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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour . Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

TABLE DES MATIÈRES

1. Folquet ou Falquet ?

2. Vie de Falquet de Romans. Essai de chronologie.

3. Versification.

4. Les manuscrits contenant des vers de Falquet de Romans.

5. Vida.

 

L’ŒUVRE POETIQUE de FALQUET DE ROMANS, TROUBADOUR
 
  

FOLQUET OU FALQUET ?

Dès 1885, ZrP IX, 133, O. Schultz reconnut le poète dans un personnage nommé Falquet de Romans ou de Rotmans, dont il trouvait mention dans des documents publiés par l’abbé J.-P. Papon, Histoire générale de Provence, Paris 1776-1786, II, “preuves” 55, 56, 57, 58. De fait, on relève dans cet ouvrage Falquetus de Ratman dans des actes de 1233, ceux du 29 mars (Avignon), du 18 mai (un d’Aix, un de Marseille), Falquetus de Rotman dans un acte du 24 avril 1233 (“apud Sanctum Zibertum”), II, lxvj-lxxj. W. Foerster ne pouvait ignorer cet article, d’où sa remarque à R. Zenker, au rapport de ce dernier, éd. cit., 91 : dans divers textes le poète est appelé Falquet, non Folquet, et ce doit être la bonne forme. Zenker se promit de revenir sur ce point quand il en aurait “le temps et les moyens”, ibid., mais il ne les trouva sans doute jamais, puisque son article de 1897 est encore intitulé “Zu Folquet von Romans und Folquet von Marseille”, ZrP XXI, 335-348. Aussi beaucoup de romanistes continuent-ils à parler de Folquet de Romans. Cependant S. Stroński, dans son édition d’Elias de Barjols, Toulouse 1906, reprit l’examen de la question et opta franchement pour la forme Falquet. Dans une note importante, il renvoie à Schultz et Foerster, puis observe que dans les trois tensons (pièces X, XI, XII), “textes où la mention de son nom remonte au temps de l’activité de ce troubadour, c’est toujours la forme “Falquet”” que l’on trouve, xxxvi-xxxvii, note 1. L’érudit polonais explique ensuite le Fouquet qu’il croit lire chez Hugues de Berzé, se fondant sur l’édition citée de Zenker, 11. L’examen du manuscrit montre que la poésie dudit Hugues, dont nous aurons à parler plus longuement, est destinée, selon le copiste du ms. H, à Falqet de Rotinans, 46 rº a, et, dans le corps de la chanson, le même manuscrit nomme le troubadour Fauqet, tandis que le ms. D, vérification faite, l’appelle une fois Folqet, v. 1, une fois Falq(ue)t, v. 14, 210 vº-211 rº. Quant au Folquet de certains manuscrits, continue Stroński, il a été substitué à Falquet par quelques copistes, car, plus répandu, il leur était plus familier.

Dans les Mélanges de philologie romane dédiés à la mémoire de Jean Boutière (1899-1967), Liège 1971, 5, R. Arveiller rappela la documentation réunie par F. Benoît dans son Recueil des Actes des Comtes de Provence appartenant à la maison de Barcelone, Alphonse II et Raimond Bérenger V (1196-1245), Monaco et Paris 1925. Les actes 177 (Rognonas, 28 avril 1233), 181 bis (Aix, 19 mai 1233), 182 bis (Aix, même date), 183 bis (Aix, même date) et 186 (Tarascon, 28 juin 1233) présentent, parmi les noms des témoins “Falquetus de Rotmannis”, “Falquetus de Rotmanis”, nom qui désigne notre poète, op. cit. II, 274, note 1. Pour trois de ces actes, le recueil reproduit les originaux, heureusement conservés. On note que l’acte passé à Aix le 18 mai 1233 selon l’abbé Papon correspond au nº 183 bis du relevé de F. Benoît ; ce dernier indique la date du 19 mai, plus probable si l’on se souvient que, selon l’Histoire générale de Provence elle-même, Falquet se trouvait à Marseille le 18 mai.

Ainsi donc, si la majorité des chansonniers préfèrent appeler notre troubadour Folquet, les sources historiques parlent en faveur de Falquet. Dans la mesure où le premier nom est de beaucoup le plus fréquent, tout porte à croire qu’on a changé Falquet en Folquet, et non l’inverse. Nous pensons donc que le véritable nom de notre poète est Falquet de Romans. ()

 

VIE DE FALQUET DE ROMANS. ESSAI DE CHRONOLOGIE

 

Au Moyen Âge, l’histoire et l’histoire littéraire font rarement bon ménage. S’il est possible d’esquisser les grands traits de la vie des troubadours ou des trouvères qui ont occupé un rang élevé dans la société de leur temps, et tel n’est pas toujours le cas, l’ombre transforme souvent en légende ou en conte, bleu ou noir, la biographie de la plupart des poètes. Pour un Guillem de Berguedà ou un duc d’Aquitaine dont les savants modernes ont réussi à rendre moins flou le visage, combien de troubadours ne nous apparaissent encore qu’à travers de vieux récits, vidas ou razos !

