TABLE DES MATIÈRES :
INTRODUCTION
I. Les Manuscrits
II. Pièces authentiques et apocryphes
III. Vie et œuvres du poète
IV. Langue et style
V. Versification
VI. Établissement du texte
NOTES
LES POÉSIES
DU TROUBADODR
PEIRE BREMON RICAS NOVAS
A MON CHER ET VÉNÉRÉ MAÎTRE
M. ALFRED JEANROY
PROFESSEUR À LA SORBONNE
MEMBRE DE L’INSTITUT
INTRODUCTION
I. Les Manuscrits. — Vingt chansonniers provençaux ont conservé des pièces sous le nom de Peire Bremon Ricas Novas. Le tableau suivant permettra de se rendre compte du contenu des divers manuscrits et de l’ordre où les pièces s’y présentent :
A, f. 22, 142, 166 et 209. — II (1) [330, 4] II [330, 13] IV [330, 10] XVI XVII XVIII.
B, f. 11. — II.
C, f. 105, 253, 344, 363, 370, 384. — II X XIV [112,4] [132, 4] IX V [330, 2] XXI VI IV.
D, f. 82, 140, 185 et 259. — [330, 10] XVI XVII XVIII [330, 4] II [330, 10] IV VI V VII X.
E, f. 71 et 223. — [330, 4] [330, 11].
F, f. 136, 140 et 173. — V I XIV II.
H, f. 54. — XIX.
I, f. 110 et 141 v. — [330, 10] [330, 4] II [330, 13] IV VI.
K, f. 95 et 127. — [330, 10] [330, 4] II [330, 13] IV VI.
M, f. 22 et 235. — X V [249, 1] XVIII XXI [76, 22].
N, f. 171. — II.
N2, f. 23 r. — II (premier vers seulement).
P, Nº 134. — XV.
Q, f. 94 et 112. — II XIV.
R, f. 13, 21, 28 et 101. — II [330, 4] XX XVIII XIV X V VII IX [76, 12].
Sg, f. 112. — II.
T, f. 211, 220 et 266. — XIII VIII V [437, 17] XI III IV.
V, f. 114. — II.
a, f. 69 et 252. — II XII V X [10, 1].
c, f. 84. — [356, 1] [330, 10] [331, 1] XIII. (↑)
II. Pièces authentiques et apocryphes. — Bartsch attribue 21 pièces à Ricas Novas ; mais quatre d’entre elles n’appartiennent pas à notre troubadour :
Bartsch, 330, 4. Ben es razos qu’eu retraia. — Cette chanson, attribuée par ADIK à Ricas Novas, par Eb à Arnaut Plagues et par CR à Arnaut Catalan, appartient au dernier nommé : ce troubadour y célèbre, à côté d’Eléonore [de Toulouse], Béatrice de Savoie, comtesse de Provence, qu’il a chantée dans trois autres des six chansons qui nous restent de lui (27, 3 ; 27, 4 ; 27, 6). (Voy. S. Stroński, Le Troubadour Elias de Barjols, Toulouse, 1906, p. XXIX.)
330, 10 : Mei oill an gran manentia. — Des cinq mss qui contiennent cette pièce, un seul, c, la donne sous le nom de Peire Breumon ; ADIK la donnent sous celui de Peire Bremon le Tort ; de plus, dans AIK, la chanson est précédée de la biographie de ce dernier troubadour, et dans DIKc elle figure à côté (2) de 331, 1 (En abril can vei verdejar), qui est certainement de Peire Bremon le Tort. Nous avons donc affaire ici à une erreur matérielle de Bartsch (3).
330, 11 : Peire Bremon, maint fin entendedor. — Cette pièce n’est donnée que par E, sous le nom de Peire Bermon ; or, Ricas Novas n’est à peu près jamais désigné dans les mss sous le seul nom de Peire Bremon (4) et ses contemporains paraissent l’avoir appelé Ricas Novas (5). Nous pensons donc que cette tenson, échangée avec un Jausbert dont l’identité n’est pas sûre, appartient à un autre personnage du nom de Bremon (6).
330, 13 : Pus nostre temps comens’a brunezir. — Cette chanson est attribuée à Ricas Novas par ADIK ; mais l’auteur, Cercamon, se nomme lui-même dans l’envoi, qui figure seulement dans a (7).
Par contre, nous devons rendre trois pièces à Ricas Novas :
242, 81 : Un sonet novel fatz, M. A. Kolsen (Sämtliche Lieder des Trobadors Giraut de Bornelh, Halle, 1910, pp. VII-VIII) a eu raison de ne pas accepter cette pièce dans son édition et de la publier à part (Zeitschrif, XXXVIII, 1914-1917, pp. 578 sqq.) : les seuls mss A2DIK donnent cette chanson à Ricas Novas ; mais les fausses attributions des autres mss s’expliquent aisément : CER, de même que V (où la pièce figure entre des poésies de Rambaut d’Orange et de Peirol), ont confondu Peire (Bremon) et Peirol ; les copistes de A1 BNQ Sg a ont été trompés par la ressemblance du premier vers avec le début de 242, 53 : Un sonet fatz malvatz e bo (8). De plus, de nettes ressemblances entre les vers de 242, 81 et ceux d’autres pièces de Ricas Novas attestent la paternité de notre troubadour ; cf. notamment, les vers 1-3 de cette chanson aux vv. 1-2 de notre pièce VI ; le v. 17 au v. 19.
