PUBLIÉES AVEC INTRODUCTION, TRADUCTION, NOTES ET GLOSSAIRE
PAR
AIMO SAKARI
A notre bon conseillier,
M. Arthur Långfors,
en hommage de gratitude fidèle
AVANT-PROPOS
Le sujet de la présente étude nous a été suggéré par notre vénéré maître, M. A. Långfors, professeur honoraire de philologie romane et ex-recteur de l'Université de Helsinki, à qui va notre plus vive gratitude. Il nous a fourni des matériaux précieux: de nombreuses copies, photographiques ou, surtout, exécutées d'après les éditions diplomatiques des différents manuscrits — par un excès de scrupule, nous les avons toutes confrontées avec les originaux, même quand elles étaient déjà collationnées, — des (brouillons de) traductions et des notes diverses concernant principalement la métrique. Il est inutile de souligner de quel secours cette contribution nous a été, d'autant plus qu'elle s'accompagna d'un concours averti et dévoué.
Nous avons eu la bonne fortune de jouir aussi, à ladite Université, de l'enseignement des romanistes O. Tuulio (Tallgren) et H. Petersen-Dyggve, auxquels nous ne rendons hommage qu'à titre posthume, et de MM. E. Linkomies et P. Katara, nos maîtres de philologie latine et germanique. C'est en mettant la dernière main à notre étude que nous avons particulièrement tiré profit des conseils judicieux de nos amis, M. V. Väänänen, qui occupe la chaire de philologie romane à Helsinki, M. T. Nurmela, son collègue à Turku, qui nous a procuré aussi quelques photocopies des manuscrits italiens, et M. T. Mustanoja, maître de conférences à Helsinki, qui nous a aidé à corriger les épreuves.
Entre temps, nous avons pu passer de longues années a Paris, au cœur même des recherches néo-latines, près des plus éminents érudits français. Notre reconnaissance va surtout à M. C. Brunel, membre de l'Institut, ex-directeur de l'École des Chartes, et à M. J. Boutière, savant professeur de philologie romane à la Faculté des Lettres de Paris, directeur de l'Institut d'études roumaines. Parmi nos autres maîtres de Paris, et encore que leurs cours n'aient pas porté spécialement sur le provençal, il nous faut remercier avant tout M. M. Roques, membre de l'Institut, professeur honoraire du Collège de France, directeur d'études et président de l'École des Hautes Études, et M. P. Fouché, professeur à la Faculté des Lettres de Paris, directeur de l'Institut de Phonétique.
Nous nous faisons un devoir d'adresser une pensée reconnaissante et pieuse à la mémoire de feu G. Lozinski, ami et disciple de M. Långfors, qui a grandement facilité nos débuts parisiens scientifiques, et à celle de notre regretté ami I. Frank, professeur de philologie romane à Sarrebruck — ai ! douz compaings, viaz vai vostre brius! — qui a pris la peine, il y a quelques années, de parcourir notre thèse, encore bien incomplète alors, et de nous suggérer maintes bonnes idées. Nous tenons à remercier vivement MM. K. Lewent et F. Chambers d'avoir eu l'obligeance tant de nous communiquer leur avis que de mettre à notre disposition leurs études qui concernaient parfois notre poète. Il ne nous convient pas non plus d'oublier notre ami, M. K. Almqvist, éditeur de Guilhem Adémar.
Nous avons également à cœur de remercier nos amis, MM. O. Wartiovaara et O. Munkki, représentants diplomatiques de la Finlande, qui ont bien voulu s'entremettre pour nous procurer des photocopies du manuscrit provençal conservé dans la Pierpont Morgan Library à New-York.
Enfin, notre reconnaissance tout affectueuse va à notre oncle, M. W. Salonen, dont la sollicitude matérielle et morale a rendu possibles nos études universitaires, et à notre chère épouse qui, avec un dévouement sans défaillance, nous a aidé à dactylographier ces pages.
A. S.
RECHERCHES SUR LA VIE DE GUILLEM
DE SAINT-DIDIER
Le début de la vida consacrée au troubadour dont traite la présente étude nous en indique le nom, la condition et le lieu d'origine: Guillems (1) de Saint Leidier (2) fo us rics castellans de Veillaic (3), de l'evescat del Poi Sainta Maria. (4) Effectivement, la seigneurie de Saint-Didier avait une très vaste étendue. (5) Pour ce qui est du siège même du troubadour, ses débuts disparaissent dans la nuit des temps, mais au XIe siècle, au plus tard, il y avait une citadelle féodale qui avait donné son nom à la paroisse formée autour de son enceinte: »parochia castri de S. Desiderio». (6)
Cent ans plus tard, Guillem, le troubadour, devient — ou redevient — vassal diocésain de l'evescat del Poi Sainta Maria (7), durant l'épiscopat de trente ans de Pierre IV, le principal artisan du pouvoir temporel de l'église anicienne. (8) Guillem historique émerge au moment même où le roi de France réunit le comté de Velay ou du Puy au domaine de l'évêque. (9)
En dépit de la sollicitude dont le Velay bénéficia de la part du roi de France, du pape et aussi du comte de Toulouse, ce sont les vicomtes de Polignac qui avaient accoutumé d'y faire la pluie et le beau temps. (10) Ils firent aux prélats une guerre sans merci (11), qui atteignit son point culminant du vivant de Guillem de Saint-Didier, à partir du vicomte Armand II: (12) oubliant pour quelque temps leurs disputes domestiques, le nouveau comte d'Auvergne par usurpation et l'ancien, son neveu, se joignirent alors à eux. Ceux qu'ils dépouillaient recoururent à la puissance royale, et ce ne fut pas en vain. (13)
C'est grâce à ces querelles que Guillem est devenu personnage historique. Le plus ancien document qui le mentionne est une bulle du pape Alexandre III, datée du 20 juillet 1165. (14) Le deuxième, de 1171, est un des six accords intervenus entre l'évêque du Puy et les vicomtes de Polignac. (15)
Il existe aussi un document rédigé en provençal, du vivant de Guillem, qui le concerne, probablement, mais dont aucun des historiens qui se sont occupés de sa vie n'a fait mention: »Willems de Glavenas e Jarentes, sos fraire, e lor maire engatgerunt e pois venderunt la chalm de Garmentes a Saint Agreve (16) .LXX. libras et ant o jurat qu'il d'aisi aenant re no i queirant, et si om re i queria, qu'i lo dedendrant a dreitura. D'aiso sunt garentias ... Ber. Disders... Jaucerans ... Fermansas sunt W. Disders ... »
Identifier W. Disders, au nom si fortement abrégé, à notre Guillem peut paraître hasardeux. Cependant, étant donné la date (17) approximative de cette charte, ainsi que le lieu de sa rédaction, celui qui y ouvre la liste des témoins n'est probablement personne d'autre. N'était-il pas vassal de l'église du Puy, acheteur? Les châtelains trouvaient normalement leur place en tête des listes de »fermansas». Disders n'était point une forme inusitée pour Didier. (18)
Un document mentionnant Gauceran, le petit-fils de Guillem, nous montre que celui-ci était déjà mort à la fin du siècle. (19)
Suivant le règles de l'amour courtois, calquées sur celles de la féodalité, les troubadours se faisaient, paradoxalement, un devoir de celar les dames qu'ils célébraient. Guillem a tenu la gageure »No cuges ges qe per nom vos apelh» (20) jusqu'à une exception: dans la seconde tornade de III il nomme Marcheza; sans cela, peut-être, »ja mais jorn non sabri' om del mon Qi es donna cil qe·inten jauzion». Cet unique renseignement aura guidé les biographes provençaux qui, ayant dit de Guillem »qui fo ni don» et l'ayant couvert d'éloges coutumiers, nous indiquent »quals fo sa dona»: (21) il aima (Bélissende) Marquèze de Polignac, qui était sœur du (troubadour) Dauphin d'Auvergne et de madame Sail de Claustra et épouse du vicomte (Héracle III) de Polignac. (22) Il est possible que Guillem lui présentât ses hommages dès l'époque à laquelle il fut vassal de ces farouches batailleurs: A la Marcheza ... eu soi hom e serai o jase. (23)
Admettons que l'ami et confident de la vida, Hugo Marescalc, fut un personnage réel de l'entourage du poète. (24) Mais la fellonia, le rôle que lui fait jouer la razo de XIII, ne repose que sur un thème de fabliau — le »commentaire» ingénieux de VI, qui introduit le vezcomte de Polonhac uniquement puisque le récit a besoin du mari de la dame présumée, en présente un autre, — appliqué à Guillem parce qu'il parle d'un mensonge, dans l'envoi, et du mal q'ieu trac per lieis, v. 39 de la pièce en question. (25) Enfin, que messire Hugo soit l'un des deux Bertran auxquels les tornadas de huit chansons font allusion (26), semble plutôt un rapprochement hasardeux aventuré par l'auteur-fabuliste. La razo de XIII fait entrer en scène un nouveau personnage: una mout presiada dompna ... en Vianes, la comtessa de Roissillon. (27) Le poète en aurait été amoureux.