La position de Falquet de Romans se situe entre ces deux extrêmes ; pour tenter de préciser son ombre vague, nous ne disposons que de quatre sources : une courte vida ; une chanson de croisade que lui envoya N’Ugo de Bersie ; les chartes au bas desquelles apparaît le nom de Falquet de Romans dans le second trimestre de 1233 ; les allusions à des faits datables dans l’œuvre même du troubadour.

La vida de Falquet tient en quelques lignes et, il faut bien le reconnaître, n’est guère composée que de généralités. Les renseignements qu’on y trouve ne sont pas sans intérêt pour autant : elle nous donne une sorte de description de l’œuvre du troubadour, ou plutôt de ce qu’en connaissait l’auteur de la vida (1), en même temps qu’un premier jugement critique, mais il serait hasardeux de vouloir en tirer des informations sur le Falquet historique.

Ainsi, la première assertion : Folqetz de Romans si fo de Vianes, d’un borc qe a nom Romans, peut fort bien n’être qu’une amplificatio du nom du troubadour tel qu’il figure au-dessus de la chanson, tandis que la seconde : e fo ben honratz entre las bonas gens, ressemble fort aux habituels clichés des vidas, si bien qu’on ne saurait prétendre y trouver un renseignement de première main sur l’accueil dont ont bénéficié les compositions de Falquet.

Beaucoup plus riches sont les informations que nous livre la chanson de croisade conservée dans les chansonniers D (210 vº-211 rº) et H (46 rº) dont le copiste précise :

N’Ugo de Bersie mandet aquestas coblas a Falqet de Rotinans (2per un joglar q’avia nom Bernart d’Argentau per predicar lui qe vengues con lui outra mar.

Voici, dans la version plus complète et moins occitanisée de D, cette poésie dont on s’est souvent servi pour préciser la biographie du trouvère bourguignon, Hugues, seigneur de Berzé (3) :

 

Bernart, di me Folqet q’om tient a sage
Qe n’enpleit pas tot son sen en folie,
Que nos avons grant part de nostre eage
Entre nos dos usé en lecharie ;
E avons ben del segle tant apris
Qe ben savons que chascun jorn vaut pis ;
Per qe fareit ben esmender sa vie,
Car a la fin es for de joglaria.
 
Deus ! qel dolor, qeu perda e qeu dampnage
D’ome qui vaut quant ill no se chastiae !
Mas tel i a, quant voit son bel estage
E sa mason ben plena e ben garnie,
Qui ne cuide seit autre paradis.
Non pensez, Falquet, biaus dolz amis,
Mas faites nos outra mer compaignie,
Qe tot ce faut, mas Deus n faudra mie.
 
Bernart encor me faras message
A mon marqis cui am ses tricharie,
Qe ge li pri qu’il aut en cest viage,
Que Monferraz le doit d’ancessarie ;
C’un’autra fois fust perduz le païs,
Ne fust Conras, qui tant en ot de pris
Qu’il n’er ja mais nul jorn que l’om n’en die
Que per lui fu recovree Surie.
 
Ni ja d’aver porter ne seit pensis,
Qe sos cosis l’emperere Freeris
N’aura assez, qui ne li faudra mie,
Qu’il l’acuilli molt bel en Lombardiae.
Bernart, di me mon seignor al marquis
Que de part mei te don ce que m’a quis,
Que je ai la crois qui me deffent e prie
Que no mete mon avoir en folie.

 

Selon les mots de M. de Riquer, “la fecha de la poesía de Hugues de Berzé es decisiva para la cronología de la actividad de Falquet de Romans” (4), mais précisément la datatation de cette chanson de croisade pose des problèmes très délicats.

Pour dater les actes du trouvère bourguignon, F. Lecoy s’appuie sur la charte 4346 du Cartulaire de Cluny, que son éditeur A. Bruel situait vers 1190 approximativement. On y lit : Ego Hugo de Berziaco pater, et ego Hugo de Berziaco filius... quum iter Ierosolimitanum arripuimus, in plenario capitulo Cluniacensi quitavimus ... Hec omnia laudaverunt et approbaverunt Walterius de Berziaco et Gaufridus de Berziaco, filius Hugonis filii ... F. Lecoy pense qu’il s’agit là “des deux Berzé dont nous parle Villehardouin au ch. 45 de sa chronique (t. I, p. 46 de l’éd. Faral) : “Apres se croisa li evesque d’Ostun, Guigues li cuens de Forois, Huges de Bergi, le pere et le fil ...””. Il en déduit que, comme ces seigneurs se croisèrent le 14 septembre 1201, la charte 4346 doit être datée de la même année.

“En conséquence, Hugues IV, le plus jeune des deux, avait déjà vers 1200 au moins un fils, Geoffroi, en âge d’être appelé à valider une décision de ses père et grand-père”. On arrive ainsi à supposer que “l’aîné au moins de ces enfants devait avoir à cette époque environ vingt-cinq ans, qu’il était né, en conséquence, vers 1175, et que la naissance de son père Hugues IV doit remonter elle-même aux années 1150-1155”. Le seigneur-trouvère aurait donc eu entre quarante-cinq et cinquante ans lorsqu’il participa à la quatrième croisade en 1201, avant d’en revenir vers 1210 pour s’éteindre avant août 1220.