461, 45 : Be·m meraveil d’En Sordel e de vos. — Cette pièce anonyme du ms. P appartient certainement à Ricas Novas (9) : le poète, ami de Sordel et de Bertran (d’Alamanon) (vv. 6 et 11), qui a quitté la cour de Provence à la suite d’un conflit avec le comte (vv. 2-4) pour se réfugier auprès de Barral (v. 17), ne saurait être que notre troubadour.
Enfin, la chanson Rics pres, ferms e sobeirans (XII), donnée par le ms: a, inconnu de Bartsch, et publiée par M. G. Bertoni (10).
À ces vingt pièces il faut peut-être ajouter le sirventés Vill sirventes, leugier e venassal (125, 1), que C attribue à Duran de Carpentras et M à Ricas Novas ; nous publions en appendice cette pièce, qui appartient, selon toute vraisemblance, à Duran (11).
Huit pièces, dont chacune lui est attribuée par un seul ms., n’appartiennent certainement pas à Ricas Novas ; ce sont : dans a, 10, 1 (Aimeric de Belenoi) ; dans R, 76, 12, et dans M, 76, 22, qui sont toutes deux de B. d’Alamanon ; dans C (en contradiction avec sa table), 112, 4 (Cercamon) et 132, 4 (Elias de Barjols) ; dans M, 249, 1 (G. de Salignac ou A. de Peguillan) ; dans c, 356, 1 (P. Rogier) ; dans T, 437, 17 (Sordel).
Aucun ms. n’attribue à Bremon la pièce 430, 1 (Gran esfortz fai qui chanta ni·s deporta), que Bartsch a confondue avec 437, 17 (Gran esfortz fai qui chanta per amor). (↑)
III. Vie et œuvres du poète. — Les chansonniers provençaux connaissent deux Peire Bremon, dont ils conservent un certain nombre de pièces (12) : Peire Bremon lo Tort etPeire Bremon Ricas Novas, appelé plus souvent Ricas Novas tout court. Tandis que plusieurs manuscrits (13) présentent une biographie (bien insignifiante, il est vrai) du premier nommé, aucune biographie du second ne nous est parvenue (14).
De nombreux actes du Dauphiné (15) mentionnent, dès 1160, un Petrus Bermundi ou Peire Bremont, et, 1209, Petrus Bremondi et Bermundus filius ejus : il n’est pas impossible que ces deux personnages fassent partie de la famille de Peire Bremon le Tort, qui était uns paubres cavalliers de Vianes, et que l’un des deux soit le poète lui-même ; ils ne paraissent pas, en tout cas, pouvoir être identifiés avec l’autre Bremon, qui nous apprend, dans son fameux planh (16), qu’il était provençal.
On trouvera, dans un article récemment publié (17), le résultat de nos recherches sur Peire Bremon le Tort ; nous ne nous occuperons ici que de Ricas Novas.
Le nom de Peire Bremon Ricas Novas (18) ne figure, à notre connaissance, dans aucun document de Provence.
Jean de Nostredame (19), qui n’est jamais à court de renseignements, s’appuyant, dit-il, sur l’autorité de Sainct Cesari et du Monge des Iles d’Or, raconte que Ricard de Noves (20), extraict de nobles et insignes parents, fut tousjours au service des princes d’Arragon et comtes de Provence, et mesmes de Remond Berenguier, à la louange duquel fist maintes bonnes chansons ; il aurait également écrit un chant funèbre des vertus et magnanimitez de Raimon Béranger, et il aurait gagné un grand thresor en récitant ces vers, qui parlaient un peu trop librement contre la mayson d’Anjou ; il aurait fini ses jours comme clavaire de Charles d’Anjou.
Mais nous ne pouvons accorder aucune créance à ce récit, qui n’est appuyé sur aucun document et ne correspond nullement à ce que nous apprennent les pièces subsistantes du poète (21) : c’est dans ces dernières et dans celles d’autres troubadours contemporains, que nous devons chercher des renseignements.
Tout d’abord, le nom même de Ricas Novas mérite qu’on s’y arrête. Crescimbeni (22) avait déjà compris que l’interprétation de Nostredame, « Ricard de Noves », est insoutenable grammaticalement.
M. Schultz-Gora (23) note que Ricas Novas est devenu d’assez bonne heure un « Ortsname », qui figure dans la Gallia Christiana (24) : ce nom, qui, dans l’exemple cité, ne désigne pas forcément un lieu, n’apparaît, en tout cas, dans aucun document provençal du douzième ou du treizième siècle. Nous ne croyons pas non plus que Ricas Novas soit un nom patronymique ; il ferait, en effet, double emploi avec celui de Bremon, auquel il est si souvent juxtaposé.
