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Gouiran, Gérard. L'amour et la guerre. L'œuvre de Bertran de Born. Aix-en-Provence: Université de Provence, 1985.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2012.

080,004- Bertran de Born

 

Deuxième Partie.
 
LA GUERRE ET LA DISCORDE.

 

Chapitre IV.
 
LA TROISIEME CROISADE.
 

Tandis que Plantagenêts et Capétiens se disputaient quelques châteaux du Vexin et du Berry, des événements d’une autre portée se déroulaient en Orient. Dans la première semaine du mois de juillet 1187, la bataille des Cornes de Hattîn, près de Tibériade, où se heurtaient les troupes de Saladin et les soldats chrétiens de Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, s’achevait par la déroute des chrétiens. Les Génois écrivaient au pape Urbain III : Tekedinus, Saladinis nepos, Guidonem regem Jerusalem fugam arripientem, et crucem ligni Dominici cepit (Gesta, t. II, p. 11).

Les cités de Terre sainte ne résistèrent guère : la citadelle de Jérusalem tomba pendant les premiers jours d’octobre et le 11 novembre, Saladin mettait pour la seconde fois le siège devant Tyr où s’était enfermé Conrad de Montferrat.

C’est probablement d’abord sous la forme d’une rumeur que la nouvelle du désastre parvint en Occident. Richard l’apprit à la fin du mois d’octobre et, sans hésiter, il reçut la croix des mains de l’archevêque de la ville de Tours, où il se trouvait alors.

Il était le premier des grands princes à se croiser ; les autres montrèrent moins de zèle.

Pourtant, la situation demandait une intervention urgente, et Conrad de Montferrat, entre les deux sièges de Tyr (1), avait envoyé l’évêque même de la ville, dans l’espoir qu’on organiserait rapidement une croisade de secours.

C’était un personnage bien extraordinaire que ce Conrad de Montferrat, dont le père, le marquis Guillaume, venait d’être capturé à la bataille de Hattîn. Fuyant Constantinople, il arriva en vue des côtes de Terre sainte tout juste après la débâcle, et peu s’en fallut qu’il ne tombât entre les mains des vainqueurs lorsque son bateau toucha au port d’Acre. Il comprit à temps la situation et fit voile vers Tyr où il trouva une foule de soldats échappés de la bataille auxquels il fournit le chef qu’ils avaient perdu.

Quand Saladin, repoussé une première fois à la mi-août 1187, revint mettre le siège devant la ville, les chrétiens avaient oublié leur panique et leur résistance fut si vigoureuse que le sultan renonça dans les premiers jours de 1188.

Quand l’évêque Josse rejoignit les souverains de France et d’Angleterre à la mi-janvier, ils se trouvaient près de Gisors dans l’une de leurs sempiternelles conférences. Il leur annonça la chute de la ville sainte, ce qui n’était plus une nouvelle, et il est probable qu’il leur fit part, comme d’un exemple pour eux aussi bien que pour leur entourage, de la conduite de Conrad de Montferrat, qu’il avait laissé dans une situation difficile, sinon critique.

Devant leurs barons, Henri II et Philippe n’avaient pas le choix : les deux rois prirent la croix en même temps que les plus grands princes, le duc de Bourgogne et les comtes de Flandre et de Champagne.

Le fait que la dîme saladine ait été promptement levée ne doit pas faire croire que ces souverains envisageaient un rapide départ. Henri II, qui avait témoigné son émotion (chagrin ou colère ?) à la nouvelle que son fils s’était croisé, a été accusé d’avoir lui-même suscité les troubles qui rappelèrent Richard en Aquitaine. Geoffroy de Lusignan aurait ainsi reçu de l’argent du vieux roi pour se soulever (Roger de Wendover, O. C. p. 144).

À partir de là, les guerres entre Henri II, Richard et Philippe ne cesseront plus avant la mort du vieux roi à l’été 1189 et la croisade semble rejetée à l’arrière-plan. En fait, ce n’est pas entièrement exact et cette préoccupation ne laisse pas en repos l’esprit des contemporains, si bien que, lorsque les barons du roi de France refusent de combattre les troupes anglo-normandes, ils n’allèguent évidemment pas les sterlings que Bertran les accuse d’avoir reçus, mais leur refus d’un combat entre chrétiens en un pareil moment : dicentes quod nunquam arma gestarent contra christianos, donec redierint de perigrinatione sua Jerosolimitana (R. de Howeden, O. C. t. 343).