Avare d'allusions personnelles (28), Guillem ouvre la présentation caricaturale de poètes contemporains (29), 305, 16, du Moine de Montaudon; est-ce par antériorité d'âge? Giraut de Bornelh, »le maître des troubadours», semble avoir fait aussi, quoique indirectement, allusion à lui. (30)
Récapitulons le peu que l'on sait de la vie de Guillem: né dans la première moitié du XIIe siècle (31), il était déjà seigneur de Saint-Didier en 1165 et tour à tour vassal des vicomtes de Polignac et de Notre-Dame du Puy; il était en contact avec certains troubadours contemporains, dont sûrement aussi son voisin Dalfi d'Auvergne, frère de sa suzeraine, à laquelle il dédiait de ses chansons; enfin, il est mort entre 1195 environ et 1200. (↑)
RECHERCHES SUR L'ŒUVRE DE GUILLEM
ÉTENDUE
Ajoutant deux numéros à ceux du Grundriss de Bartsch, Pillet et Carstens réunissent, sous la rubrique »Guillem de Saint Leidier», dix-neuf pièces qui lui ont été attribuées: (32) les nos 234, 1-17 de leur Bibliographie; cependant, leurs apports, 234, 12a et 15a, ne font qu'un. (33) Ils en éliminent deux, 234, 10 et 13. (34) Effectivement, il faut rejeter résolument, non seulement la chanson de croisade, 234, 10, qui est de 1265-1269 (35), et 234, 13 qu'il faut renvoyer au nº 243, 8a, mais aussi la leste tenson fictive, 234, 8, de Peire Duran, comme l'indique R, mais attribuée à Guillem par l'autre ms., C, puisque présentant le même compas que la tenson 234, 12 (notre IX) du troubadour vellave. (36)
Des quinze pièces qui nous restent ainsi deux seront reléguées à la section des attributions douteuses: ce sont des unica qui ne sont guère dans la manière de Guillem: la chanson religieuse, 234, 2 (notre XIV), et la parodie de chansons amoureuses, 234, 17 (XV). Dans ce qui suit, nous allons débattre le pour et le contre de leur attribution.
XIV (234, 2)
Guill'. de Sant Desdier: c'est le nom de l'auteur d'après l'unique manuscrit C. Paul Meyer est pourtant »disposé à retirer à notre troubadour la pièce Aissi cum a sas faissos, que le seul manuscrit E (37) nous a conservée; c'est une chanson purement religieuse et qui n'est guère dans la manière de G. de Saint-Didier.»
Lowinsky (38) estime que la chanson est »d'un style gauche et d'un prosaïsme épouvantable» et que »le sujet et le style portent le cachet évident d'une époque postérieure, où l'on commençait à dogmatiser aussi dans la lyrique. La paternité de cet aride exercice d'école doit être enlevée à l'élégant Guillem, ami des images». Selon Lowinsky, la pièce serait même trop moderne pour pouvoir être attribuée au petit-fils du troubadour vellave.
La versification y est très correcte et la déclinaison rigoureusement observée. Cependant, il y a deux traits tardifs: am, forme introuvable ailleurs, pour avem, v. 18 (assuré par le mètre), et cros, »croix», à la rime, v. 30. Vassal de l'église du Puy, Guillem aurait pu lui payer ce tribut. Comme, pourtant, les chansons pieuses n'étaient pas encore en vogue à cette époque, que l'on ne peut guère se fier aux attributions des unica, dans C, et que les strophes de Guillem ne comportent pas autant de vers qu'ici (39), nous classerons la pièce parmi celles d'attribution douteuse.
XV (234, 17)
L'unique manuscrit, a1, indique, comme nom d'auteur, En Guilliem de Saint Leidier, mais la comparaison de cette parodie de chansons amoureuses à l'œuvre sûrement authentique du poète langoureux ne confirme guère pareille attribution. Pour en faire établir le bien-fondé éventuel, M. Lewent, éditeur de la poésie licencieuse (40), est amené à citer force passages d'une désinvolture, voire d'un sans-gêne brutaux chez d'autres troubadours. (41) Dans 234, 17, l'aimée de l'auteur n'est pas une dame, mais une courtisane; (42) aussi la pièce — simple facétie burlesque de jongleur — devient-elle de ce fait parodie de vasselage amoureux. Une telle production ne peut être issue que de la main d'un cynique ou d'un satirique impudent. Or, le gentilhomme vellave n'est ni l'un ni l'autre, il nous semble. (43)
Ainsi, l'œuvre de Guillem se compose de treize pièces dont l'authenticité ne soulève pas de doutes. (44) Il va sans dire que c'est sur elles que les réflexions suivantes porteront en premier lieu. (↑)
VALEUR POÉTIQUE
Guillem de Saint-Didier est un troubadour moyen de l'époque d'or de l'ancienne poésie provençale. Si son art paraît quelque peu monotone, c'est qu'il s'est voué presque entièrement à la composition des chansons, genre qui primait tous les autres. Parmi les treize pièces qui sont sans conteste de lui, il n'y a qu'un planh, inspiré par la mort d'un ami, et une tenson fictive, présentée sous la forme de l'explication d'un songe. (45) D'après l'ensemble de son œuvre, Guillem est le type même de l'amant langoureux de la littérature de son époque. Comme les autres, il assimile le service féodal et le service amoureux et, amateur de lieux communs, suit autrement aussi les sentiers battus. Mais, lorsqu'il s'en écarte, il a parfois des éclairs de génie et des hardiesses de vrai poète.
Jeanroy situe bien ce troubadour de »quelque renom». (46) Après avoir reconnu un talent vraiment exceptionnel aux plus grands, il observe que cet éloge n'est pas pleinement mérité par »le puissant seigneur vellave Guillem de Saint-Leidier» qui ne dédaignait pas quelques menus enjolivements, comme les rimes intérieures et dérivatives ou les coblas capfinidas. (47) »Mais en dépit de ces entraves, la pensée reste nette et le style clair. Le second [=Guillem] notamment a parfois une affectation de naïveté ou de brusquerie qui n'est pas sans grâce ... Ses offres de service sont d'une désinvolture qui sent son gentilhomme [cf. VIII, 17-24] ... Il partageait en somme sur le style les théories exprimées par Peire Raimon: '... Quoique mes couplets soient faits de main de maître, ils seront aisés à comprendre pour tous'.» Une des pièces de Guillem commence par: »Bel m'es oimais qu'eu retraja Ab leugieira razon plana Tal chanson que cil l'entenda!
