§XXII
Coblas replicativas.
Ces deux pièces, anonymes l’une et l’autre, mais, à en juger par leur facture, probablement du même auteur, offrent une variété de la replicatio que les Leys d’amors, malgré leurs minutieuses distinctions, n’ont pas spécifiée (III, 52-68, cf. I, 248) (1). Il s’agit ici de couplets où la replicatio est produite par le retour fréquent du même mot ou de mots ayant le même radical. Clar et flama, avec leurs dérivés, règnent, l’un dans la première pièce, l’autre dans la seconde. La littérature des troubadours offre quelques autres exemples de ce genre d’allitération. Raimon de Miraval a fait une pièce où chaque couplet reproduit un certain mot à chaque vers. Cette pièce est en même temps capfinida en ce que le mot répété est celui qui termine le couplet précédent (2). Dans une pièce de Guilhem Ademar, troubadour qui nous a laissé plusieurs spécimens de son savoir-faire en ce genre, le mot choisi est répété deux fois par vers :
Comensamen comensarai
Comensan pus comensar sai (
3).
La même recherche se retrouve dans une pièce de Lanfranc Cigala :
Joios d’amor farai de joi senblant,
Celan mon joi joios cortezamen,
Et als joios amans joiozamen
Fai prec joios que del joi qu’eu ai gran
Enfin on peut encore citer la cobla :
A Lunel lutz una luna lusens
Que dona lum sobre totas lausors.... (
5)
Rien dans ces deux pièces ne permet de conjecturer ni le nom ni la patrie de l’auteur. Leur époque tardive se décèle par certains mots qu’on ne rencontrerait pas à l’époque classique ; par ex. yolia (pour jolia) XXII, 2, 18.
Notes :
1. Voir pour les renseignements généraux sur ces jeux de mots Diez, Poesie der Troub. p. 101-2 (p. 104-5 de la traduction). (↑)
2. Ch. V, 392 ; Mahn W. II, 132 ; — Z p. 136. Le mot du premier couplet est agradar, du second dezir, du troisième auzir, du quatrième virar, du cinquième dir, du sixième servir. (↑)
3. D’après B. Se trouve dans A 103, B 162, D 142, G 68, H 178, I 247, W 77. (↑)
4. A 92 (G. 584). (↑)
5. Bartsch, Denkm. p. 40, d’après H. Se trouve encore dans O, cette fois sous le nom de Guilhem de Montanhagol. (↑)