ou de IKN (vv. 6, 22 et 53).

Le groupe UVa se distingue fréquemment des autres manuscrits (vv. 2, 4, 6, 8, 31, 40, 44, 47, 48, 52, 53, 54, 58, 60, 61, 62, 67, 69, 74, 85 et 88) ; les rapports les plus étroits y unissent UV (vv. 3, 7, 9, 14, 28, 30, 31, 34, 41, 42, 53, 63, 64, 67, 75, 77, 79, 80, 83, 84, 89, 92, 94, 95 et 96). Il arrive que le groupe UVa indique des leçons qui lui sont communes avec des membres de la première famille, comme AB (v. 22), mais les rencontres sont plus ordinaires avec le groupe CFR, soit qu’on trouve des lectures communes à UVa-CFR, soit que la jonction ne se fasse qu’avec tel ou tel des membres de ce groupe : UVa-CF (vv. 6 et 37), UVa-C (v. 37), UVa-F (vv. 36 et 70) ou UVa-R (vv. 42 et 66). Le groupe peut aussi se réduire à UV : UV-CFR (v. 23), UV-C (v. 27), UV-F (v. 35) ou UV-R (v. 8).

Le comportement du copiste de a est plus difficile à cerner : la plupart du temps, il suit UV, mais on peut le rencontrer avec des membres de la première famille : DIK-a (v. 53) et surtout avec l’ensemble CFR : CFR-a (vv. 3 et 30), CF-a (v. 77), CR-a (v. 94), F-a (v. 47) ou R-a (v. 30).

Le dernier groupe CFR forme un ensemble assez solide (v. 28, 42, 67 et 81), même s’il arrive que ses composantes ne se réunissent que deux à deux : CF (vv. 24, 38, 42, 69 et 75), CR (vv. 36, 47, 48, 50, 64, 69 et 70) et FR (vv. 21, 35, 39, 41 et 44). Il n’est pas rare enfin que se produisent des conjonctions avec la première famille : CR-AB (v. 53), CR-DIK (v. 22), CF-A (v. 29), FR-IK (v. 52), FR-ABDIKN (v. 37).

 

Notes:

(1Du Rôle Historique ... p. 63. ()

(2O. C., M. L. R. nº27, 1932, p. 402. ()

(3) Pio Rajna, Romania, t. L, p. 238 sq. ()

 

 

 

 

 

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