Il semble bien que Ricas Novas soit un sobriquet, parallèle à celui que portait Peire Bremon lo Tort. Bastero (25) (qui pourtant ajoutait foi à la biographie de Nostredame) voyait déjà, avec raison, dans Ricas Novas un nom énigmatique ; et Crescimbeni (26) était dans le vrai, quand il disait que Ricas Novas était un sopranome signifiant ricche nuove.
Si nous prenons le mot novas dans son acception habituelle de « nouvelles », le surnom de Ricas Novas pourrait signifier, suivant le sens que nous donnons à ric, soit « nouvelles abondantes », soit « nouvelles intéressantes » ; si nous adoptons, pour novas, le sens de « conte, récit », Ricas Novas signifierait « récits abondants » ou « récits intéressants » ; quelle que soit, d’ailleurs, l’interprétation adoptée, ce sobriquet désignerait, selon nous, un personnage bavard, et peut-être un peu cancanier. Et il est intéressant de noter que Sordel donne précisément à Bremon, dans son premier sirventés (27), le qualificatif d’outrecuidat parlier (bavard outrecuidant).
Dans ces conditions, on serait tenté de penser, avec C. Chabaneau (28), que ce surnom convenait tout particulièrement à un jongleur ; mais il est bien évident que si Bremon avait été jongleur, il n’aurait pas reproché à Sordel, avec tant d’insistance, d’exercer ce vil métier (29).
En tout cas, Ricas Novas devait être l’appellation ordinaire de Bremon, puisque c’est ainsi que le nomment, durant sa vie, Gui de Cavaillon (30) et Reforzat (31).
Contemporain de Sordel et de B. d’Alamanon, Ricas Novas naquit vraisemblablement, comme son homonyme (32), dans les dernières années du douzième siècle ; en effet, d’une part, il avait des enfants assez jeunes (33) aux alentours de 1240, au moment où il faisait assaut d’injures avec Sordel (34) ; d’autre part, toutes celles de ses pièces dont on peut fixer la date paraissent postérieures à 1229.
Bremon ne figurant, comme témoin ou partie, dans aucun acte de son temps, on aurait tendance à le considérer comme un petit personnage ; mais ce silence des documents peut être dû au hasard. Si l’on en croit Sordel (35), Bremon fut poète de cour, vivant des largesses des grands seigneurs. Le même Sordel se moque de son élégance exagérée et de son amour des beaux équipements et de la toilette (36) ; il nous apprend encore (37) que Bremon avait femme et enfants ; dans la fureur de la lutte, il porte contre son ancien ami de nombreuses et graves accusations, qui ne doivent être acceptées qu’avec beaucoup de réserve (38) ; certaines toutefois, notamment celles de bassesse, de mollesse et d’infidélité à ses protecteurs, paraissent fondées, puisqu’elles figurent aussi, les unes dans la strophe interpolée du célèbre sirventés de Peire d’Auvergne contre les troubadours de son temps (39) ; les autres, dans une cobla de Gui de Cavaillon (40).
À une époque qu’il est impossible de préciser, Ricas Novas fit un séjour à Aix, auprès de Raimon Béranger IV ; c’est là, vraisemblablement, qu’il connut B. d’Alamanon et, après 1229 (41), Sordel, avec lesquels il fut d’abord lié d’amitié. De cette période datent plusieurs pièces : X, dont la tornada est adressée à Sordel (42) ; XI, dont les premiers vers font allusion, en termes amicaux, au même troubadour, et qui est dédiée à une comtesse, peut-être à Béatrice de Savoie, femme de Raimon Béranger (43) ; probablement aussi XIX, écrite, semble-t-il, aux alentours de 1230 (44).
Il nous paraît évident que le planh (XX), composé en 1237 (45), après ceux de Sordel et de B. d’Alamanon, vit également le jour à la Cour de Provence : Bremon, qui était si susceptible et si violent, comme il le prouva par la suite (46), ne peut guère avoir écrit cette pièce, fidèlement imitée de celle de Sordel (47), après les vers aigre-doux par lesquels il prit congé de ses deux amis (48) ; et encore moins après les grossiers sirventés qu’il échangea avec Sordel ; sinon il aurait certainement profité de la belle occasion qui lui était offerte de ridiculiser son ennemi ; à moins que nous n’admettions, entre des adversaires aussi acharnés, une improbable réconciliation que rien n’atteste.
Postérieurement à 1237 (49), Bremon se brouilla avec son protecteur ; voici ce qu’il dit lui-même de ce conflit à ses amis Sordel et Bertran (d’Alamanon) (50) :
......... anc sosfritz mon dan
qe·l coms mi fes ; anc no fezetz semblan,
s’eu pris anta ni dan, qe mal vos fos ;
e degraz l’engardar de fallimen,
e mi de dan, qe·us servi lialmen.
Et, plus loin :
Mas ben pot far le cons sens o foudat,
qe tot li er per vos autres lauzat.
Il ressort de ce texte que le comte aurait fait subir un dommage à Bremon, et que Sordel et Bertran, oublieux des bienfaits reçus et uniquement soucieux de plaire à Raimon Béranger, n’auraient rien fait pour soutenir la juste cause de leur ami. Sordel, au contraire, accuse formellement Bremon d’avoir laissé son seigneur et sa foi (51). Quoi qu’il en soit, Bremon quitta Aix et se rendit à la cour de Barral de Baux (52).