Après la conférence du 22 juillet où Richard et Philippe réglèrent momentanément les problèmes en suspens, rien ne s’opposait plus aux préparatifs de la croisade. Ils furent pourtant encore bien longs : Richard devait se faire couronner et il avait besoin de temps pour prendre en main son royaume, si bien que le roi de France lui dépêcha en novembre Rotrou du Perche pour le convoquer au rassemblement général de Vézelay, prévu pour le 1er avril 1190. Vers la mi-décembre, Richard regagna le continent et passa la Noël en Normandie : trois rencontres réunirent les deux rois et la dernière coïncida le 15 mars 1190 avec la mort de la reine de France. On remit au 24 juin le grand rassemblement de Vézelay et Richard profita de ce délai pour mettre de l’ordre dans ses domaines continentaux. Il n’arriva à Vézelay que le 3 juillet. De là, les deux rois gagnèrent Lyon où leurs routes divergeaient : Philippe partit pour Gênes où une maladie l’immobilisa ; Richard se rendit à Marseille pour y attendre sa flotte, mais il perdit patience et rallia sans elle la Sicile où il retrouva Philippe. Après bien des péripéties, un traité fut signé qui devait apurer l’éternel contentieux.

Philippe quitta la Sicile le 30 mars 1191 et aborda devant Acre le 20 avril tandis que Richard, parti le 10 avril, mais qui prit encore le temps de conquérir Chypre et de s’y marier, ne devait atteindre la Terre sainte que le 8 juin 1191.

Il y avait presque quatre ans que Jérusalem était tombée et que Conrad de Montferrat attendait des secours.

 

Nº 34 : Ara sai eu de prez qals l’a plus gran.

 

Dans la chanson nº33, Conon de Béthune proclamait : Dieus est assis en son saint iretaige ; Ore i parra con cil le secorront Cui il jeta de la prison ombraje (vv. 17-19) et il répétait : Or i parra ki a certes iert preus (v. 42).

Bertran semble avoir répondu à cette question ou à ce défi dans la version de notre chanson qui se trouve dans le manuscrit M et doit être une première version de la chanson : Ara parra de prez qals l’a plus gran, avant de célébrer Conrad de Montferrat.

La ferveur et la foi en l’imminence du départ qui le dominent montrent que Conon a composé son texte tout de suite après la prise de croix de janvier 1188. Avec le temps, le sentiment général dut bien changer lorsqu’on vit les croisés préférer leurs querelles ordinaires au départ pour l’Orient.

Dans la version de la chanson de croisade figurant dans le manuscrit M, une indication nous est donnée par la strophe III où Bertran explique : E·l reis franceis vai si trop apriman Es ai paor qe veinha sobre mi (vv. 17’-18’). Quel que soit le sens du verbe apriman, le vers 18’ est clair : Bertran redoute une attaque du roi de France. La chanson a donc été composée dans une période où Philippe menaçait l’Aquitaine et où il s’opposait à son duc, c’est-à-dire entre le mois de février où Richard agressa Raimon de Toulouse, vassal de Philippe Auguste, et le 18 novembre, moment où le duc d’Aquitaine abandonna son père pour embrasser la cause du roi de France.

Or, selon les Gesta, pendant la première période du conflit entre Richard et Raimon, celui-ci aurait envoyé les deux chevaliers qu’il avait capturés auprès du roi de France qui ad partes illas accesserat pro pace facienda inter comitem Ricardum et comitem de Sancto Aegidio (t. II, p. 35) et qui se retira vers le nord quand il comprit l’inutilité de sa médiation.

Ainsi s’éclairent les craintes de Bertran : comme Richard attaquait le Quercy, on pouvait penser que Philippe allait riposter par une invasion du domaine de Richard. La riposte fut effective, mais Philippe préféra s’en prendre aux villes berrichonnes d’Henri II, tenu pour responsable des actes de son fils, alors qu’il n’en pouvait mais et se trouvait en Angleterre.

Bertran a donc probablement composé cette chanson au moment où Philippe remontait des marches du comté de Toulouse au centre de la France, à la fin du printemps 1188.

Le troubadour a souligné le lien qui unit sa chanson à celle de Conon de Béthune par un envoi, adressé au trouvère picard désigné par le senhal de Mon Ysombart, qui censure l’attitude des rois croisés qui ne remplissent pas leur vœu. Conon avait prononcé une condamnation identique : A teus croisiés sera Dieus mout soffrans Se ne s’en venge a peu de demorance (Ibid. vv. 31-32, pp. 8-9) et sa critique s’était même précisée : Ne ja por nul desirier Ne remanrai chi avoc ces tirans, Ki sont croisiet a loier Por dismer clers et borgois et serjans ; Plus en croisa covoitiés ke creance (vv. 25-29). Il est vrai que ce n’était là que l’expression de la vox populi, comme le montrent ces prises de position de Gaucelm Faidit : E quar estauc, que ades no m’empenh Ves Suria, Dieus sap perque m’ave Que ma domna, e·l rey engles mi te ; L’us per amor, e l’autre per pauc faire Del gran secors que m’avia en coven (éd. Mouzat, nº54, vv. 33-37) et de Peirol : E prec Dieu Jhesu que·m guit E que trameta breumen Entre·ls reys acordamen Que·l secors va trop tarzan Et auria mestier gran Que·l marques valens e pros N’agues mais de companhos ; Peirol est apostrophé à la fin de sa tenson par l’Amour qui lui demande : Iretz vos, e·l rey no·i van ? Veiatz las guerres que fan ; Et esguardatz dels baros Cossi trobon ochaizos (éd. Aston, nº21, str. IV et V). Une telle indignation est bien logique : à la fin du printemps 1188, on pouvait comprendre que l’affaire toulousaine allait relancer la guerre en Occident.