En ce qui concerne maintenant les informations que nous fournissent les œuvres de Falquet de Romans, on ne trouve d’allusions à des faits datables que dans six pièces (III, IV, V, VI, VII et X) dont la plus ancienne paraît la chanson III, où Falquet écrit qu’il arrive du pays de Vienne (v. 4), séjourne auprès du marquis de Montferrat (vv. 28-30) et évoque lo reis Fredericx (v. 34).

On ne peut s’appuyer sur ce dernier titre pour dater précisément la chanson : Frédéric a été couronné roi de Sicile à Palerme, en décembre 1198, avant de laisser ce titre à son fils en février 1212. Par la suite, il a reçu, le 9 décembre 1212, à Mayence, la couronne de roi des Romains qu’il a transmise à son fils Henri le 23 avril 1220.

On peut préciser davantage : le marquis de Montferrat de la strophe IV est sûrement Guillaume, puisque la strophe V regrette le départ de son père pour la Romanie et maudit Salonique qui échut en partage à Boniface en 1205. De plus, le jugement de Frédéric sur Guillaume n’a pu être prononcé qu’après une rencontre entre les deux cousins : de telles paroles auraient été bien ingrates de la part de Frédéric après 1211, moment où Guillaume reçut à Gênes un prétendant à l’Empire dont les chances paraissaient bien minces, ou après septembre 1220, lorsque le seigneur de Montferrat accueillit Frédéric en route pour se faire couronner à Rome. Il paraît plus vraisemblable que Frédéric ait eu ces mots à propos du séjour que Guillaume IV fit en Allemagne en 1219. Il va de soi, dans tous les cas, que la chanson III n’a pas été composée avant 1211. Nous proposerions de la dater de 1219-1220. V. infra l’introduction à la chanson III.

Les allusions les plus tardives des poésies de Falquet (X, etc.) se rapportent aux luttes entre l’empereur et les clercs ou aux préparatifs de la croisade et nous indiquent donc comme terminus ad quem le départ de Frédéric pour l’Orient, le 28 juin 1228.

Une fois admises les dates extrêmes de la production poétique de Falquet telle qu’elle nous est parvenue, le déroulement de la fin de sa vie ne présente aucune incohérence : arrivé depuis peu de temps auprès de Guillaume de Montferrat, assez toutefois pour parler de son avarice, ce qui laisse penser qu’il s’était assuré une autre protection, peut-être celle des Malaspina, loués à la fin de la chanson III, le troubadour accomplit le voyage de Rome dans le cortège de ses protecteurs, des seigneurs gibelins du nord de l’Italie, et plus précisément Othon del Carret, pour assister au couronnement de Frédéric II, le 22 novembre 1220. Il se fit même sans doute, à cette occasion, l’interprète de leurs revendications. Par la suite, pour des raisons que nous ignorons, mais qui n’impliquent en aucune façon qu’il eût rompu avec Othon ou qu’il ne se sentît plus concerné par les affaires de l’Empire, il rentra dans les pays d’Oc (1226 ; v. les introductions des pièces VIII et X) et le sirventés VII doit franchir le Mont-Cenis pour rejoindre ses dédicataires, Frédéric II et Othon del Carret. C’est, de même, la grande affaire de la croisade, si souvent remise, qui est le sujet de la tenson X : elle oppose notre troubadour à Blacatz d’Aups, l’un des principaux seigneurs de la cour de Provence, autour de laquelle gravite désormais le Romanais.

Enfin Blacatz, répondant à la cobla de Falquet, lui accorde le titre de En, ce qui porte à croire que celui-ci a peut-être bénéficié de ces faveurs qu’il réclamait pour les Gibelins lors du couronnement de Rome. La plupart des chartes au bas desquelles se trouve son nom en 1233 témoignent d’interventions de l’empereur dans les affaires de Provence et nous induiraient à penser que le notable Falquet tient son importance de l’administration impériale. Notre troubadour, que sa vida ne donne que pour un jongleur, aurait atteint, à la fin de ses jours, un niveau social bien plus élevé, à en juger par le rang des personnages dont le nom voisine avec le sien.

Cette hypothèse est confirmée par la chanson de croisade de Hugues de Berzé : la familiarité du seigneur bourguignon envers le troubadour paraît davantage celle d’un ami que celle d’un supérieur et l’apostrophe Falquet, biaus dolz amis, s’accompagne du vouvoiement, alors que le jongleur Bernart est tutoyé. Cette position sociale brillante se double, sans doute, d’une fort bonne situation financière, si l’on en croit les vers 9 à 14 de la pièce du trouvère.

Falquet de Romans ferait donc figure d’homme arrivé qui, par ses chansons ou par les capacités que laisse supposer son rôle dans les chartes de 1233, est admis dans la familiarité de certains aristocrates. Cette position morale a son correspondant sur le plan matériel : notre Romanais se distingue de la foule des jongleurs faméliques qui hantent les cours de l’Italie du Nord par sa mason ben plena e ben garnie.

