Troisième Partie.

 

LES DIVERS ABOUTISSEMENTS DE LA POESIE MORALE.

 

Chapitre II

 

LA POESIE SATIRIQUE.

Contre des jongleurs

 

Nº 41 : Fuilhetas, ges autres vergiers.

 

Que Bertran ait imité la structure de la chanson de Raïmbaut d’Aurenga Als durs crus cozens lauzengiers (P. C. 389. 5) ne nous aide pas à savoir quand il a composé son sirventés. Tout au plus pouvons-nous nous appuyer sur le vers 16 pour tenter de trouver une date approximative.

Si cet Archambaut, qi nasqet derriers, est bien, comme on peut le supposer, Archambaut VI de Comborn, le mari de Guicharde de Beaujeu, c’est à lui qu’un autre personnage du même nom à tout laissé.

Selon Stroński (Légende, p. 40), Archambaut V, qui figure encore dans des actes au mois de mai 1184, n’était plus de ce monde en 1187. Il avait eu trois enfants : Hélias, Archambaut et Assaillit. Hélias, toujours nommé le premier des fils, était sans doute l’aîné : il est même appelé vicomte dans un acte de 1179 ; mais il n’est plus mentionné après 1184. Enfin, dans un acte de 1187 où Archambaut et Assaillit font une donation en mémoire de leur père, le premier reçoit le titre de vicomte et il n’est plus question d’Hélias, sans doute mort avant son père.

Si le texte du sirventés fait allusion, par o ha tot laissat, à l’avènement d’Archambaut VI à la vicomté, cette poésie a donc été composée entre 1184 et 1187. Cette datation n’est pas démentie par l’époque où a été composée l’autre chanson confiée à Fuilheta (nº34 et 42).