Pour conclure sur la version de M, il faut remarquer qu’elle est précédée par deux strophes adressées au jongleur Fuilheta, à qui la chanson est confiée, quoiqu’il ne soit pas le jongleur attitré de Bertran, et ce n’est que grâce à cette adjonction que l’on obtient l’ensemble de cinq strophes qui donne la longueur à peu près nécessaire pour une chanson (cf. chanson nº42).

Du point de vue de sa structure, la version proposée par les chansonniers DcFIKd est fort différente. Confiée à Papiol comme un grand nombre de poésies de Bertran, la chanson ne contient évidemment plus les strophes adressées à Fuilheta. La strophe qui exprimait les craintes de Bertran sur une invasion de l’Aquitaine en a également disparu alors que trois nouvelles coblas s’ajoutent aux deux premières de la version M pour exalter Conrad de Montferrat à qui est désormais consacré l’ensemble de la pièce, tornadas comprises. Le rapport avec Conon de Béthune, qui n’est plus mentionné dans les envois, s’estompe et le premier vers cesse de faire écho à sa chanson. Alors que les formules Ore i parra comme Ara parra laissaient aux barons occidentaux la possibilité de montrer leur valeur, désormais, tout est consommé et Bertran peut proclamer : Ara sai eu de prez qals l’a plus gran.

Les deux strophes que le troubadour a conservées de sa première composition ont été remaniées pour être actualisées. Ainsi, dans M, Bertran, qui ne semble jamais avoir eu l’intention de se croiser, prétextait l’inutilité de son engagement : Mas laissei m’en, qan vi qe li plus gran Si croiçavan, li rei e li primsi (vv. 10-11), ce qui renvoie évidemment à l’émulation de la cérémonie de janvier 1188. Cette argumentation est hors de saison désormais, puisque li rei e li primsi ne partent précisément pas. Le troubadour en est quitte pour un beau retournement : il a renoncé à partir qar s’anavan tardan Li comt’e·ill duc, li rei e li princi (vv. 10-11). À la superfluité de son départ, Bertran ajoutait une autre raison : Pueis vi midons bella e bloia, Per qe mos cors mi vai afreollan (vv. 12-13), et, bien entendu, cette raison était donnée au présent puisque le poète, croyant encore à l’iminence du départ, devait expliquer son attitude du moment. Dans la seconde version, Bertran n’en est plus à expliquer pourquoi il ne part pas, mais quels sont les motifs qui l’ont retenu autrefois : Pois vi midonz bell’e bloia, Per qe s’anet mos cors afebleian (vv. 12-13) ; il emploie en conséquence le passé anet. On notera au passage que, dans M, le thème de la condamnation des croisés est encore discret et n’éclate que dans l’envoi : dans la seconde version, au contraire, il s’impose dans les strophes II, III et IV.

Le vers 14 fournit un indice encore plus précis. Dans l’esquisse, Bertran écrivait : Lai for’ab vos, s’ieu en saupes aitan, formule très générale, proche de la cheville. Dans le texte définitif, le troubadour précise : Q’eu fora lai ben ha passat un an ; c’est dire que nous nous trouvons bien plus d’une année après le moment où Bertran a pensé partir, et donc au moins au début de 1189. En fait, le vers 18 qui parle du rei Richart nous prouve que le comte de Poitiers a succédé à son père, ce qui nous place au moins en juillet 1189, sinon même après le sacre du 3 septembre.

Cependant, dans la strophe III, Bertran explique sans détour que les deux rois se méfient l’un de l’autre, ce qui ne correspond guère à ce que nous savons de cette période où, selon Guillaume le Breton, Richard sublimatus constans in amore Philippi mansit, eum tanquam dominum reverenter habendo ; pace ligante bona gemini commercia regni (Philippide, t. II, p. 95, vv. 3-5).