On comprend, vu l’intérêt des renseignements qu’elle nous fournit, combien importe la date de composition de la chanson citée. Il s’en dégage nettement l’impression que Hugues et Falquet appartiennent à la même classe d’âge. Dans ces conditions, si le premier était né entre 1150 et 1155, notre troubadour aurait eu quelque quatre-vingts ans en 1233, ce qui représente au Moyen Âge une fort rare longévité, même si Peire Cardenal est devenu presque centenaire. Toutefois, si l’on admet que Falquet ait pu poursuivre jusqu’à cet âge avancé une carrière diplomatique, sinon poétique, la chanson III oppose de sérieuses difficultés. Probablement écrite en 1219-1220, elle aurait été composée, en effet, par un homme de plus de soixante ans. Comme la première strophe nous apprend que Falquet a quitté depuis peu le Viennois, il s’y trouvait donc avant. Par conséquent, le troubadour, âgé de près de cinquante ans en 1201, riche, considéré, séjournant très probablement auprès du marquis de Montferrat, deuxième destinataire de la chanson, au témoignage de Hugues de Berzé, croisé à cette date, serait rentré ensuite au pays de Vienne pour en repartir, dix ou vingt ans plus tard (peu avant 1219-1220), âgé de plus de soixante ans, à la poursuite de nouvelles aventures et dans l’intention de profiter de la très hypothétique générosité de Guillaume de Montferrat. Et cet alerte sexagénaire proclamerait qu’il a renoncé aux faveurs d’une dame accomplie ? Les mauvais plaisants de ces cours, où les troubadours se livrent une concurrence sans pitié, auraient eu beau jeu de sourire du guarda no·t tricx, si vols que morta no sia, que le barbon placerait dans la bouche de sa Baucis. Bien plus, dans les chansons IV et V s’étalerait la passion d’un Falquet âgé de soixante-dix ou soixante-quinze ans. Une telle longévité n’est pas impossible dans la poésie amoureuse, mais on nous accordera qu’elle est franchement improbable. Dans les coblas échangées avec lui, les interlocuteurs de Falquet, dont certains, comme le comte de Biandrate, ne sont guère tendres à son égard, se seraient-ils privés de railler ce vieil amant ? On peut évidemment supposer que ces échanges dateraient du premier voyage du troubadour en Italie, mais il est de fait que toutes les poésies datables écrites en ce pays ont été composées au cours du second (1219-1226).

L’objection n’a pas échappé à F. Lecoy : “Il reste peut-être à cette hypothèse une difficulté qui tient au destinataire de la pièce, Folquet de Romans. Si vraiment la carrière de celui-ci s’est prolongée jusqu’en 1233, il était, à coup sûr, trop jeune, en 1201 pour que Hugues ait pu déclarer qu’ils avaient ensemble passé dans les plaisirs une bonne part de leur “âge”. Dans ce cas, il faut faire descendre notre pièce plus bas, et – nécessairement – la placer après le retour de Constantinople de Hugues. On a alors le choix entre les années 1215, 1216, 1217 ou 1219”.

Une première remarque s’impose : aucune incohérence n’apparaît, on l’a vu, dans la fin de la biographie de Falquet; seulement cinq années séparent sa visite à Blacatz des chartes citées de 1233. On est mieux fondé à douter d’un premier voyage de Falquet en Italie vers 1201. Puisqu’il y a une difficulté dans la biographie de Falquet, elle est à situer à son début et non à sa fin.

Il faut ensuite noter que la proposition de F. Lecoy de repousser à une date plus tardive la composition de la chanson modifie bien peu le problème, puisque cela ne change pas l’âge des protagonistes et que le critique ne revient pas sur la chronologie établie pour le seigneur de Berzé. Puisque personne ne remet en cause l’idée que Falquet et Hugues devaient être à peu près du même âge, placer la rédaction de la poésie entre 1215 et 1219 ne sert qu’à en vieillir l’auteur : le seigneur bourguignon aurait repris la croix alors qu’il avait entre soixante et soixante-dix ans.

En fait, pour mettre en accord ce que l’on sait de la carrière de Falquet et la date de composition de la chanson de croisade, il est nécessaire de modifier les dates proposées pour Hugues de Berzé.

Or une nouvelle interprétation d’un ensemble plus large des chartes de Cluny (5) permet de penser que le trouvère fut en réalité un Hugues V de Berzé dont on peut situer la naissance vers 1168, ce qui permettrait de faire naître Falquet à la même époque. Cela, sans être totalement satisfaisant, l’est quand même bien davantage.

Dès lors, la croisade à laquelle Hugues convie le troubadour ne saurait être la quatrième, puisque la première strophe de son appel ne peut s’appliquer qu’à de jeunes hommes.

Il faut, à notre avis, revenir à l’interprétation de J. Bédier et dater la chanson à partir des allusions contenues dans le premier envoi. Nous pensons en effet, avec ce savant, que la thèse de l’interpolation de cet envoi, en vue de “rajeunir la pièce et de l’approprier tant bien que mal aux circonstances de 1223”, comme le voulait G. Paris, n’est guère défendable.

J. Bédier a montré que les vers Ni ja d’aver porter ne seit pensis, Qe sos cosis l’emperere Freeris N’aura assez “ne sauraient s’appliquer au prêt de neuf mille marcs consenti en 1223 par l’empereur au marquis Guillaume. Pour obtenir ce prêt le marquis engagea ses terres à l’empereur”, 394. L’autre allusion, Qu’il l’acuilli molt bel en Lombardiae renvoie “au bel accueil que le marquis lui fit en Lombardie. C’est en septembre 1220 que le marquis Guillaume ménagea une belle réception en Lombardie à Frédéric qui se dirigeait vers Rome pour y recevoir la couronne impériale”.