Quand il fut à Marseille (53), Bremon écrivit la pièce XV (54) pour prendre congé de Bertran et Sordel. Il paraît avoir fait ensuite un séjour auprès du comte de Toulouse (55) ; mais, renvoyé par Raimon VII, il serait bientôt revenu chez Barral ; Sordel dit, en effet (56) :
Gen l’a saubut lo valens coms onrar
de Tolosa si co·is taing ni·s cove,
c’a Marseilla l’a faich azaut tornar,
per que laisset son seignor e sa fe.
Le mot tornar prouve que Bremon, quand il quitta Toulouse, était déjà allé une première fois à la cour de Barral.
Le séjour auprès de Barral est attesté par un passage du petit poème de Reforzat de Trets, intitulé Dui cavalier Ioglar (57) ; voici ces vers ironiques, dont il est impossible de préciser la date :
Ricas Novas tenc per home cabal,
segon qe·l vi a Marseill’asaillir.
La brouille avec Sordel, qui se dessine dans la pièce XV, prit rapidement un caractère aigu ; au premier motif d’inimitié, la jalousie, s’en ajoute, en effet, un autre, qui paraît avoir une importance considérable : une rivalité en amour (58) ; c’est Sordel qui nous donne cette indication dans la tornada de son premier sirventés :
Serventes, vai dir al fals ufanier
qe mal vic mi e mon corren destrier,
e lieis per qe m’a faich enic e brau.
Bremon, qui était alors auprès de Barral (59), répondit par des injures aux cruels sarcasmes de la déclaration de guerre de Sordel ; ainsi s’engagea un véritable « duel poétique (60) », au cours duquel chacun des deux troubadours décocha à son adversaire trois sirventés.
Cette joute poétique eut lieu très probablement en 1240-1241 (61) ; c’est la date extrême à laquelle nous renvoient les allusions contenues dans les pièces de notre troubadour et de ses contemporains.
C’est vraisemblablement aussi à Marseille que Bremon écrivit les pièces XII et XIII, adressées à Audiart, fille de Girart Adémar, entrée dans la famille de Baux en 1228, par son mariage avec Bertrand de Meyrargues, cousin de Barral (62).
Il semble bien, d’après les vers 21-24 de la pièce XIX (63), que l’accord de Bremon avec son nouveau protecteur ne fut pas de longue durée ; toutefois nous ne pouvons pas affirmer que le « vicomte » du v. 21 soit Barral de Baux.
Nous ne savons absolument rien des dernières années de Ricas Novas. Nous n’avons aucune raison de penser qu’il alla en Terre Sainte, soit en 1228, soit en 1248 ; la pièce 330, 10, sur laquelle MM. de Lollis (64) et Salverda de Grave (65) ont basé leur hypothèse, appartient, en effet, à Peire Bremon le Tort (66). Rien ne nous permet non plus d’affirmer avec Nostredame (67) qu’il vécut à la cour de Charles d’Anjou, ni qu’il soit mort aux alentours de 1270, bien que cette dernière date ne soit nullement invraisemblable. (↑)
——————
Les pièces authentiques de Ricas Novas sont, nous l’avons vu, au nombre de vingt ; elles consistent en treize chansons (dont une fragmentaire), une mieja canso, quatre sirventés, une cobla échangée et un planh.
Les chansons et la mieja canso, qui paraissent ne traduire aucun sentiment sincère, ne font que développer les lieux communs familiers aux troubadours. Observant la discrétion qui était de règle, Ricas Novas ne laisse pas deviner quelle est la dame dont il fait l’éloge. Nous ignorons qui est désigné, dans la pièce IV, par le senhal Belh Dezirier. Il n’est pas sûr que la pièce XI soit envoyée à Béatrice de Savoie (68). Seul, le nom connu d’Audiart de Baux figure dans les tornadas de XII et XIII. L’ordre chronologique étant impossible à établir, nous avons classé les chansons d’après leur forme strophique, en partant des schémas les plus simples.
Les quatre sirventés et la cobla constituent, par les précieux renseignements qu’ils nous donnent sur la personne et la vie de leur auteur, la partie la plus intéressante de l’œuvre de Bremon. Les sirventés XVI, XVII, XVIII révèlent un poète assez habile à manier l’ironie et le sarcasme ; mais ils sont déparés par des grossièretés et leur valeur littéraire est peu considérable.
Quant au planh, imité de Sordel, il n’a pas la vigueur de son modèle, et il se développe, comme celui de Bertran, avec une certaine monotonie ; de plus, l’innovation saugrenue que Bremon y a introduite (partage du corps de Blacas, et non plus du cœur) (69) en fait presque une parodie.
IV. Langue et style. — La langue de Ricas Novas ne donnerait lieu à aucune remarque si nous n’avions à relever, dans un certain nombre de pièces, la réduction de -tz final à -s (voy., p. ex., III, 38 ; VII, 7, 38 ; VIII, 46, 52, 55, 62 ; IX, 31 ; XI, 67 ; XII, 3, 28 ; XIV, 8 ; XVII, 6, 8, 16, 32, 38, 42).