Dans le nº I, str. IV, il y a une malice qui a frappé tous les esprits. Voilà comment Jeanroy l'explique: »Il ose exprimer le désir de contempler sans voiles les beautés qu'il adore, pour l'excellente raison qu'on loue plus chaudement ce qu'on a vu de ses yeux que ce qu'on doit se représenter par l'imagination». M. Lewent, qui admire également la façon facétieuse et spirituelle dont Guillem combine ici le motif de faveurs sollicitées et celui de l'obligation de propager les louanges de sa dame (48), souligne qu'il est un homme d'esprit mobile et, dans le cadre de la tradition, un poète d'une certaine originalité. (49)
Dans son Essai sur l'histoire de Provence (Marseille, 1785), II, p. 276, Bouche exagère en trouvant Guillem digne d'être cité parmi les meilleurs troubadours, ceux »dont on doit regarder les ouvrages comme l'école où Petrarque et Bocace s'instruisirent», mais il ne s'exprime cependant pas tout à fait à l'étourdie. (50) (↑)
LANGUE
Le berceau de Guillem une fois bien situé, il n'y a plus de secret »géographique» concernant son outil, la langue dont il se servait: c'est la branche vivaraise du groupe alpin-dauphinois des parlers provençaux. (51) Cependant, empruntant à tous les dialectes des formes nécessitées par la métrique, les troubadours utilisaient une sorte de koiné passe-partout. D'un autre côté, les graphies des manuscrits ne reflètent pas, normalement, les habitudes linguistiques des auteurs, mais celles des scribes, sauf quand la position d'un mot à la rime (ou, parfois, la structure d'un vers) dévoile que telle forme est imputable aux premiers. Le Velay est un des coins du domaine de la langue d'oc les moins riches en documents rédigés en provençal; dès le XIVe siècle, les Polignac y introduisirent d'ailleurs le français. Le seul trait dialectal à signaler chez Guillem est pratiquement partia (pour partida) rimant avec mia, sia, etc., dans VII, 35, encore que trouvable chez des trouhadours de toutes régions. (52) (↑)
VERSIFICATION
Les faits de versification ressortiront le mieux d'un tableau d'ensemble des schémas employés: (53)
Guillem use, de préférence, de huitains; ses strophes sont de six vers dans XIII (couplets monorimes), de sept dans VI, X, XI, et de neuf dans I. (54)
Ses pièces se composent (55) de cinq strophes dans I, VII, X et XI, de six dans II, III, IV, VIII, IX, XII, de sept dans V, XIII (ce qui est normal), et de neuf strophes dans VI, où deux ou trois couplets servent à encadrer le vers, le message proprement dit. Les pièces I, IX (»somi») et X (planh) sont dénuées de tornadas, tandis que les autres en présentent une ou deux chacune.
Selon la terminologie des Leys d'amors, Guillem présente des coblas unissonans (56) dans I, II, III, V, VI, VII, VIII, X, XI, XII, singulars (57) dans XIII (dans III, V, VIII et XIII elles sont en plus capfinidas (58)), doblas (59) dans IX, et alternées (60) dans IV. Il y a des rimes intérieures dans I.
En suivant l'ordre dans lequel les pièces de Guillem se suivent dans notre édition, nous allons maintenant étudier de plus près leurs caractéristiques métriques.
I (234, 1)
Suivant qu'on tient compte ou non des rimes intérieures, il y a deux schémas différents. Le schéma monométrique est comme un prolongement de celui de Raimbaut d'Orange, 389, 4:
Absolument tel quel, ce schéma se rencontre dans quatorze pièces provençales, et dix fois avec encore les mêmes rimes, donc imitation certaine. Dans son article extrêmement intéressant, Imitation of Form, M. Chambers démontre que Bertran de Born, 80, 34 est l'un des deux premiers sirventes de la poésie provençale qui imitent des compas déjà existants, dans ce cas précis celui de Guillem de Saint-Didier. (62) Pour bel, cf. V.
III (234, 4)
Les rimes b et d sont assonantes. Celle-là consiste en -en à l'n stable, celle-ci en -e. Une bonne moitié des mots-rimes d présentent l'e devenu final par la chute de l'n caduc.
Comme V, VIII et XIII, cette chanson a des coblas capfinidas. (63)
IV (234, 5)
La versification de cette pièce est extrêmement ingénieuse. (64) On a tout d'abord affaire à des coblas à rimas dissolutas ou estrampas. (65) Mais pour leur compas, les coblas ne sont pas absolument identiques: les impaires sont composées de vers féminins trochaïques de sept syllabes, tandis que dans les paires les vers sont ïambiques et octosyllabes; par couples de strophes, les mots-rimes sont les mêmes, mais apparaissent dans l'ordre inverse (coblas retrogradadas) et ont les fins masculines:
a
b
c
d
e
f
g
h
str. I, III, V, 1re torn.
7’
7’
7’
7’
7’
7’
7’
7’
str. II, IV, VI, 2e torn.
8
8
8
8
8
8
8
8
Rimes: ai(a), an (a), en(da), in(a), ur(a), onh(a), anh(a), enh(a).
Par l'effet de cette versification, les coblas arrivent à être capcaudadas (66) deux à deux et, à la fois, »grammaticales». (67) En dehors des vers associés, il n'y a pas de répétition de mots-rimes, si ce n'est le vb. simple venir (vv. 8 et 9), d'une part, et le composé revenir (v. 24 s.), de l'autre. (68)
V (234, 6)
Les strophes sont capfinidas avec, en plus, ce raffinement qu'au mot terminant un couplet ne correspond pas le même mot tel quel, mais une variante »grammaticale» (II-III: pensar - pens, V-VI: doptar - dopti), si bien que le plus souvent le radical s'oppose à son dérivé (I-II: desirar - desir subst., II-III: follejar - fols, IV-V: ben-cuidar - cuich subst., VI-VII: doblar - doble adj.).
Joi figure quatre fois dans la première strophe: la répétition fréquente et intentionnelle d'un mot s'appelle en versification replicacio; joi se rencontre encore aux vers 14, 38 et 49. (69)
Le nº 364, 30 de Peire Vidal a le même compas que notre V. (70) Comme les rimes y sont presque identiques et qu'il s'agit d'un sirvente-chanson, on peut supposer que Peire a imité son contemporain.
VI (234, 7)
Il y a neuf coblas dans ce vers, (71) ce qui est plus qu'à l'ordinaire. Deux ou trois d'entre elles servent pourtant à encadrer le véritable message du poète. La chanson de Peirol, 366, 13, est la seule pièce qui présente la même disposition des rimes, mais celles-ci (dont c est féminine) sont différentes. Les vers de Peirol sont décasyllabes. (72)
VII (234, 9)
Cette disposition des rimes est des plus fréquentes — Guillem lui-même la présente aussi dans V — et elle va le plus souvent avec des décasyllabes. Guillem est pourtant le seul à ne présenter que des décasyllabes féminins. (73)
VIII (234, 11)
Ce compas a été imité par Lanfranc Cigala, dans son sirvente fragmentaire, 282, 26, dont le manuscrit, F, n'a conservé qu'une strophe. (74)
IX (234, 12)
D'habitude, la disposition des rimes est en même temps caractéristique pour le schéma syllabique des strophes, là où le mètre des vers d'une cobla varie. (75) Les vers de onze syllabes constituent un mètre archaïque. Guillaume IX, comte de Poitiers, le plus ancien troubadour connu, s'en est servi dans trois de ses onze pièces conservées, mais ils deviennent rares chez les nouvelles générations. Les débuts poétiques de Guillem de Saint-Didier remontent peut-être plus loin en arrière qu'on ne le pense d'habitude. (76)
Aux vers de onze syllabes, la césure de loin la plus fréquente est la suivante: le premier hémistiche est masculin et la coupe s'établit ainsi: 7 m. + 4. (77)
X (234, 12a)
La rime a est isolée, rim estramp. Il y a sept autres pièces qui ont le même compas. (78)
XI (234, 14)
La tripartition des strophes est très nette: le rythme des deux pedes est trochaïque, tandis que les trois vers octosyllabiques de la cauda son ïambiques. Ont identité de ce compas: la tenson de Guionet, 238, 1a, et la cobla anonyme, 461, 244, deux imitations pures et simples. (79)
XII (234, 15)
Cette disposition des rimes est très fréquente, (80) mais elle ne se rencontre qu'une fois chez Guillem. Il y a lieu d'ajouter qu'aucune des huit autres pièces qui ont exactement le même compas n'a les mêmes rimes, et que dans notre chanson, les vers 2, 4, 8 de chaque couplet présentent la césure épique, (81) ce qui prête au poème une allure métrique toute particulière.