La chanson de croisade de Hugues de Berzé n’aurait donc pu être composée qu’à partir de septembre 1220. Selon Bédier, “elle est postérieure au couronnement de Frédéric (22 novembre 1220) ... elle doit être antérieure à la ruine de l’expédition du comte de Bar en Égypte et à l’évacuation de Damiette (7 septembre 1221)”.

Mais F. Lecoy s’est opposé à l’hypothèse de J. Bédier sur la date de la chanson : “Son auteur étant mort dès le mois d’août 1220, cette datation est impossible”.

Cette affirmation est fondée sur une charte du Recueil des Chartes de l’Abbaye de Cluny, éd. A. Bruel, Paris 1903, t. VI : “En août 1220 (Recueil 4523), la famille de Berzé prétend mettre fin à une vieille querelle qu’elle entretenait depuis longtemps avec les moines de Cluny touchant un boscum de Opere, et le texte de l’accord est signé de Gautier de Berzé seulement ; le nom de Hugues a disparu ; il ne réapparaîtra plus. La conclusion à tirer de ce fait est simple : en août 1220, Hugues IV était mort”.

Si l’on admet que Gautier de Berzé ne puisse s’intituler dominus Berziaci, comme il le fait dans la charte 4523, qu’après la mort de Hugues, comment expliquer que, dans la charte 4436, explicitement datée de 1207, on relève : Ego Galterus, dominus Berziaci, notum facio universis presentes litteras inspecturis, quod cum ego cruce signatus iter vellem arripere ..., sans qu’il soit le moins du monde question de Hugues, pourtant bien vivant, puisque mentionné par la suite dans la charte 4440, située entre 1207 et 1215 : Ego, Hugo de Berzi ... me et filium meum primogenitun obsides posui ... et dans la charte 4500, explicitement datée de février 1216, où est mentionné Hugo, dominus de Berziaco ?

Un fait est donc patent : puisque Gautier a pu prendre le titre de seigneur de Berzé en 1207, alors que deux Hugues étaient encore en vie, l’absence de Hugues V de la charte de 1220 ne suffit pas pour conclure qu’il soit mort. Quant au fait que Hugues ne réapparaîtra plus dans des chartes de Cluny, il n’implique rien de plus : Gautier de Berzé n’y réapparaît pas davantage après la charte de 1220.

Dans ces conditions, nous en reviendrons à l’hypothèse de J. Bédier et nous considérerons que la chanson de croisade de Hugues V de Berzé a sans doute été composée vers 1220-1221. ()

 

Notes :

(1) On remarquera que, à la notable exception de H, tous les mss où figure cette vida ne connaissent de Falquet de Romans que le sirventés VI. ()

(2) Contrairement à ce que supposait G. Paris, le copiste a réellement écrit rotinans, comme on l’a vérifié. ()

(3) Cette biographie a été étudiée par G. Paris, “Hugues de Berzé”, Romania XVIII, 1889, 553-570 ; v. aussi XXII, 1893, 318 ; O. Schultz, “Urkundliches zu Hugues de Berzé”, ZrP XVI, 1892, 504-508 ; J. Bédier, “Sur deux chansons de croisade”, Romania XXXV, 1906, 387-393 ; abbé Chaume, “Les premiers seigneurs de Berzé”, Annales de l’Académie de Mâcon, 3º série, XXXIII, 1938, 160-172; F. Lecoy, “Pour la chronologie de Hugues de Berzé”, Romania LXVII, 1942-1943, 243-254. ()

(4) Martín de Riquer, Los Trovadores, Barcelone 1975, 1215. ()

(5) V. G. Gouiran, “À propos de la vie de Hugues de Berzé, trouvère bourguignon. Essai de nouvelle chronologie”, Actas do XIX Congreso Internacional de Lingüística e Filoloxía Romànicas, Universidade de Santiago de Compostela, 1989, éd. R. Lorenzo, section IX, t. VII, A Coruña 1994, 339-351. ()

 

VERSIFICATION

 

Dans l’étude de la versification de Falquet de Romans, on laissera de côté les poésies d’attribution douteuse et le Salut, qui répond aux lois du genre en faisant rimer des octosyllabes deux par deux. Il reste un corpus de dix poésies à strophes et de trois échanges de coblas.

Les poésies de Falquet ne comptent jamais plus de six strophes, maximum atteint quatre fois (I, VI, VII, IX) ; quatre ne sont composées que de cinq (II, III, V, VIII) et deux de quatre (IV, XIII). La variété réside ailleurs, dans le nombre de vers dont sont formées les strophes : huit vers (I, IV, VIII), neuf (II, III, VI, IX), dix (VII, XI), onze (V, XII), onze avec un refrain de quatre vers (XIII), quatorze (X).

Dans cet ensemble réduit, on est frappé par l’habileté du versificateur, qui préfère aux coblas singulars (I, II, VI) les coblas unissonans (III, IV, V, VII, VIII), compte non tenu des échanges de coblas (X, XI, XII), où ce type s’impose. Falquet n’a pas reculé devant les subtilités des coblas doblas (IX, XIII) et il a du goût pour les raffinements du refrain, répétition d’un simple mot (be, IV), de deux mots (cor et mor, V), d’un vers (II) ou même de plusieurs (XIII).