Le style est généralement simple : le vocabulaire n’est pas riche ; on retrouve, dans des pièces différentes, les mêmes mots et les mêmes formules ; en maints endroits (p. ex. II, 15 et 24 ; VII, 8 ; XVI, 17, 19), on constate d’évidentes chevilles ; on ne relève quelques mots rares que dans les pièces IX et, surtout, XII et XIII, dont la versification témoigne d’une recherche analogue.
Signalons pourtant quelques antithèses, d’ailleurs assez naturelles (p. ex. II, 11 ; VI, 1 ; VIII, 55 ; IX, 29-30 ; XI, 36-37). Deux pièces ont des coblas interrogativas ou tensonadas ; mais, tandis que VII ne présente un dialogue fictif qu’aux vers 47-48, le dialogue supposé figure, dans VI, aux vers 5-6 de chaque couplet ; il faut voir peut-être le même procédé aux vers 9-10, 20-21 de la pièce X. Notons encore une certaine recherche de la symétrie (p. ex. V, 43 ; VI, 1), et le rejet en tête de la phrase d’un membre de la proposition secondaire que l’on veut mettre en valeur (V, 15-16). Les métaphores et comparaisons, assez peu nombreuses, sont sans originalité (p. ex. IV, str. II et IV ; V, str. I et II ; XI, str. III ; XVIII, str. V). Le jeu de mots qui figure au début de la pièce XVIII est tout à fait exceptionnel. (↑)
V. Versification. — Les formules strophiques sont les suivantes (tous les couplets, sauf ceux de II et XVIII, sont unissonans ; les italiques désignent les rimes féminines) :
I : a b b a c c d d ; 10 syllabes ; strophe isolée ; Maus nº 535.
II : a a a a a b a a b ; 6 syllabes ; 6 coblas doblas ; la rime a change toutes les deux strophes ; Maus, nº 21 ; unicum.
III : a b b a a b b a ; 8 syllabes ; 5 couplets + envoi ; Maus nº 444, 33.
IV: a b b a c c d d ; 10 syllabes ; 5 couplets + envoi ; Maus nº 535.
V : a10 b10 b10 a10 c5 d5 c5 d5 e7e7 ; 5 couplets + 2 envois ; le mot amor est répété à la fin du v. 3 de chaque couplet ; Maus, nº 572.
VI : a8 b8 a8 c7 d8 d8 ; 6 couplets + envoi ; les mots per que sont répétés à la fin du v. 5 de chaque couplet ; Maus, nº 427 ; unicum.
VII : a8 b8 b8 a8 c7 d8 d8 c7 e8 e8 ; 5 couplets + envoi ; le mot merce est répété à la fin du v. 10 de chaque couplet ; Maus, nº 590.
VIII : a7 b7 b7 a7 c7 d5 d5 c7 e10 e10 ; 5 couplets + envoi ; les mots plazen et val sont répétés aux vv. 1 et 10 de chaque couplet ; Maus, nº 590.
IX : a8 b8 b8 a8 c7 c7 d5 d5 e8 e8 ; 5 couplets + envoi ; les mots aiziu, senhoriu et vezer sont répétés à la fin des vv. 2, 3 et 10 de chaque couplet ; Maus, nº 549.
X : a10 b10 b10 a10 a5 c5 c5 d5 d5 e7 e7 ; 5 couplets + 2 envois ; les mots clau, suau et alegor sont répétés à la fin des vv. 2, 3 et 9 de chaque couplet ; Maus, nº 475, 38, p. 89.
XI : a7 b5 a5 b5 a7 a7 a7 a7 b7 c7 d5 d7 c5 ; 5 couplets + envoi ; les vv. 10-11, 12-13 de chaque couplet présentent des rimes dérivatives, avec alternance de rimes masculines et féminines ; Maus, nº 202 ; unicum.
XII : a b b a c c b a a b ; 7 syllabes ; 5 couplets + 2 envois ; les vv. 1-2, 3-4, 7-8, 9-10 présentent presque partout des rimes dérivatives, avec alternance de rimes masculines et féminines ; unicum, inconnu de Maus.
XIII : a7 b8 b8 a7 c8 c8 d2 d2 e6 d2 d2 e6 ; 4 couplets + envoi ; Maus, nº 548 ; unicum.
XIV : a7 b7 a7 b7 c8 c8 d10 d10 ; 3 couplets + envoi ; Maus, nº 359.
XV : a b b a c c d d ; 10 syllabes ; 2 couplets + envoi ; Maus, nº 535.
XVI : a7 b5a7b5a7b5a7b5 c6 c6 c7 b5 ; 5 couplets + envoi ; Maus, nº 15 ; unicum.
XVII : a b a b c b c b ; 10 syllabes ; 5 couplets + envoi ; Maus, nº 331, 24, p. 88.
XVIII : a a a a a a a a ; 12 syllabes ; 5 coblas singulars + envoi ; Maus, nº 12. XIX : 2 coblas monorimes de 14 vers ; 12 syllabes; Maus, nº 5 ; unicum.