XIII (234, 16)
Il y a des alexandrins monorimes dans dix-huit pièces lyriques provençales, (82) dont huit ont des stances de six vers. Les strophes dans XIII sont capfinidas et les rimes dérivatives et grammaticales. L'interdépendance des deux premiers couplets est à remarquer: dans la deuxième, nous retrouvons, sous la forme de participe passé, substantivé ou non, les infinitifs de la première. (83) Il y a des rudiments de rimes intérieures à la césure (qui se place toujours après la sixième syllabe): -ors, vv. 1 et 3, -os, vv. 16 et 18, et -ais, vv. 25-27, mais le poète n'en fait pas un système ici. (84)
Cinq dizains unissonans et une tornada de trois vers. La disposition des rimes est unique:
a
b’
b’
a
a
b’
a
c’
c’
a
os, aire, ansa
7
5
5
7
7
5
7
7
7
7
C'est l'exemple unique de Frank, nº 474, et de Maus, nº 442.
XV (234, 17)
Cinq coblas unissonans de huit vers décasyllabes, dont les rimes, toutes masculines, sont ainsi disposées:
a
a
a
b
a
b
a
b
anz, e
10
10
10
10
10
10
10
10
Chaque strophe se termine par le mot-refrain me. Cinq autres pièces ont le même schéma, mais rimes différentes. (86)
* * *
Les Leys d'amors, très nettement postérieures à l'époque d'or de la poésie provençale, essaient de définir le bon usage poétique, mais leurs règles ne sont pas toujours conformes à la tradition. L'hiatus n'y est pas admis en principe, mais il y a force concessions: n'est pas considérée comme hiatus la rencontre de deux voyelles dont une au moins fait partie d'une diphtongue qui ne se réduit pas ou de certains pronoms (accentués) ou de particules de peu de volume ne s'élidant pas (normalement); l'hiatus qui reste malgré une élision n'en est pas un non plus. (87) Dans son texte, tel que nous l'avons établi, Guillem présente plusieurs hiatus que les Leys toléreraient difficilement. (88)
Retour d'un mot à la rime est accepté par les Leys si le sens ou l’emploi est différent les deux fois. Il n'y a pas de répétition s'il s'agit d'un simplex et de son composé (cf., par ex., II, 13 promes, 37 mes) ou de deux composés différents (cf. VII, 7 maltraire, 15 estraire, 31 traire, etc.). Les répétitions à la tornade ne comptent pas (II, 8 et 52 mon, etc.). (89)
En ce qui concerne la césure, Guillem se conforme à l'usage. Signalons toutefois que la césure lyrique, où l'atone compte, est fréquente chez lui: la coupe des décasyllabes s'établissant normalement 4 + 6, il n'hésite pas devant les premiers hémistiches comme ceux-ci: II, 4 Vuoill mas coblas, 25 Bella dompná, 47 E non sapchá, etc. — XII présente la césure épique, où l'atone ne compte pas, aux vers 2, 4 et 8 de toutes les strophes; citons en le premier: Saupest assire tot mon cor e mon sen (décasyllabe). Enfin, la césure débordante se trouve dans les décasyllabes suivants: II, 21 Ai ! cals franqueza for' ..., 44 Cum fai la rosa qand nais ..., III, 6, 53, X, 14, et dans les vers de onze syllabes (coupe normale 7 + 4): IX, 12, 42. (↑)
MANUSCRITS ET PRINCIPES DE L'ÉDITION
Les chansonniers qui contiennent les anciennes poésies provençales sont, d'habitude, désignés par les sigles que leur a donnés Bartsch (90) et que maintiennent Pillet-Carstens. (91) Nous dresserons un tableau d'ensemble de ceux des manuscrits qui renferment des pièces de Guillem. On y trouvera: leurs dépôts et cotes, lieux et dates de copie, éditions diplomatiques éventuelles et, entre parenthèses, références, dans l'ordre, aux bibliographies de M. Brunel, de Pillet-Carstens et de Jeanroy.
A — Vatican, latin 5232; Italie XIIIe s. Pakscher-De Lollis, Studj di fil. romanza, 3, 1891. (Nº 325; p. X; p. 1.)
B — Paris, Bibl. Nat. fr. 1592; Provence XIIIe s. Les var. par rapport à A: Pakscher-De Lollis, op. cit. (Nº 152; p. XI; p. 2.)
C — Paris, Bibl. Nat. fr. 856; vers Narbonne XIVe s. (Nº 143; p. XII; p. 3.)
D — (D, Da, Dc et le suppl. en papier, d) Modène, Bibl. Estense, α R. 4. 4; Italie, D, Da et Dc XIIIe et XIVe s., d XVIe s. Dc publié par Teulié-Rossi, AdM 13 et 14, 1901-1902. (Nº 314; pp. XII et XXVI; p. 4.)
E — Paris, Bibl. Nat. fr. 1749; Languedoc XIVe s. (N 156; p. XIII; p. 5.)
G — Milan, Bibl. Ambrosienne, R. 71 supra; Italie XIVe s. Bertoni, Gesellschaft für roman. Lit., 28, 1912. (Nº 311; p. XIV; p. 6.)
H — (nº 167, recueil de citations de coblas) — Vatican, latin 3207; Italie XIVe s. Gauchat-Kehrli, Studj di fil. rom. 5, 1891. (Nº 321; p. XV; p. 7.)
I — Paris, Bibl. Nat. fr. 854; Italie XIIIe s. (Nº 142; p. XV; p. 8.)
K — Paris, Bibl. Nat. fr. 12473; Italie XIIIe s. (Nº 179; p. XVI; p. 8.)
L — Vatican, latin 3206; Italie XIVe s. Pelaez, Studj romanzi, 16, 1921. (Nº 320; p. XVII; p. 9.)
M — Paris, Bibl. Nat. fr. 12474; Italie XIVe s. (Nº 180; p. XVII; p. 10.)
N — New York Pierpont Morgan Library 819; Italie XIVe s. (Nº 11; p. XVIII; p. 10.)
O — Vatican, latin 3208; Italie XIVe s. De Lollis, Atti della reale Accademia dei Lincei, ser. IV, Classe di scienze morali, 2, 1886. (Nº 322; p. XIX; p. 11.)
P — Florence, Bibl. Laurentienne, pluteus XLI, codex 42; Italie, copie terminée en 1310. Stengel, Archiv f. d. Studium d. n. Spr. u. Lit., 49 et 50, 1872. (Nº 290; p. XX; p. 12.)
Q — Florence, Bibl. Riccardienne 2909; Italie XIVe s. Bertoni, Gesellschaft f. r. Lit., 8, 1905. (Nº 306; p. XX; p. 13.)
R — Paris, Bibl. Nat. fr. 22543; Languedoc XIVe s. (Nº 194; p. XX; p. 13.)