Les tornadas sont fréquentes dans ces poésies courtes ; seules en sont dépourvues la chanson VIII, les coblas et la chanson II, à vers final en refrain. On notera également que, dans l’Aube, nous avons affaire à une tornada du type particulier qui reprend non la fin de la strophe, mais le début, comme celles que l’on rencontre chez Cercamon (éd. V. Tortoreto, Modène 1981, VI, 2º tornada), Giraut de Bornelh (éd. A. Kolsen, Halle 1910-1935, XII ; v. M. de Riquer, Los Trovadores, Barcelone 1975, 485, note aux vers 66-70), Gaucelm Faidit (éd. J. Mouzat, Paris 1965, VI) et Bertran de Born (éd. G. Gouiran, Aix-Marseille 1985, XX). On reconnaîtra que, comme chaque strophe s’achève par un refrain de quatre vers, il était bien difficile de reprendre la structure finale de la strophe IV.

 

Vu le caractère assez restreint du corpus, les mètres utilisés par Falquet de Romans sont d’une remarquable variété. Ce troubadour se sert en grand artiste des effets produits par les combinaisons de vers, allant jusqu’à jouer de trois mètres différents (I, V) et même de cinq (X). On rencontre dans son œuvre les vers suivants :

- 14 trisyllabes (2, 2 %), combinés avec des vers de 5 et 7 pieds (I).

- 23 tétrasyllabes (3, 6 %), combinés avec des vers de 10 pieds (II), de 6 et de 9 (V), de 5, 6, 7 et 8 (X).

- 60 pentasyllabes (9, 6 %), combinés avec des vers de 7 pieds (VI, XII), de 3 et 7 (I), de 4, 6, 7 et 8 (X).

- 110 hexasyllabes (17, 6 %) combinés avec des vers de 8 pieds (VII), de 12 (XIII), de 4 et 9 (V), de 4, 5, 7 et 8 (X).

- 199 heptasyllabes (31, 8 %), isolés (III, IX) ou combinés avec des vers de 5 pieds (VI, XII), de 8 (XI), de 3 et 5 (I), de 4, 5, 6 et 8 (X).

- 106 octosyllabes (16, 9 %), isolés (IV) ou combinés avec des vers de 6 pieds (VII), de 7 (XI), de 4, 5, 6 et 7 (X).

- 7 ennéasyllabes (1, 1 %), combinés à des vers de 4 et 6 pieds (V).

- 80 décasyllabes (12, 8 %), isolés (VIII) ou combinés avec des vers de 4 pieds (II).

- 15 alexandrins (2, 4 %), combinés avec des vers de 6 pieds (XIII).

À la lecture de ce tableau, une remarque s’impose : Falquet recherche la variété des mètres ; il en pousse le goût jusqu’à employer le rare ennéasyllabe dont les Leys d’Amors assurent : Bordos de nou sillabas no podem trobar am bela cazensa, per que no trobaretz que degus dels anticz hajan pauzat aytal bordo. K. Bartsch cite ce texte dans un article intitulé “Keltische und Romanische Metrik”, ZrP III, 1879, 359-384. Il pense que l’origine de ce vers est celtique et remarque qu’il n’apparaît guère que dans le domaine populaire ; il n’en trouve qu’un seul emploi en langue d’oc, justement chez Falquet (V), ibid. 377.

On serait même fondé à parler de parti pris esthétique à propos d’un tel souci de la variété puisque, sur treize poésies, quatre seulement sont construites sur un seul mètre. Cette variété dans le mètre va de pair avec la musicalité des vers, comme le montre la lecture des chansons. Falquet a souvent recours aux vers brefs. Si la proportion des vers de 3 et 4 pieds est à peine supérieure à celle qu’on rencontre chez les autres troubadours, il utilise plus fréquemment l’hexasyllabe. Notre poète semble également avoir découvert avant d’autres les vertus musicales de l’impair : ce type de vers atteint chez lui la proportion considérable de 44 %.

En ce qui concerne les césures, on passera rapidement sur les alexandrins aux coupes parfaitement régulières de l’Aube (XIII) et sur les ennéasyllabes (V), coupés 6/3 (vv. 11, 33, 62) ou 3/6 (vv. 22, 44, 55, 69), et cette irrégularité même contribue à leur donner une résonance savamment maladroite, proche de la prose.

Pour les décasyllabes, on ne rencontre de coupes épiques que dans la chanson II, où elles sont favorisées par la formule Ma bella dompna, qui ouvre et clôt chaque strophe ; comme elle s’achève sur une atone, celle-ci n’est jamais l’élément vocalique d’un pied, qu’elle s’élide devant la voyelle initiale du mot suivant (v. 10) ou qu’elle soit tout simplement placée hors vers par la coupe épique : Ma bella dompna, per vos dei esser gais (v. 1 ). On relève dans la même chanson un cas de coupe épique qui ne doit rien à la formule mentionnée : Lo danz er vostre s’enaissi·m faz languir (v. 32).

