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Jeanroy, Alfred; Aubry, Pierre. Huit chansons de Bérenger de Palazol . "Anuari de l'Institut d'Estudis Catalans", 2 (1908), pp. 520-540.

HUIT CHANSONS DE BÉRENGER DE PALAZOL,

par A. JEANROY et P. AUBRY.

 

Le lecteur estimera sans doute, comme nous, que ce n'était point le lieu, en tête de cette édition incomplète et non critique, d'instituer des recherches originales sur la vie et l'œuvre de Bérenger de Palazol. Quelle est la source de son ancienne Biographie, dont les allégations, au reste fort sommaires, ne trouvent aucun point d'appui dans ses chansons, au moins dans celles qui nous sont parvenues? (1) Le poète est-il identique à un personnage du même nom, qui fut témoin, en 1157, d'un acte du Comte de Barcelone ? (2) Le Comte Jaufré, qu'il a chanté, (3) est-il, comme l’a conjecturé Milà y Fontanals, (4) l'avant-dernier comte de Roussillon, Jaufré III, mort en 1163 ? Quel est ce Bernat qu'il a célébré dans deux envois ? (5) La dame Maria, nommée dans un envoi (6), est-elle cette Maria de Peralada que mentionne l’ancien biographe ? Devons nous faire état, pour fixer l'époque où il vécut, d'une chanson qui ne lui est attribuée que par trois manuscrits très voisins et sans grande autorité, est nommé un comte de Toulouse ? Ce sont là des questions que nous laissons à d'autres le soin de traiter. Notre seule ambition est de mettre le lecteur en état d'apprécier, en même temps que les fraîches et naïves mélodies du vieux troubadour catalan, les poésies qu'elles accompagnaient et qui nous paraissent leur étre bien inférieures : en effet, si les vers de Bérenger se distinguent, comme l'a justement remarqué Milà (7), par « la douceur, la facilité et la simplicité » du style, il faut avouer que ces qualités dégénèrent parfois en fadeur, en banalité et en monotonie. Les idées, qui n'ont rien d'original, son souvent mal rattachées entre elles, et on s'étonnera sans doute des brusques sautes de sentiment ou de pensée que l'auteur s'y permet. Je n'ai nullement essayé de pallier ces défauts dans ma traduction, que j'ai faite aussi littérale que possible, sans espérer toutefois atteindre à une fidélité parfaite : en effet, les termes techniques de la langue courtoise représentaient pour les lecteurs du moyen âge, tout un ensemble de sentiments que ne sauraient rendre les équivalents modernes les mieux choisis.

Quoique le texte ici présenté au lecteur ne soit pas critique, il est au moins correct, et, ce me semble, à peu près assuré. Il est fondé sur le manuscrit C, le meilleur de tous, que j'ai reproduit fidèlement, sauf à le corriger, en de rares passages, à l'aide de E (8). Je n'ai pas jugé utile de communiquer les leçons de R, puisqu'on trouvera le texte complet de ce manuscrit dans la reproduction photographique ci-jointe.

Nos huit poésies sont toutes dans C (fol. 207 vº-209 vº) et dans R (fol. 36 vº-37vº) ; sept seulement dans E (p. 93-6) ; c'est notre numéro VI qui manque ; pour cette pièce j'ai utilisé les manuscrits A et H (9).

Les trois manuscrits de Paris portent les rubriques suivantes :

R : B. de Pararols ou Pararol . — E : Berenguier de Palazol. — C : Ber. de Palou (10).

Les pièces suivantes avaient déjà été imprimées intégralement :

I (Bona domna) : Raynouard, Choix, III, 239. Archiv, XXXVI, 444 (V).

II (De la gensor) : Rayn., III, 232.

III (Ab la fresca) : Mahn, Gedichte, nº III (C).

IV (Totz temoros) : Rayn., III, 234.

V (Dona, si totz temps) : Appel, Prov. Inedita, p. 16 (CER).

VI (Dona, la genser) : Archiv, XXXIV, 179 (A) et 413 (H) ; Studj di filol. rom. III, 530 (A) et V, 538 (H).

VII (Aital dona) : Rayn., Lexique, I, 359.

VIII (Tant m'abelis) : Rayn., III, 236.

C'est le ms. C que Raynouard a constamment suivi, mais il y a introduit un certain nombre de corrections, parfois inutiles . — A. J.

 

Les mélodies affectées aux chansons de Bérenger de Palazol nous ont été conservées par le seul manuscrit R : elles sont la raison du choix fait ici dans les poésies de ce troubadour.

Les leçons mélodiques de ce manuscrit s'imposent donc dans une reconstitution des chansons de Bérenger de Palazol. Elles sont ordinairement excellentes et quand, à deux ou trois reprises, nous avons cru devoir nous en écarter, nous donnons en note les motifs de nos corrections. Toutefois pour ce qui est de l'élément littéraire de ces compositions nous suivons, d'accord avec M. Jeanroy, le texte du manuscrit C.

La transcription en notation moderne de ces vieilles mélodies est faite conformément aux principes exposés par nous en diverses publications (11). Il ne s'est point rencontré de difficultés particulières dans cette partie de notre travail : l'œuvre musicale du troubadour catalan a repris d'elle même sa place à la tête de ses compositions poétiques, dont elle est sans doute la meilleure part. — P. A.

 

 

Notes :

1. Ce document a été imprimé en dernier lieu par C. Chabaneau (Biographies des Troubadours, p. 96). ()

2. Chabaneau, loc. cit. n. 4 et p. 128. ()

3. Dans l'envoi de la chanson S’ieu sabi'aver guizardo, imp. par Milà, De los Trovadores, 2. éd., p. 465. ()

4. Milà, loc. cit., p. 465. ()

5. De la gensor qu'om vei' et Ab la fresca clardat (plus loin), nos II et III. ()

6. Ab la fresca. ()

7. Loc. cit., p. 364. ()

8. L'ordre adopté est celui de R, qui nous a seul conservé les mélodies. Je ne m'astreins pas à corriger quelques fautes contre la déclinaison imputables au scribe. Dans E plusieurs des strophes initiales ont à peu près disparu, par suite de l'ablation des lettres ornées. ()

9. Le premier, auquel manque la strophe III et qui ajoute un envoi, a été imprimé dans l'Archiv de Herrig, XXXIV, 179, et dans Studj di filologia romanza, III, 530 ; le second, qui ne donne que les strophes I et II dans Archiv XXXIV, 413, et Studj V, 538. ()

10. Cette forme est intéressante, en ce qu'elle atteste la fidélité relative de C à un original sans doute catalan qui devait porter ou Palau (de Palatium) ou Pallol (pour Palahol, de Palatiolum). Sur cette localité, aujourd'hui Pallol, prés d'Elne voy. Chabaneau, loc. cit., p. 96, n. 4. ()

11. Voir principalement La rythmique musicale des troubadours et des trouvères, Paris, Champion, 1907 et Trouvères et troubadours, Paris, Alcan, 1909. ()

 

 

 

 

 

 

 

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