XX : a a a a a a a a ; 12 syllabes ; 5 couplets + envoi ; Maus, nº 12.
Les couplets sont, comme on le voit, de longueur assez variable ; un seul (VI) a six vers ; les autres en ont de huit à treize ; les plus nombreux en ont huit ; la moitié d’entre eux sont isométriques : vers de six syllabes (II), de sept (XII), de huit (III), de dix (I, IV, XV, XVII), ou de douze (XVIII, XIX, XX) ; les autres combinent deux (VI, VII et XI), plus souvent trois (V, VIII, IX, X, XIV, XVI), exceptionnellement (XIII) quatre mètres différents, dont le plus fréquent est l’heptasyllabe, qui figure dans tous les couplets. Six formules strophiques (II, VI, XI, XII, XIII, XIX) sont des unica.
La plupart des pièces ont cinq couplets et un envoi (deux envois dans V, X et XII) ; il y a deux couplets dans XV, trois dans XIV, quatre dans XIII, chacune de ces pièces étant terminée par un envoi ; enfin, II et VI présentent six couplets (+ envoi, dans VI).
Les rimes masculines prédominent ; douze pièces ne comptent que des rimes masculines ; il n’y a qu’une rime féminine dans VI ; il y en a, en revanche, deux dans VI, VII, XI, XIII et XVII ; six dans XII et huit dans XVI. On ne relève qu’une rime esparsa, dans VI. Dans six chansons figurent des mots-rimes ; un dans V, VI et VII ; deux dans VIII ; trois dans IX et X ; XI et XII présentent des rimes dérivatives, avec alternance de rimes masculines et féminines ; dans XIII, le poète a accumulé les plus grandes difficultés : emploi de dérivés et de composés d’un même radical, à presque tous les vers d’une même strophe ; allitérations, mots et rimes rares. En somme, Ricas Novas recherche souvent la difficulté, et nous comprenons que ses contemporains lui aient reproché d’écrire sotilmen (VIII, vv. 1-4).
Il n’y a quelques rimes rares que dans la pièce XIII ; on remarque en plusieurs endroits (II, 23 et 29 ; III, 17 et 21 ; VI, 4 et 16 ; XIV, 9 et 17 ; XX, 7 et 19) la négligence qui consiste à répéter, au cours d’une pièce, le même mot à la rime.
Les couplets sont ordinairement unissonans ; nous n’avons qu’un exemple de coblas doblas (II) et de coblas singulars (XVIII) ; nous ne pouvons pas savoir de quel système faisait partie l’unique strophe de 1, vraisemblablement détachée d’une chanson. (↑)
VI. Etablissement du texte. — Pour les pièces contenues dans C, j’ai adopté le texte et la graphie de ce ms. (II, IV, IX, XIV), sauf au cas où ce texte était incomplet (X), ou mutilé par l’ablation d’une majuscule (V, VI) ; à défaut de C, toutes les fois qu’il y avait plusieurs rédactions, j’ai adopté la plus complète ou, si elles étaient de même étendue, la plus correcte.
J’ai noté aux variantes toutes les leçons des mss offrant quelque intérêt, sans m’astreindre pourtant à relever toutes les variantes graphiques.
J’ai copié ou collationné moi-même tous les mss de Paris ; je dois des photographies de D et des copies de Sg à l’obligeance de MM. G. Bertoni et E. Gamillscheg, que je prie d’agréer mes vifs remerciements. Pour les autres mss, je me suis contenté des éditions diplomatiques.
J’ai emprunté à M. Appel plusieurs pièces imprimées dans les Provenzalische Inedita (III, VII, VIII, XI), sans m’interdire toutefois d’y introduire quelques modifications ; au Manualetto de M. Crescini, le texte de la mieja canso (XIV), auquel j’ai ajouté les variantes des quelques vers de Q ; à M. J. Anglade (70), la pièce XIII. Pour les sirventés échangés avec Sordel (XVI, XVII, XVIII), je me suis borné à reproduire l’excellente édition qui en a été faite par MM. G. Bertoni et A. Jeanroy (71). (↑)
NOTES
1. A. contient deux rédactions de la pièce II. (↑)
2. Ces mss (sauf D) présentent l’ordre 330, 10, 331, 1. (↑)
3. Voy. J. Boutière, Peire Bremon le Tort, dans Romania, LIV, pp. 427-453. (↑)
4. Voy. note 12. (↑)
5. Voy. « Vie et œuvres du poète ». (↑)
6. Pour les raisons indiquées plus bas (voy. le commentaire de la pièce XII), nous ne croyons pas à la paternité de Peire Bremon le Tort. Cette pièce a été publiée par Selbach, Das Streitgedicht in der altprovenzalischen Lyrik, Marburg, 1886, p. 104, et W. P. Shepard, Les Poésies de Jausbert de Puycibot, Classiques français du moyen âge, 1924, p. 52. (↑)