Pour le reste, les césures lyriques, où la dernière syllabe avant la coupe est atone, ne sont pas très nombreuses : E tot segle vey perdut e torbat (VIII, 7), E·ll fort tolon als frevols lurs honors (VIII, 12), E nos, Senher, mort per vos eyssamen (VIII, 40). On ne trouve aucune césure enjambante.

À propos des vers plus courts, on se contentera de souligner que Falquet joue là encore sur la variété. C’est ainsi que, dans les octosyllabes, on rencontre aussi bien la coupe 3/5 : Ogonet, porta·m per present (IV, 25), Q’a per pauc non muer de dolor (VII, 3) que la coupe 5/3 : Del cont del Caret, qe mante (IV, 35), Qar se de servir vos mesclaz (VII, 7), ou 4/4 : Si tut no vei fuogllia ni flor (IV, 2), Qan cuit chantar, eu plaing e plor (VII, 1), ou même 6/2 et 2/6 : Toz hom qe·l servira croçaz (VII, 57), Qar mielç no li sabem grazir (VII, 52). Une coupe peut mettre en valeur le mot qui suit (et termine le vers) : Non amet Floris Blanciflor (IV, 18) et l’on produit un effet d’insistance à l’aide de deux coupes : Q’el vol, et es vers, ço sapchaz (VII, 64).

Dans les heptasyllabes, la coupe 3/4 : Q’us orguelhs m’avia mort (I, 10), Pos parti de Vianes (III, 4) est un peu plus fréquente que la coupe 4/3 : Ab lieys estai, on que sia (I, 5), Que conoisses mal e be (IX, 20). Il existe des coupes 2/5 : Que·ns gart de mortal agag (IX, 57), Falqet, q’a la comensansa (XI, 13), Falkez e no gara cui (XII, 2).

Dans les hexasyllabes, on rencontre presque aussi souvent la coupe 3/3 : Ni·us donaz allegrage (VII, 8), D’espinas coronatz (XIII, 20), que la coupe 2/4 : Senher, merce vos cria (XIII, 22), Tan l’am de bon talan (V, 23), mais la coupe 4/2 n’est pas rare : e no·i gardes linage (VII, 38), Gran pietat de me (XIII, 38); exemple de coupe 5/1 : A l’emperador man (V, 45).

Il va de soi que les vers brefs n’ont guère d’autonomie. Ils sont souvent utilisés à la faveur des enjambements. La pratique de ceux-ci est familière à Falquet. Un type peu courant s’en rencontre fréquemment (séparation par la rime de deux mots étroitement liés entre eux) et S. Stroński en a tiré argument pour attribuer la pièce XV au Romanais ; v. l’introduction à celle-ci. Si l’on cherche à classer les enjambements, on voit qu’il peut s’agir d’un passage où le sens se poursuit sur plusieurs vers : Mas trobat n’ay era Ric cosselh que·m n’a estort E trag del peril ont era A dreg port (I, 11-14), ou du simple rejet d’un mot au vers suivant : Anc no fo de joi tan ricx Floris, quan jac ab s’amia (III, 17-18), Nicolet, gran malenansa Ac, can vos vi desconfire (XI, 1-2) ; ou d’un groupe de mots : Et anc Lombartz tant no mes Per pretz, qui ver en retrai (III, 37-38), Per c’om non deu esser las De ben far, quan n’es aizitz (IX, 32-33). Le contre-rejet n’est pas rare : Com fes sos paire, que fai Gran sofrait’a nos, cortes (III, 39-40), Quan Dieus dira : “Anatz, malaürat, Yns en infern on seretz turmentat” (VIII, 34-35) ; en certains passages, rejet et contre-rejet se succèdent pour varier la cadence et mettre en bonne place les mots essentiels : Malespina, guarentia Vos port que granre d’amicx Avetz e pauc d’enemicx Lai on renha cortezia (III, 46-49), Gia mi no plai aprivasars Ab om croi ni trop consigliars Ab lausengier, car ci los cre Pro fai de mall e pauc de be (IV, 21-24). ()

 

LES MANUSCRITS CONTENANT DES VERS DE FALQUET DE ROMANS.

 

Si l’on attribue à notre poète les pièces XV et XVI, vingt-sept chansonniers contiennent des vers de Falquet de Romans, une strophe incluse dans une chanson d’un autre troubadour comme Sg ou neuf chansons comme C. On est surpris par ce nombre, mais, dans beaucoup de manuscrits, on trouve un seul texte du Romanais. Leurs caractéristiques sont données ci-dessous, sauf indication particulière, d’après D’A.S. Avalle, La Letteratura medievale in lingua d’oc nella sua tradizione manoscritta, Turin 1961, 203-214 et passim et M. de Riquer, Los Trovadores, Barcelone 1975, 12-13.

A (Rome, Biblioteca Vaticana, Latini 5232), copié en Italie au XIIIº s. : XVI, vida, VI.

Bé (Béziers, Centre international de Documentation occitane), copié au début du XVIIIº s., identifié et étudié par Mme G. Brunel-Lobrichon (C.N.R.S.) : vida, VI.

C (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 856), copié à Narbonne au XIVº s. : XIII, XV, I, VI, III, XVI, VIII, VII, IX.