Sg — Barcelone, Bibl. de Catalogne 146; pays catalan XIVe s. (Nº 36; p. XXI; p. 14.)
T — Paris, Bibl. Nat. fr. 15211; Italie XVe s. (Nº 191; p. XXII; p. 15.)
U — Florence, Bibl. Laurent. plut. XLI, cod. 43; Italie XIVe s. Grützmacher, Archiv, 35, 1864. (Nº 291; p. XXII; p. 16.)
V — Venise, Bibl. Marciana, francesi App. cod. XI (CIV. 7); Catalogne et Italie XIIIe et XVe s. Id., Archiv, 34, 1864, et Crescini, Per gli studi romanzi, 1892. (Nº 351; p. XXIII; p. 16.)
Ve. Ag. (Jeanroy v) — Barcelone, Bibl. de Catal. 7 et 8; pays catalan XIVe et XVe s. (Nº 35; p. XXIII; p. 30.)
a (Jeanroy a1) — Florence, Bibl. Riccard. 2814; copie faite en 1589 par Jacques Teissier de Tarascon d'un chansonnier du XIIIe s. compilé par Bernart Amoros de Saint-Flour. Stengel, RLR, 41-45, 1898-1902. (Nº 305; p. XXIV; p. 19.)
a1 (Jeanroy a2) — Modène, Bibl. Estense, Campori γ. N. 8. 4; 11, 12, 13. = a, 2e partie. Bertoni, Collectanea Friburgensia, nouv. série, 11. (Nº 315; p. XXV; p. 20.)
b — Vatican, Barberini, latin 4087 (anc. XLVI. 29); Italie XVIe et XVIIIe s. (Nº 335; p. XXVI; p. 21.)
d — voir D, ci-dessus.
f — Paris, Bibl. Nat. fr. 12472; Provence XIVe s. (Nº 178; p. XXVII; p. 23.)
g1 (Jeanroy g) — Vatican, latin 3205; Italie XVIe s.; copie de M. (Nº 319; p. XVIII; p. 24.)
α, ms. A du Breviari d'Amor de Matfré Ermengau (publié par G. Azaïs, Soc. archéol. de Béziers, 1862), Paris, Bibl. Nat. fr. 857; Languedoc XIVe s. (Nº 144; p. XXIX; p. 32.)
β3, Razos de trobar, dans a (3e partie); voir a.
κ, citations par Barbieri (Modène, 1519-1574): G. Tiraboschi, Dell' Origine della Poesia rimata, opera di G. Barbieri, Modène, 1790. (P.-C., p. XXXIII.)
μ, citations par Terramagnino de Pise (dern. moitié du XIIIe s.), Doctrina d'acort, version métrique des Razos de trobar; éd. crit. de P. Meyer, Romania, 8, 1879. (P.-C., p. XXXV.)
L'étendue de la tradition manuscrite ressortira d'un tableau schématique indiquant la fréquence des pièces (en plus des unica XIV, figurant dans C, et XV, se trouvant dans a1):
Rappelons que l'ordre des sigles reflète la valeur approximative des différents manuscrits, dans l'esprit de leur inventeur. Aussi, à l'instar de bien des éditeurs de textes provençaux, choisirons-nous A comme notre base générale; nous ne nous en écarterons que là où c'est absolument indispensable. C donne souvent des leçons fort intéressantes, mais auxquelles on ne peut pas se fier toujours: son scribe, »le premier philologue», ne s'est pas borné à copier un manuscrit, mais a donné des textes éclectiques. L'inconvénient de l'utilisation de A est de présenter çà et là une graphie légèrement italianisée.
Lettres ajoutées ou figurant en interligne sont en italiques, de même que les solutions des abréviations. Nous relèverons les variantes de sens et de forme (mais pas celles de pure graphie), ainsi que les repentirs du scribe: leçons rejetées et lettres exponctuées. Dans les notes critiques seront généralement traitées les leçons du manuscrit-base non conservées, ainsi que les variantes (pas toutes) qui peuvent permettre de critiquer le texte. (↑)
NOTES
1. Pour la graphie -ll-, nous invoquons aussi le témoignage d'une des rares chartes velauniennes rédigées en provençal: nous y trouvons un Willems (deGlavenas); cf. infra. (↑)
2. Saint -Didier-en-Velay, dénommé, avant 1925, Saint-Didier-la-Séauve (voir Dict. topogr., p. 249, et M. Chausse, Saint-Didier, pp. 8, 30, 32 s. et 129). Le continuateur prov. du latin »desiderium» est dezi(i)er. Or, »comme nom de personne Desiderius donne ordinairement en provençal et en français Desdier, Didier, ce qui est phonétiquement régulier (on a parfois en provençal Lesdier, Leidier, par dissimilation); de là les nombreuses localités qui se nomment Saint-Didier» (voir Thomas, Nouveauxessais, p. 225). Nous nous servirons de cette graphie moderne. Dans la liste chronol. du Dict. topogr., ibid., sont citées quelques-unes des vieilles formes. Leidier (ALedier, etc.) de la vida est identique à la plupart des attributions qui précèdent les chansons mêmes, et que nous verrons dans les chapitres »Auteur». (↑)
3. Cet ancien pays de France, »presque rond de figure, a treize ou quatorze lieües de traverse. Ses limites sont à l'Orient le Vivarets, le Gevaudan au Midi, l'Auvergne au Couchant, & le Forets au Septentrion, & il est partagé quasi dans son milieu des eaux de la Loire.» Nous citons frère Théodore, Histoire, p. 4. En 1790, il fut inclus dans le dép. de la Haute-Loire. — Chabaneau, Biographies, p. 266, n. 3, et pp. 351 et 358 (cf. pourtant p. 368 et n. 3), eut tort de placer le berceau de la »dynastie» poétique (Guillem eut un petit-fils, Gauceran, également troubadour; nous publierons sous peu son unique pièce dans Neuphil. Mitteil.) à Saint-Didier-sur-Doulon, en Auvergne et dans le diocèse de Clermont. (Voir Dict. topogr., ibid., et Fabre, Notes, p. 166.) Pour Ve(i)llaic, la vida du ms. E lit Noaillac et celle de R, Nualhac; cette erreur a été reproduite par Raynouard, Choix, V, p. 207, et par Mahn, Werke, II, p. 40. Arnaud (Histoire du Velay, I, p. 166) admet que Guillem était natif du Velay et »châtelain de Veillac ou Noaillac dans le même pays»! (↑)
4. Pour cet évêché, voir par la suite. La vida est reproduite dans notre Appendice. (↑)
5. Cr. Fabre, Notes, p. 179, et Chausse, op. cit., p. 8 s. (↑)
6.Dict. topogr., ibid., et Chausse, op. cit., p. 27. (↑)
7. Des cent un troubadours dont les vidas se sont conservées (voir l'éd. de MM. Boutière-Schutz), quatorze »viennent» d'un évêché: Arnaut Daniel, Arnaut de Maroill, Bertran de Born et Elias Fonsalada de l'evesquat de Peiregors, Garin lo Brun, Guillem et Gauseran de Saint-Leidier et Pons de Capdoill (qui si fo d'aquel evesquat don fo Guillems de Saint Leidier) de celui du Puoi Sainta Maria ou de Veillac, Gaucelm Faidit et Gausbert de Poicibot du diocèse de Lemozi (ou Lemogas), Garin d'Apchier de celui de Meinde, Peire d'Alvergne de l'evesquat de Clarmon, Perdigo de celui de Javaudan et Richart de Berbezill de l'évêché de Saintas. En plus, Peire Cardenal fut de la siutat même del Puoi Nostra Domna, et Uc de la Bacalaria si fo de Limozi, de la on fo Gauselms Faiditz. (↑)
8. Appelée ainsi d'après le mont d'Anis. »C'étoit l'ancien nom de la hauteur où l'Eglise du Puy est placée», précise frère Théodore, op. cit., p. 2. En 923, le roi Raoul avait donné à l'évêque du Puy la ville contiguë à Notre-Dame; voir Gallia Christ., II, col. 221 s. Dès la fin du premier millénaire, cette église avait obtenu aussi la prérogative de soumission immédiate au Saint-Siège. (↑)
