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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour. Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

156,I- Falquet de Romans

 

Cette pièce, généralement désignée du nom de Comjat, a été appelée, non sans raison, “Epistle” par Zenker ; il nous semble préférable de retenir le nom de Salutz que lui attribue le ms. L.

En effet, comme le faisait remarquer P. Meyer, de tels poèmes sont désignés d’après “la formule de salutation par laquelle ils débutent, et qui n’est cependant pas un caractère absolument constant, car elle manque au plus ancien des saluts qui nous sont parvenus, à celui de Rambaut d’Orange”, Le Salut d’amour dans les littératures provençale et française, Paris 1867, 2. Sur ce sujet, il faut, selon nous, suivre P. Bec dans son essai de définition du genre : “Le salut, en effet, n’est pas un genre original parce qu’il contient une salutation à la dame : il ne contient cette salutation qu’en fonction de son genre original qui est d’être une épître”, Les Saluts d’amour du troubadour Arnaud de Mareuil, 17-18. On pourrait objecter qu’il n’existe aucun terme explicite dans cette longue poésie pour nous garantir son statut d’épître, mais, comme l’écrit encore P. Bec, “le comjat de Folquet de Romans [...], malgré une introduction un peu différente de celle des saluts habituels, présente la plupart des caractéristiques du salut d’amour”, op. cit., 31, n. 24. De fait, non seulement la structure du poème et le choix de l’octosyllabe, mais également les thèmes abordés (éloignement justifiant le message, rôle du cœur, louange de la dame, songe, etc.) le font ressortir à ce genre. On pourrait même se demander si l’absence de mot désignant explicitement l’épître, alors qu’il est clair que le troubadour se trouve loin de sa dame, et l’emploi de l’expression pren comjat, au lieu des traditionnelles formules de salut, ne correspondent justement pas au souci, fort ordinaire chez les troubadours, de jouer sur les règles d’un genre littéraire.

 

Seul le copiste de c l’attribue à Falquet ; G lui donne Ponç de Capduelh pour auteur, tandis que la pièce est anonyme dans LN. En faveur de l’attribution du Salut au troubadour romanais, Zenker a rapproché à juste titre ce morceau de la chanson II : même ton, même situation et frappante ressemblance de certains vers, qu’il énumère soit : S. 53-58, Ch 2-5 ; S. 19-20, Ch. 10-11 ; S. 129-130, Ch. 12 ; S. 48-49, Ch. 13 ; S. 181-183, Ch. 6 ; S. 189-190, Ch. 21-23 ; S. 37-38, Ch. 26 ; S. 204-205, Ch. 30-31 ; S 71-73, Ch. 34. En outre, dans les deux textes des allusions sont faites à Salomon (S. 121-122, Ch. 43) et à Floris (S. 137-138, Ch. 7).

Les variantes des manuscrits ne paraissent pas très significatives : on notera cependant que le groupe Lc (107, 113 & 205) s’oppose à GN aux vers 38, 70, 88, 96, 98, 110, 113, 133, 140 & 175 ; Nc (94 & 180) à GL (119) aux vers 6, 41, 109 & 200 ; LN (165) à Gc (144) aux vers 42, 46, 108, 136 & 242. N, fertile en négligences et en lapsus, est très souvent isolé.

Manuscrit de base : c.

 

 

 

 

 

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