XXVII.
L’ordre des rimes masculines et féminines est interverti dans les quatre derniers vers. Maus cite cette forme (nº 723), mais il n’en a pas bien analysé les éléments. Rimes dérivatives (Leys, I, 274) ou derivativas per creysshemen e per mermamen d’una letra o d’una sillaba (ibid., p. 186).
Cette cobla et celle qui porte le nº
XXIX, qui auraient dû être rapprochées ici comme elles le sont dans le manuscrit, sont évidemment dirigées contre le même personnage, puisqu’on y retrouve la même plaisanterie (cf.
XXIX, 8), qu’au reste nous ne sommes pas sûrs de comprendre. Il y a tout lieu de croire, en dépit des doutes exprimés plus haut (
Commentaire historique), que ce personnage n’est autre que le troubadour toulousain bien connu qui fréquenta les cours de l’Italie du Nord à la même époque que notre poète ; il a chanté, en effet, Thomas I
er de Savoie, mort en 1233 (
Ab son gai), Béatrice d’Este (
Totz tems aug dir), un Conrad [Malaspina ?] et une dame d’Auramala (
Si cum seluy). Mais ce qui est significatif, c’est qu’on trouve dans ses poésies des passages auxquels s’appliquent très bien les critiques de Uc. La plaisanterie sur la « syllabe », s’expliquerait par les mots monosyllabiques, plus ou moins rares, qui abondent dans plusieurs de ses chansons (
Ara pus, M. G. 790-1 ;
Pos vezem,
ibid., 942 ;
Pos lo bel tems, Appel,
Inedita, p. 246 ; cette pièce est, au reste, d’attribution douteuse. Dans la première (c. 2), il se vante de son art ; dans la seconde (c. 1), il exalte son
natural sens sotil et ses
mots maestrils. La « racine » qu’il se vante de trouver (v. 3) pourrait désigner ces monosyllabes qui sont, en effet, des mots-racines ou apparaissent comme tels, puisqu’ils peuvent servir à en former d’autres.