9. Le dernier comte »temporel» en avait été Guillaume, dit le Jeune, à l'origine comte d'Auvergne, mais qui, dépouillé de son héritage par son oncle homonyme, n'était plus que »comes podiensis» et, après la nouvelle déchéance, »dauphin d'Auvergne». C'est à sa fille que Guillem offrit l'hommage de ses chansons. (↑)
10. Les imposantes ruines de la forteresse de ces »reguli montium» se dressent sur un rocher escarpé de Cévennes, à une lieue à peine du Puy. (↑)
11. »Publiant que c'êtoit un abus insuportable que des gens si inutiles à l'Etat égalassent les Princes en richesses»; voir frère Théodore, op. cit., p. 257. (↑)
12. Vicomte de Polignac de 1112 à 1165 environ, il s'associa ses deux fils, Pons II et Héracle II. (↑)
13. »La partie plus iuste l'emporta ... Les Chefs furent prins, & menés à Paris, où le Roy les detint longuement prisonniers.» (Voir Gissey, Discours hist., p. 396.) Depuis, plusieurs traités furent tour à tour signés et violés. Dès 1179, le nouveau vicomte de Polignac, Héracle III, le mari de la dame de Guillem, s'associa avec des routiers et saccagea les alentours, jusqu'à ce qu'il dût faire l'amende honorable. — De la vie mouvementée dans le Velay de l'époque, et dans tout le Languedoc, Arnaud brosse un tableau coloré, op. cit., I, pp. 76 ss., 90-96, 121-139, 161 s. et 165, II, p. 447, et III, p. 130. Cf. aussi Baluze, Histoire généal., II, p. 66 ss.; Gallia Christ., II, col. 705; et surtout Hist. gén. de Lang., VI, livre XIX, chap. VI (qu'Arnaud cite en partie textuellement), VII, XXXI et XXXII. (↑)
14. Le dénombrement qui y est fait des lieux sur lesquels l'évêque du Puy étendait sa juridiction ou au moins le droit d'hommage se termine par: »ecclesiam & castrum Sancti Desiderii & quicquid W. Sancti Desiderii in episcopatu Aniciensi habebat». Voir Chassaing, Livre de Podio, I, p. 76, et Jacotin, Preuves, I, p. 46; cf. aussi Fabre, Notes, p. 167. (Un siècle plus tard, en 1267, Clément IV, ancien évêque du Puy, répéta les termes de cette bulle par la sienne; cf. Fabre, ibid.) — L'imparfait »habebat» indique qu'étant devenu vassal des Polignac, Guillem s'était soustrait temporairement à la suzeraineté diocésaine. (↑)
15. Une fois de plus, le vicomte de Polignac »homagia, fidelitates et sacramenta quæ ab hominibus episcopi exegerat vel acceperat, a Guillelmo scilicet Jordani et Guillelmo de Sancto Desiderio, et aliis ... dimisit et quittavit, et eos absolvit». Voir Jacotin, ibid., pp. 38, 40 (le traité de paix y est daté de Paris, 28 mars - 31 juillet 1171), 114 et 117; il renvoie à Luchaire, Études sur les actes de Louis VII, p. 289, nº 600. Cf. aussi Fabre, Notes, p. 167 s., et Trois troub., p. 17. C’est ce traité, amendé, que le roi approuva, deux ans plus tard, et que le pape Alexandre III ratifia, en 1174 (voir Fabre, ibid., p. 168, avec ses références). (↑)
16. Église collégiale et paroisse au Puy (Dict. topogr., p. 246). (↑)
17. Certes, l'acte n'est pas daté, mais Jacotin, qui l'a publié le premier, op. cit., I, p. 124, nº 69 (nous venons de citer M. Brunel, Chartes, p. 145, nº 156), le reporte à 1176 environ, parce que, cette année-là, une autre vente a été consentie par le même Guillaume de Glavenas. Cf. n. 1. (↑)
18. Cf. (pièce) IX, (v.) 1. L'omission de de et de Saint semble se retrouver dans le »procès-verbal de délimitation du bailliage d'Auvergne et des sénéchaussées de Beaucaire et bailliage du Velay», du 16 juin 1306: »Acta fuerunt hec in villa de la Bercuoil, presentibus testibus dominis Iterio de la Bercuoil, milite, Poncio Disderii ...» (nous ne saurions rien affirmer de ce Pons; voir Jacotin, ibid., charte nº 165, p. 322). — Nous avons repêché les noms de deux garants: est-ce que ce »Ber. Disders» est un parent de Guillem? (L'un des fameux dui Bertran? Cf. infra.) D'un autre côté, la charte est-elle trop ancienne pour que »Jaucerans» puisse être le troubadour homonyme qui, bien qu'il fût fils de la fille de Guillem (d'après la vida), en avait adopté le nom patronymique? (↑)
19. C'est une acquisition datée du »second vendredi après la fête de saint André Apôtre [= le 8 décembre, le 30 novembre étant jeudi cette année-là; voir l'Art de vér., I, pp. 61 et 180], en 1200»; l'acheteur est »messire Jausserand, seigneur de Saint-Didier». Voir Fabre, Notes, p. 176, qui cite l'abbé Fraisse, Tablettes hist. du Velay, I, p. 500. Gauceran est mort en 1258, au plus tard (cf. Fabre, Notes, p. 177). (↑)
20. Cette maxime, de même que la citation suivante, se trouve dans la str. apocr. de II (voir II, »Appareil critique»). (↑)
21. Cf. notre Appendice et MM. Boutière-Schutz, Biogr., pp. 177-186, 368 s. et 406 s. (pour les éd. antér., voir ibid., pp. XXIII-XXIX). Ont subi l'influence des razos fabuleuses, voire surenchéri sur elles (tels les imposteurs Jean et César de Nostredame): Hist. litt., XV, pp. 449-454, Hist. gén. de Lang., VI, p. 98, Diez, Leben 2, pp. 261-269, Arnaud, op. cit., I, p. 166 s., et Fabre, Trois troub., pp. 12 ss., 17 s. et 19 ss., Pons de Chapt., p. 12 s., et Notes, pp. 164, 170 ss. et 174. (↑)
22. Voilà les termes mêmes de la vida, traduits et légèrement complétés. Fille de Guillaume le Jeune, la vicomtesse portait le nom (relativement fréquent) de Marquesa d'après sa grand-mère (et non mère, comme prétend Fabre, Notes, p. 170, et ceux qui le suivent), femme de Robert III d'Auvergne. (Voir L'art de vér., III, 1re partie, pp. 153 et 261, et Bulletin de la Société départ. d'Archéol. et de Statist. de la Drôme, I, Valence, 1866, p. 301, n. 1. »Le nom propre: la Marquesa ... qui se confond avec le titre de noblesse 'marquise', apparaît aussi bien dans les textes latins que dans ceux en langue vulgaire tantôt avec, tantôt sans l'article», note Frank, Pons de la Guardia, p. 249; cf. ses références, ibid., p. 324.) Son frère et sa sœur portaient des noms plus curieux encore: Dalfi (prénom et non titre, d'après P. Fournier, Bibl. de l'École des Chartes, XCI, 1930, p. 66 s.) et »Échappée au cloître» (cf. Sail d'Escola et Sail d'Agach: agach = »embuscade», et l'éd. de Thomas, AdM, V, p. 2); femme de Béraud de Mercœur, au moins depuis 1163, cette sœur fut chantée par Peirol. (↑)