7. Cette pièce a été éditée par le Dr Dejeanne, Le Troubadour Cercamon (Annales du Midi, XVII, p. 30), et par M. A. Jeanroy, Les Poésies de Cercamon, Classiques français du moyen âge, 1922, p. 14. (↑)
8. Bartsch, trompé par celle même ressemblance, dit que 242, 81 figure dans M : ce dernier ms. contient en réalité 242, 53. (↑)
9. Voy. l’Introduction de XV. (↑)
10. Studj, VIII, p. 457. (↑)
11. Voy. les « notes » de cette pièce. (↑)
12. Les copistes distinguent bien, en général, les deux troubadours ; cependant E ne connaît, pour les deux poètes, que l’appellation Peire Bremon ; et c, Peire Breumon. L’hypothèse de C. Chabaneau (Histoire de Languedoc, X, p. 370), d’après laquelle il y aurait eu trois Peire Bremon, a été détruite par la lumineuse démonstration de M. Zenker ; voy. infra, note 39. (↑)
13. AIKN2 : nous avons publié le texte critique de cette biographie dans Romania, LIV, Peire Bremon le Tort, p. 452. Un Bremont figure également dans La Provence du Ier au XIIe siècle, de M. G. de Manteyer, Paris, 1908, p. 351. (↑)
14. Au fº 142 du ms. A, 21 lignes, précédant la première pièce donnée sous le nom de Ricas Novas, et évidemment destinées à contenir la biographie du poète, ont été laissées en blanc ; faut-il en conclure que cette biographie a existé ? (↑)
15. J. Boutière, Peire Bremon le Tort, dans Romania, LIV, p. 427. (↑)
16. Pièce XV, v. 25 : Lo cart cartier aurem nos autri Proensal. (↑)
17. Voy. note 3. (↑)
18. On trouve aussi les graphies : Bermon (C), Bremont (M), Breumon (c), Richas (T). (↑)
19. Les Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, éd. C. Chabaneau et J. Anglade, Paris, 1913, pp. 79-80 ; cf. Histoire et Chronique de Provence, 1624, p. 220 ; cette biographie a été suivie en grande partie par l’Histoire litt. de la France, t. XIX, p. 526. (↑)
20. Noves, petite localité des Bouches-du-Rhône, à 20 kilomètres au nord d’Arles ; d’après certains, dit Nostredame, Bremon serait né à Barbentane, bourg du même département, à l’ouest de Noves. (↑)
21. Il semble bien, notamment, que le soi-disant planh sur Raimon Beranger soit, en réalité, celui sur Blacas ; si un planh de Bremon sur la mort du Comte de Provence avait existé, ne serait-il mentionné par personne ? C. Chabaneau et J. Anglade (Essai de reconstitution du Chansonnier du Comte de Saull, dans Romania, XL, 1911, p. 259, note 3) se sont demandé si Nostredarne n’avait pas confondu Bremon avec Aimeric de Peguillan (Grundriss, 10, 1) ; pour les attaques contre les Français et la maison d’Anjou, il pourrait y avoir confusion avec Boniface de Castellane (Grundriss, 102, 2 ; Vies, p. 323 ; Romania, XL, p. 259, note 2). (↑)
22. L’Istoria della Volgar poesia, Venezia, 1731, vol. II ; Ire partie, p. 81 : bisognerebbe che almeno la prima voce fosse Ricars, par poterla dire scritta regolatamente. (↑)
23. Zeitschrift, X, p. 595. (↑)
24. Dans l’Index du tome I (699, E), une abbesse porte le nom de Bartolomea de Ricas Novas. (↑)
25. Cité par Crescimbeni, L’Istoira della Volgar poesia, p. 88, note. (↑)
26. Crescimbeni, L’Istoira della Volgar poesia, p. 88, note. (↑)
27. Vers 22. (↑)
28. Histoire de Languedoc, X, p. 370. (↑)
29. Pièce XVI: le mot joglar, pris dans son sens péjoratif, y est prononcé six fois ; vv. 17, 20, 25, 37, 59 et 64. (↑)
30. Pièce XIX, v. 14. (↑)
31. Voy. infra., « Vie et œuvre du poète » et note 57. (↑)
32. Voy. J. Boutière, Peire Bremon le Tort, dans Romania, LIV, p. 441. (↑)
33. 3e sirventés de Sordel, v. 29. (↑)
34. Voy. Notes, XVI-XVII-XVIII. (↑)
35. 2e sirventés, vv. 18-20 ; 3e sirventés, v. 28 : Sordel déclare que la femme de Bremon est obligée de coudre des chemises pour son mari pendant toute l’année ; mais devons-nous prendre cette affirmation au pied de la lettre ? (↑)
36. 2e sirventés, vv. 25 sqq. ; 3e sirventés, vv. 25 sqq. (↑)
37. 3e sirventés. vv. 28-29. (↑)
38. II, vv. 10 sqq., 41 sqq. ; III, vv. 13, 17 sqq. (↑)