En outre, il est difficile de savoir à quel moment les deux rois ont pu donner à leurs contemporains l’impression qu’ils temporisaient à cause de leur méfiance réciproque. Faut-il voir ici une allusion à la mission de Rotrou qui semble traduire une certaine impatience de Philippe en novembre 1189 ou doit-on penser que la succession des réunions préparatoires de l’hiver 1189-1190 inquiétait l’opinion ? Ce serait placer bien tard la composition de la chanson, puisque, à ce  moment-là, c’étaient deux années qui achevaient de s’écouler depuis que les rois s’étaient croisés.

Il faudra donc se contenter d’affirmer que cette chanson de croisade a été remaniée entre juillet 1189 et janvier 1190, mais ce ne fut peut-être pas le seul remaniement qu’elle subit.

Après les dures critiques des strophes I à IV, le ton change brutalement et presque sans transition : les rois vont partir, l’un d’eux s’embarque déjà. Il est certain que ogan (v. 8) désigne l’année 1190, mais le contenu de la strophe est obscur : Richard passera, tandis que Philippe en mar poia ab autres reis ; de plus ces nouvelles sont récentes et mal assurées, puisque la tornada émet une restriction : Si·ll rei no·m van bauzan (v. 48).

S’il n’est pas de période, hormis le départ de Sicile, que le vers 48 me porte à exclure, où ait existé la situation décrite par Bertran, les faits n’en auraient pas moins dû se dérouler comme il le dit. Quand les deux rois se séparèrent à Lyon, Philippe se rendit à Gênes où il devait s’embarquer immédiatement, tandis que Richard partit pour Marseille où il devait attendre sa flotte personnelle, en train de contourner la péninsule ibérique. Le sort en disposa autrement : Richard, lassé d’attendre en vain, s’embarqua et suivit la côte d’Italie ; lorsqu’il aborda à Gênes, Philippe s’y trouvait encore, retenu par la maladie.

Ainsi donc, il semble que Bertran a composé cette strophe en fonction de l’itinéraire prévu – encore qu’on ne trouve trace nulle part de ces rois qui doivent, au dire du troubadour, accompagner Philippe, mais il faut peut-être faire la part de la propagande –, toutefois, dès que les croisés s’éloignèrent, Bertran perdit probablement tout contact avec eux et dut se fier à des rumeurs de moins en moins contrôlées.

Cette strophe paraît donc avoir été rajoutée aux environs du rassemblement général de Vézelay, le 4 juillet 1190.

Une dernière indication figure dans la tornada où Bertran parle du rei Conrat : on sait que le marquis ne régna officiellement que quelques jours avant sa mort le 28 avril 1192, mais ses contemporains ont pu penser autrement ; Conrad lui-même se considérait comme le souverain du royaume lorsque Guy de Lusignan était captif. Celui-ci n’était d’ailleurs que prince consort, et, à la mort de la reine Sibylle, Conrad s’empressa d’épouser Isabelle, l’héritière du royaume de Jérusalem, le 24 novembre 1190.

Par conséquent, les partisans du marquis avaient bien des raisons de lui accorder ce titre de roi et il ne saurait nous aider à préciser la date de composition de cette chanson de croisade.

 

Chanson

Texte de base : F.

Disposition des strophes :

FIKd
1
2
3
4
5
6
-
e
e’
e’’
 
Dc
1
2
-
-
-
-
-
-
-
-
 
M
1
2
-
-
-
-
7
-
-
-
e’’’

 

À la suite de deux coblas adressées au jongleur Fuilheta, on trouve trois strophes et un envoi de cette chanson dans M : deux de ces strophes seulement figurent dans les autres manuscrits. De plus, le texte de M présente souvent des leçons différentes de celles de DcFIKd (vv. 1, 6, 7, 11 et 13).

Il faut noter que F s’accorde avec DcM au vers 4 pour lire : a sur (IKd : an Sur) et au vers 12 : bloia (IKd : bona). Au vers 9, Dc et F semblent avoir réuni les deux traditions en écrivant : a Sur, so (Dc : sso) vos afi (Dc : affi) alors que M indique : ab vos, so vos afi et IKd ; an Sur de Saladi.

On peut encore noter que, dans les deux strophes que possède Dc, le texte de ce manuscrit ressemble parfois à celui de F. Ils lisent au vers 8 : Seigner (F) et Seingner (Dc), alors qu’on rencontre Meser dans IKd et Mesiers dans M. Au vers 10, on lit dans DcF : qar s’anavon (F : anavan) tardan, au lieu de quar se tarzaven tan (IKd) et qan vi qe li plus gran (M).

Rares sont les différences entre I, K et d, même si K semble plus proche de d (vv. 37, 38 et 41) que de I (v. 42).

 

Notes:

(1) Peter Hölzle : Die Kreuzzüge in der okzitanischen und deutschen Lyrik des 12. Jahrhunderts, p. 346. ()

 

 

 

 

 

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