23. Voir III, 53 s. C'est avant le 31 août 1181 (voir Fabre, Notes, p. 171) qu'elle était déjà mariée à Héracle III (qui régna de 1177 env. à 1198), mais nous ignorons depuis quand. Elle pouvait avoir sensiblement le même âge que sa sœur Sail et son frère Dalfi d'Auvergne, déjà majeur à la mort de leur père, en 1169, bien qu'il vécût jusqu'en 1234! (↑)
24. Fabre, Notes, pp. 172 et 178, découvre des Maréchal, dès le XIe siècle, à Aurec, commune du canton de Saint-Didier, et des Hugues M., à Apinac (Loire). Au Puy, nous trouvons, en 1309, un »Guillelmus Marescali, canonicus Anici»; voir Gallia Christ., II, 2e partie, p. 241. Pour Ugo, var. de Sg dans X, 3 (où al présente Badoc, personnage absolument inidentifiable), voir aux Notes critiques. (↑)
25. Le »biographe» aurait pu tout aussi bien s'en rapporter à III, 45 ss., aux envois de VII et de VIII, à XI, 4 ou à tel autre passage de son œuvre. Ginguené, Hist. litt., ibid., p. 449 (qui souligne la présence suspecte des Hugues, dans les deux histoires), et Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 122, n. 3, établissent un rapprochement entre ce récit scabreux et la razo de 167, 52 de Gaucelm Faidit (Boutière-Schutz, Biogr., p. 118 ss.). (↑)
26. Cette »marque d'obrador» manque dans I, IX (»songe») et X (planh), qui n'ont pas de tornadas, de même que dans VI (messatge) et XI. Bertran est un homme, peut-être un troubadour (un des nombreux Bertran? par ex. B. de Born qui avait un fils homonyme? cf. Versific., nº II) des amis de Guillem, dans: II (1er envoi: amic B.), III (dont le 1er envoi s'adresse à amic B., tandis que le 2e parle de Marcheza ... cui eu soi hom! et de midonz qu'il convient probablement de n'identifier ni à l'un ni à l'autre), IV (où B. est nettement distinct de midonz), V et VII (avec le masc.: vos Es mays amatz qu'ieu). Or, deux Bertran sont évoqués dans II (?), VIII, XII et XIII. Rien n'indique qu'il s'agisse d'un senhal réciproque; cf. M. Stroński, Les pseudon. récipr., dans AdM, XXV, p. 290 (le plus ancien exemple en est le Joglar de Raimbaut d'Orange et, vraisemblablement, d'Azalais de Porcairagues; voir notre art., Neuphilol. Mitteil., L, 1949). L'introduction de trois Bertran et la distribution tout arbitraire de leurs rôles dans la vida repose sur une interprétation erronée des tornades à deux Bertran, comme le démontrent M. Stroński (F. de Mars., p. 34*, n. 2) et Bergert (Damen, pp. 18 et 123). L'un des Bertran semble, certes, être une femme (cf. VIII, 56: la), p.-ê. »l'aimée» du poète (= midons de la varia lectio; cf. IV, 54). Guillem semble désigner sa dame par Bertran tout court (à côté de amic B., dans VIII et XIII, et dans un envoi à part, dans II; tout seul, B. se rapporte à l'ami, dans IV), par opposition à amic B. qui figure six fois. Cf. encore mon B. et sieu B., dans XIII Giraut de Bornelh était initié au secret (qui n'en était pas un pour les contemporains); cf. infra, n. 28, et Note de III, 49-52. (↑)
27. Par une subtile déduction Fabre (Notes, p. 172 ss.) arrive à la conclusion qu'il s'agirait d'Alix de Glane, mariée, avant 1190, à Artaud III, comte de Roussillon (l'actuel chef-lieu de canton de l'arrond. de Vienne, Isère; cf. Boutière-Schutz, Biogr., p. 390, et Bergert, Damen, p. 18 s.). Sa spéculation tombe pourtant du seul fait que la généalogie de cette famille comtale n'est connue que justement à partir d'Artaud III, comme il le note lui-même (ibid., n. 6). (↑)
28. Outre Marquesa et Bertran et le planh X (avec le nom de l'ami regretté, Badoc-Ugo, et ceux de deux apôtres), il ne cite que la fill' al pro comte Raimon, dans II, 51 (où figure aussi Bertran): il s'agit p.-ê. de Raymond V de Toulouse, suzerain du Velay, et de sa fille Azalais qui, mariée en 1171 à Roger II de Béziers et morte en 1199, fut chantée par tant de troubadours. Cette suggestion a déjà été faite par Arnaud, op. cit., I, p.166. — Au nº II, M ajoute une str. et une torn. apocr.; celle-ci se termine par: ieu vau m'en de sai vas Agramon. Un glossateur (Colocci? voir Pillet-Carstens, Bibliogr., p. XVII) a ajouté en marge: Agramonte Conte Raymondo Rusille (Roussillon?). Entre Nîmes et Alès, il y a une commune nommée Aigremont, mentionnée dès le Xe s. (↑)
29. Imitée sur celle de Peire d'Auvergne, en 1194 (ou 1195). En voici la 1re str. (après celle qui sert d'introduction; cf. l'éd. de Klein, p. 22):
Lo premiers es de San Disdier
Guillems, que chanta voluntier
Et a chantat pro d'avinen,
Mas, car son desirier no quier,
No pot aver nuill bo mestier,
Et es d'avol acuillimen
(ce que Jean de Nostredame résume ainsi: »Le Monge de Montmajour dict que ce Guilhem chantoit voulentiers, mais qu'il fut desherité d'Amours»). Guillem a donc une longue et belle carrière poétique derrière lui. (↑)
30. Dans le planh sur Linhaure (= Raimbaut d'Orange, mort en 1173), il se réfère p.-ê. à Guillem: Tro part (ou Tro·l port »col») Velai Mainh pro n'esdevenran savai, Cui vos fos guitz e companhiers Cum miels apres de bons mestiers (242, 65, v. 45 ss., d'après Appel, Chrest., nº 83, préférable ici à la grande éd. de Kolsen, p. 484.). Nous verrons que Guillem, IV, imite le compas d'une des pièce de Raimbaut. Pour la citation de Bertran par Giraut (et, évent., par Arnaut Daniel), voir Note de III, 49-52. — Diez, Leben, p. 98, avance que Peire Raimon de Toulouse demeurait quelque temps chez Guillem. Il n'en est rien: Guillem de Saint Leidier n'est que la var. erronée de AB, pour Guillem de Monpeslier, dans la vida de Peire. (↑)
31. Nous ne pouvons que souscrire à l’avis de M. de Riquer: »Se conjetura que nació en la cuarta decena del siglo» (Lírica, p. 374). (↑)
32. Ils ont raison d'écarter six pièces que des mss. isolés, allant à l'encontre de l'évidence et de la majorité de autres mss., attribuent à Guillem; ce sont: 168, 1 (que C attribue à l'aïeul) de Gauceran de Saint-Didier; 167, 30 et 51 de Gaucelm Faidit; 242, 3 et 8 de Giraut de Bornelh; 366, 34, de Peirol. (↑)
33. Ce planh (notre nº X ) est posé deux fois, en raison de la divergence des incipit dans les mss. qui l'ont conservé: Sg Lo plus iratz remaing d'autres chatius, a1 Pos major (le ms. majer) dol ai que autre caitiu. Du nº 234, 12a, la Bibliogr. ne sait que: Sg nº 4 (c'est le nº d'ordre des pièces de Guillem dans Sg). (↑)