39. Zenker, Die Lieder Peires von Auvergne, Erlangen, 1900, pièce XII, vv. 43 sqq., et note, p. 199 (Roman. Forsch., XII, pp. 915-1181) ; voici cette strophe : E Peire Bremons se baisset — Pos que·l coms de Toloza·l det — Qu’anc no soanet d’avinen. — Per que fon cortes qui·l raubet, — E fe o mal quar no·l talhet — Aquo que hom porta penden. Les trois premiers vers, que nous comprenons: « Et P. B. s’abaissa, quand le comte de Toulouse lui donna ce qu’il n’eut pas la convenance de refuser », s’accordent très bien, pour le sens, avec les vv. 17-24 du 2e sirventés de Sordel, où B. est accusé de « prendre sans donner » et de « se diminuer » en acceptant des cadeaux ; cf. notamment le v. 21 : Mas eu non pren ren don anta m’eschaia. Quant aux deux derniers vers, ils s’accordent bien aussi avec certaines critiques formulées par Sordel ; voy., p. ex., III, vv. 1-4. (↑)
40. Pièce XIX, vv. 21-23 ; voy. note 63. (↑)
41. Sordel avait quitté la Lombardie vers 1229 ; les voyages qu’il fit avant de venir se fixer en Provence ne paraissent pas avoir été de longue durée ; cf. G. Bertoni-A. Jeanroy, Un duel poétique au XIIIe siècle, dans Annales du Midi, XXVIII (1916), p. 278. (↑)
42. Voy. le commentaire de X et XI. (↑)
43. Voy. Notes, XI. Il n’est pas impossible que les pièces II et VI soient adressées à la même comtesse (cf. II, v. 17 ; VI, v. 19 ; XI, vv. 58-60) : dans ce cas elles seraient de la même époque que XI. (↑)
44. Voy. le commentaire, Notes, XIX. (↑)
45. Voy. le commentaire, Notes, XX. (↑)
46. Pièces XVI, XVII, XVIII, XIX. (↑)
47. Voy. le commentaire, Notes, XX. (↑)
48. Pièce XV. (↑)
49. Cf. note 45 ; notons également que Uc de Baux ne partagea ses biens à ses deux fils qu’en 1234 (Springer, Das altprovenz. Klagelied, p. 78). M. Schultz-Gora (Zeitschrift, VII, p. 211) se demande si le comte de la pièce XV est Raimon Béranger ou Charles d’Anjou ; le doute n’est pas permis, puisque le dernier nommé ne prit le pouvoir qu’en 1245. (↑)
50. Pièce XV, vv. 2-6, 15-16. (↑)
51. Voy. note 56. (↑)
52. Bremon se rendit directement à Marseille, puisqu’il dit, dans la tornada de XV, que Barral l’a estort. (↑)
53. Voy. les vers 17-19 de XV. (↑)
54. Sur la paternité de Bremon, voy. le commentaire de cette pièce. (↑)
55. C’est aussi l’opinion de M. Schultz-Gora, Zeitschrift, X. (↑)
56. 2e sirventés, vv. 41-44 ; cf. 3e sirventés, vv. 9-11 : Sos sens es tals — Qu’a son tort l’a partit de si·l coms proensals ; — E l’autre coms no·l vol, quar sap qui es ni quals. — Ce séjour est aussi attesté par la strophe déjà citée du sirventés de Peire d’Auvergne ; cf. note 40. (↑)
57. Édit. Bertoni, p. 15 ; M. Bertoni a montré (Studj romanzi, XII, 1914, pp. 10-11) que ces vers ont été écrits après l’échange des sirventés. (↑)
58. Bertoni-Jeanroy, Un duel poétique au XIIIe siècle, dans Annales du Midi, XXVIII (1916), p. 269. (↑)
59. Voy. XVI, vv. 3-5 : ... Ades ai sovinenssa — De mos amics de Proenssa ; 61 : Lai man al trobador ; XVIII, v. 18 : Si·m faill En Barrals. — Sordel, II, v. 43 : ...a Marseilla l’a faich azaut tornar ; III, v. 14 : Be·m meravelh quo·l pot retener En Barrals. (↑)
60. C’est le titre même de l’article cité de MM. Bertoni-Jeanroy. (↑)
61. Voy. l’Introduction des trois sirventés de Bremon, XVI-XVII-XVIII. (↑)
62. Voy. la note à XII, 55. (↑)
63. Voici ces vers : E pois s’ai auzi dir c’al viscomte plevi — Qe d’el ja no·s partra tro al jorn de la fi ; — Pois lai anet a penre, don lo viscoms merci ; cf. note à XIX, 22-24. (↑)
64. Sordello, p. 48. (↑)
65. Le Troubadour Bertran d’Alamanon, p. 102. (↑)
66. Voy. les preuves de cette affirmation dans notre article déjà cité, p. 430. (↑)
67. Voy. « Vie et œuvre du poète ». (↑)
68. Voy. note 43. (↑)
69. Voy. le commentaire de la pièce XX. (↑)
70. Poésies du Troubadour Peire Raimon de Toulouse, dans Annales du Midi, 1919-1920, p. 307 ; je reproduis également plusieurs « notes » de cette édition. (↑)
71. J’emprunte aussi à MM. Bertoni-Jeanroy la traduction et les « notes » de ces trois pièces, ainsi que la traduction des trois sirventés de Sordel (Appendice II). (↑) (↑) |