§ II.
Couplets d’Hugo de Maensac et de Peire Cardinal.
Le nom de Peire Cardinal, qui donne à ces deux couplets un certain intérêt, ne nous aide guère à les dater. Ce troubadour, quoique l’un des plus célèbres, est l’un de ceux dont la vie est le moins connue. Nous savons par son biographe qu’il fut accueilli à la cour du roi d’Aragon, Jacques Ier, ce qui n’est pas un renseignement bien précis, ce roi ayant occupé le trône pendant plus de 60 ans (1213-1276); nous savons par la même source qu’il mourut âgé d’environ cent ans. Enfin, quelques unes de ses pièces nous le montrent contemporain de la croisade albigeoise, ce qui pouvait déjà se déduire des indications fournies par la biographie. Je n’oserais, comme l’a fait Diez (L. u. W, p. 446), restreindre sa carrière poètiqueaux années 1210-1230 environ, mais je ne crois pas qu’on puisse l’étendre au-delà du milieu du XIIIe siècle. Quant à Hugo de Maensac, ou Moensac selon la leçon, assurément fautive, du ms., il est demeuré jusqu’à ce jour totalement inconnu (1). Son couplet et la réponse de Peire Cardinal, en tout 12 vers, offrent plusieurs passages obscurs, ce qui tient, pour une part, à la corruption du texte, et pour une autre, à l’emploi de mots ou de métaphores dont on n’a point, jusqu’ici, noté d’exemples. Néanmoins, le sens général est assez clair. Hugo se vante des cadeaux qu’il a reçus des dames, mais Cardinal lui fait voir combien ces dons sont peu de chose en comparaison des faveurs que d’autres obtiennent.
Notes :
1. Il y eut un Peire de Maensac qui a sa biographie dans les mss. 854-12473 (Parn. occ., p. 304). Ces mêmes mss. lui attribuent deux pièces qui lui sont disputées par d’autres troubadours. (↑)