D (Modène, Biblioteca Nazionale Estense, α R, 4, 4) copié en Italie, daté de 1254 : VI, XVI.

E (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 1749), copié en Languedoc au XIVº s. : XV, IX, VI, III.

G (Milan, Biblioteca Ambrosiana, R, 71 supra), copié en Italie au XIVº s. : IX, XIV.

H (Rome, Biblioteca Vaticana, Latini 3207), copié en Italie au XIVº s. : VI, vida, X, XII, XI.

I (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 854), copié en Italie au XIIIº s. : XVI, vida, VI.

J (Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Conventi Soppressi, F, IV, 776), copié en Languedoc au XIVº s. : IX.

K (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 12473), copié en Italie au XIIIº s. : XVI, vida, VI.

Kp (Copenhague, Bibliothèque Royale, 48), copié en France au XIVº s. : IX.

L (Rome, Biblioteca Vaticana, Latini 3206), copié en Italie au XIVº s. : V, XIV.

M (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 12474), copié en Italie au XIVº s. : XV, VII, VIII.

Ma (Madrid, Biblioteca de la Real Academia de la Historia, 9, 24, 6/4579), copié en Catalogne au XIIIº s. ou au début du XIVº : IX. V. S. Pellegrini, “Un frammento inedito di canzoniere provenzale”, Anuario de Estudios medievales, IV, 1967, 385-391.

N (New-York, Pierpont Morgan Library, M 819), copié en Italie au XIVº s. : XIV, XVI.

O (Rome, Biblioteca Vaticana, Latini 3208), copié en Italie au XIVº s. : XVI.

P (Florence, Biblioteca Mediceo-Laurenziana, Fondo principale, XLI, cod. 42), copié en Italie, daté de 1310 : XVI, II, IX, VI, VII.

Q (Florence, Biblioteca Riccardiana, 2909), copié en Italie au XIVº s. : XVI, VII.

R (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 22543), copié en Languedoc au XIVº s. : III, VI, XVI, VIII, XIII, XV, IX, VII.

S (Oxford, Bodleian Library, Douce 269), copié en Italie au XIIIº s. : II, VI, IX.

Sg (Barcelone, Biblioteca de Catalunya, 146), copié en Catalogne au XIVº s. : VII.

T (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 15211), copié en Italie au XVº s. : VI, III, IV, VII.

Y (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 795), copié en Italie au XIIIº s. : IX.

a (Florence, Biblioteca Riccardiana, 2814), copie exécutée en 1589, par Jaume Teissier de Tarascon, du chansonnier perdu de Bernart Amoros (XIIIº-XIVº s.) : XV, XVI.

c (Florence, Biblioteca Mediceo-Laurenziana, Fondo principale, XC inf., cod. 26), copié en Italie au XVº s. : VII, IX, XIV, II.

f (Paris, Bibliothèque Nationale, fr. 12472), copié en Provence au XIVº s. : IX, XIII.

t (Paris, Bibliothèque Nationale, n. acq. fr. 4232), copié en Gascogne au milieu du XIVº s. : IX. Les 78 premiers feuillets, où se lisent trois strophes de Falquet, sont datés de 1345.

 

À quoi il faut ajouter une version de IX intercalée dans le Livre de Raison d’Étienne Benoist, éd. L. Guibert, Limoges 1882, 35-36, désignée ici par x, et six vers de X cités dans Dell’Origine della Poesia rimata de G. Barbieri, éd. G. Tiraboschi, Modène 1790, 115. ()

 

VIDA.

 

Cette vida se trouve dans cinq chansonniers : A (210 vº), Bé (150), H (51 rº), I (189 vº) et K (175 rº).

Manuscrit de base : A.

 

 
Folqetz de Romans si fo de Vianes, d’un borc qe a nom Romans.
 
E fo bons joglars, e presentiers en cort, e de gran solatz, e
 
fo ben honratz entre las bonas gens. E fetz sirventes jogla-
 
rescs de lauzar los pros e de blasmar los malvatz, e fetz mout
5   
bonas coblas.

 

Traduction.

Falquet de Romans était du pays de Vienne, d’un bourg qui se nomme Romans. C’était un bon jongleur, sachant bien se conduire à la cour et d’agréable compagnie, qu’on reçut avec honneur dans la bonne société. Il composa des sirventés joglarescs louant les gens de mérite et blâmant les mauvais, ainsi que d’excellentes coblas.

 

Apparat critique.

1) Folquet BéIK, Rotmans H, que BéIK, Rotmans H. 2) Bons j- fo H, e fo manque à BéIK, bon Bé, corts Bé, cortz IK, solats Bé. 3) honrats Bé, onratz IK, la bona gen BéHIK, fets Bé, fez I, sirvente A, serventes HI. 4) -rets Bé, -resc HIK, laosar Bé, lausar IK, malvats Bé, e fetz mout bonas coblas manque à BéIK, molt H. 5) Bé ajoute : Nostradamus ne dit rien de ce troubadour.

 

Note.

Cette vida précède la tenson avec Blacatz dans H, seul chansonnier qui contienne les coblas de Falquet, et le sirventés nº VI, où il est question de louange et de blâme, dans les quatre autres manuscrits. ()

 

 

 

 

 

 

 

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