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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour. Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

181,001=156,001- Graf von Biandrate

 

On ignore lequel des comtes de Biandrate dont parlait Nicolet de Turin intervient dans un échange de coblas avec Falquet de Romans à une date placée avant 1226 par V. de Bartholomaeis, c’est-à-dire, dans son esprit, avant le retour de Falquet en Provence, Poesie prov. stor., II, 48. En effet, si Guilhem de La Tor participe à une tenson avec un N’Iberz ou Imberz, on ne saurait en conclure que le comte de Biandrate qui s’intéressait à la poésie était Hubert plutôt que Geoffroy. On notera pour mémoire l’intéressante, mais indémontrable hypothèse de F. Torraca qui (à cause du mot guida de la réplique de Falquet ?) voudrait identifier notre comte avec Guido de Biandrate. Celui-ci, suppose-t-il, aurait pu se rendre à Capoue en 1227, pour demander la permission de réédifier le château ancestral, Studi su la lirica italiana del Duecento, Bologne 1902, 281-282.

C. Appel pense que l’ordre des coblas a été modifié, Literaturblatt XVII, 1896, 169. Comme le poème dont les interlocuteurs ont repris la forme : Atressi cum la candela s’ouvre par une comparaison, il est logique que celui qui commence l’échange des coblas le fasse avec une image, plutôt que celui qui lui répond. De plus, en inversant les strophes, on comprend que le el énigmatique du premier vers du comte est le même personnage que Falquet désigne par tal, alors que dans l’ordre du ms. les coblas semblent n’avoir entre elles aucune relation.

Cela ne nous révèle pas pour autant l’identité de cet el ou tal, sur laquelle Zenker ne s’est pas interrogé outre mesure, tout en reconnaissant que l’incognito du mystérieux personnage ôte à la pièce l’essentiel de son intérêt, éd. cit., 28. V. de Bartholomaeis s’est avancé, avec beaucoup de prudence, jusqu’à dire : “un personaggio in cui non siam ben sicuri se abbia realmente da ravvisarsi Federico II”, La Poesia provenzale in Italia ne’ secoli XII e XIII, Florence 1930, 43. Mais il reconnaît un an plus tard que le tale peut être Biandrate lui-même, Poesie prov. stor., II, 48 note.

C. Appel s’appuie indéniablement sur des motifs solides, mais, à notre avis, d’autres raisons empêchent de le suivre. Il paraît, en effet, difficile de mettre en cause les nettes indications dont le copiste de H accompagne les deux coblas. Puisqu’il savait que l’un des deux interlocuteurs était le comte de Biandrate, alors que cela ne ressort pas du texte lui-même, on est porté à lui faire confiance en ce qui concerne l’ordre de succession des strophes. D’autre part, l’argument d’Appel serait déterminant pour une pièce de vers formant un tout, comme un sirventés, mais il peut en aller autrement pour un échange de coblas, où, serait-on tenté de dire, chaque interlocuteur peut composer sa strophe comme si elle était une ouverture. Dès lors que le comte n’utilisait pas de comparaison pour commencer la sienne, et rien ne le contraignait à le faire, il laissait à Falquet la possibilité d’utiliser ce procédé.

La meilleure solution consiste alors à corriger le qel du v. 1 du ms. unique en qe, ce qui fait de Falkez le sujet des verbes du premier vers. C’est ce qu’ont proposé, indépendamment l’un de l’autre, semble-t-il, A. Jeanroy, Annales du Midi XXVII, 1915, 207, et K. Lewent, Literaturblatt XXXVI, 1915, 353. À la même époque, G. Bertoni, qui garde qel et fait de Falkez un mot mis en apostrophe, conjecture cependant que le comte fait allusion, s’adressant à Falquet, à Falquet lui-même, et que ce dernier le paie de la même monnaie, et il rappelle que la situation et le thème étaient traditionnels, comme cela ressort de l’échange entre Peire Vidal et le marquis Lancia et, à certains égards, de l’échange entre Raimbaut de Vaqueiras et le marquis Malaspina, I Trov. d It., 515. Ainsi tout s’éclaire : si le comte peut railler cruellement le troubadour, la réciproque n’est évidemment pas vraie et Falquet doit se contenter de désigner le comte par l’indéfini tal.

 

Dans les coblas qui nous sont transmises, certains vers n’ont pas le même nombre de syllabes que leurs correspondants de l’autre strophe. Ainsi le v. 5 compte huit pieds (sept en 16), le v. 7 sept (six en 18), le v. 8 six (huit en 19) et le v. 10 sept (huit en 21). Une telle situation appelle des corrections et I. Frank indique un schéma où ne figurent que des heptasyllabes, Rép. Métr. type 750, nº 1, tandis que G. Bertoni propose des amendements qui font des vers 7 et 8 de chaque strophe des hexasyllabes, op. cit., 260.

En fait, ces coblas empruntent le schéma métrique d’une chanson de Peire Raimon de Tolosa, et même les rimes de certaines strophes (I, VI, tornada), comme l’indique Zenker dans son édition, 88-89, ce que confirme A. Cavaliere dans son édition de Peire Raimon de Tolosa, 20. Zenker a donc très probablement raison de penser que le septième vers de chaque strophe est un pentasyllabe, comme dans les six strophes d’Atressi cum la candela de Peire Raimon. C’est donc en ce sens que doivent aller les corrections indispensables.

Le schéma à admettre est en conséquence :

a
b
b
c
d
d
e
e
d
d
e
7’
7
7
7’
7
7
5’
7’
7
7
7’

 

 

 

 

 

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