34. Sous réserve: »appartient plutôt à Guiraut de Calanso», ils présentent cette dernière, avec raison, comme nº 243, 8a de ce jongleur. C et R l'attribuent à Guiraut, IKd, qui ne font qu'un, à Guillem. Voici les raisons qui militent en faveur de Guiraut: 1º Mea(n)dres, v. 18, n'Elis, la comtessa de Flandres, v. 36, et Sezars ni Alissandres (ou ni·l reis Avandres), v. 49: les dix pièces de Guiraut ne contiennent pas moins de vingt et une allusions histor., géogr. et légend., tandis que, le planh mis à part, Guillem n'en présente aucune (dans le corps même de ses poésies); 2º Belh Dia-man, v. 19, figure aussi dans 243, 7, v. 71, de Guiraut; opposer Bel-dia-man (de mandar) à Bel-issen-dia (de issir »sortir» ou »naître»; cf. Bélissende !) n'est qu'un jeu de mots gratuit de notre part; 3º li do e li plazer, str. IV, révèlent plutôt un jongleur qu'un châtelain estimé (243, 7 de Guiraut contient des passages fort analogues, notamment vv. 6 ss., 21-28, 43- 45 et 60); cf. l'éd. de Guiraut par Jeanroy, Jongl. gascons (pp. 26-74), p. 45 s.; 4º pour les appellations du v. 46, cf., chez Guiraut: Seignor, 243, 2, v. 2, Thezaur et Gaug, 243, 8, v. 5 s., et 7, v. 72 (et Dona, 243, 8, v. 9); 5º considérations métriques: quoique unicum prosodique, le schéma de la pièce en litige semble tributaire de deux autres: 234, 1 de Guillem (d'où l'attr. erronée?) et 29, d'Arnaut Daniel:
Guiraut:
10
a
er
b
ens
b
a
c
ir
d
or
d
c
e’
andres
Guillem:
10
a
or
b
ers
c
atz
d
ens
d
e
uelh
f
ir
f
g’
endre
(nous ne tenons pas compte, chez Guillem, des rim es intérieures, sur lesquelles se basent celles de 243, 10 de Guiraut; là aussi, les désinences sont analogues: en, ir, or, atz, er, ar!). La rime e (cara et estrampa) de Guiraut semble empruntée à Arnaut, 29, 4; les mots-rimes en -andres sont les mêmes. — Dans son éd. de Guiraut, p. 263, Ernst lui attribue la pièce, contrairement à Fabre qui a tort de la revendiquer pour le Vellave, dans Notes, p. 175, n. 1. (↑)
35. Cf. M. Lewent, Kreuzlied, p. 358. La Bibliogr. l'attribue à Gauceran, sous le nº 168, 1a; cela ne sert à rien: le petit-fils de Guillem, mort bien avant cette date (voir supraet n. 19), ne faisait pas de fautes de décl. comme l'auteur inconnu de 234, 10. Cf. là-dessus notre étude sur la terminologie des chansons de croisade, destinée au dernier vol. des Mélanges Menéndez-Pidal. Nous publierons sous peu cette pièce en entier. (↑)
36. Nous allons publier cette tenson fictive de Peire (embarrassante, parce qu'inconvenante), dans les Mélanges dédiés à feu István Frank par l'Univerité de la Sarre. (↑)
37. = C de la Bibl. de Pillet-Carsten. Nous citons Derniers troub., p. 26; son auteur ne connaissait pas le planh nº X (234, 12a). (↑)
38.Zum gesitl. Kunstliede, p. 182. Rapprochant cette pièce de Tertullien, éd. Migne, 2, 168 et 802, Scheludko, Relig. Lyrik, p. 231, note qu’elle n’est probablement pas de Guillem. (↑)
41. En plus de ceux fournis par E. Wechssler, dans Das Kulturproblem des Minnesangs, I (Halle, 1909), p. 323 ss., et par Appel, dans RLR , 40, p. 423. Les Guillaume IX, Cercamon, Bernart de Ventadorn, Peire d'Auvergne, Raimbaut d'Orange, Cadenet, Elias Cairel, Guiraut de Calanso, Guillem de la Tor et Sordel vantent leurs prouesses in actu ou expriment des vœux malséants vis-à-vis de leurs dames. (↑)
42. Pareille chanson pourait, à priori, être attribuée à un Gaucelm Faidit qui, d'après sa vida, prit pour femme une fille de joie (voir Biogr., p. 110), si l'on ne savait pas qu'»une cinquantaine de chansons très délicates et une dizaine de tensons prouvent qu'il y avait un fonds de courtoisie chez ce jongleur gourmand de vie»: Remy, Litt. prov., p. 42. (↑)
43. Fabre, Notes, p. 174 s., se trompe complètement en parlant d'un sirvente personnel: »Le chant est violemment injurieux pour la marquise de Polignac: Guillaume accuse son ancienne amante de légèreté et même de vénalité». M. Lewent met l'affaire au point, dans l'art. cit., p. 132: »Il est difficilement imaginable qu'un homme qui était encore jusqu'en 1171 vassal du vicomte de Polignac ait pu adresser un pamphlet de ce genre à l'épouse de son ancien suzerain» (voilà le rapport réel entre Marquesa et Guillem!). Parlant de »la crudité et de l'obscénité qui doivent blesser un sentiment plus délicat», Lewent, ibid., p. 127, fait la concession suivante: »Il va sans dire que la couche sociale à laquelle appartenaient les jongleurs, ainsi que plusieurs poètes, y a joué un rôle». Pour sanctionner »l'écart vers l'humour qu'a fait la muse du poète avec la pièce nº 17», il cite ibid., p. 129 ss., onze passages prouvant l'originalité de Guillem, mais fort »innocents»: I, 31-36, II 9-12, 31 s. et 41-44, V, 49-54, VI, 19-21 et 22-24, VII, 29-32 et 38-40, VIII, 17-21, et 29-32, et tout le planh X; 234, 8 serait un équivalent parfait, mais celle tenson n'est pas de Guillem. (↑)
44. XII (234, 15), conservé dans deux mss., est attribué à Guillem par f et à Bernart de Ventadour par V. La première attribution s'impose à cause des deux Bertran de l'envoi; cf. Appel, B. von Vent., p. 337. (↑)
45. Le somi est notre nº IX, et le planh, nº X. Dans notre édition, le pièces se suivent dans l'ordre (pseudo)alphabétique de P.-C., Bibliogr. (↑)
47. Couplets dont la fin est reprise au début de la str. suivante. (↑)
48. Dans Abseits, p. 129. Pour les cita tions sur lesquelles M. Lewent étaie sa thèse sur les qualités poétiques de Guillem, voir n. 43. (↑)
49. Diez estime que les traits remarquables n'abondent pas dans cette œuvre, mais qu'en contrepartie, elle est exempte de cette soif de bizarrerie qui dépare tant de poésies provençales. Cf. Leben, p. 265 ss. Il attire l'attention sur II, »richement» orné du mot bel, sur V où (str. VII) le poète, en une généralisation hardie, présente son amour comme l'affaire de tout le monde et de tous les temps, sur VIII (str. V), avec l'idée du sourire gentil pénétrant le cœur du troubadour, et sur XI (str. III et V, avec la citation d'Horace; présenter ici la fable de la montagne en gésine »manque singulièrement de délicatesse», d'après Jeanroy). (↑)
50. En ce qui concerne les modèles et les imitateurs de Guillem, du point de vue du contenu, il est difficile et en grande partie vain de se prononcer, étant donné qu'il n'y avait pas même alors de rudiments de droits d'auteur et qu'au contraire, les lieux communs et les citations, sans indication d'origine, étaient la règle. Peut-être aurons-nous plus tard l'occasion d'élucider l'acheminement de quelques courants d'idée. En attendant nous nous bornerons de signaler que Guillem était surtout tributaire de son devancier Cercamon et de ses grands contemporains Bernart de Ventadour, Raimbaut d'Orange, Bertran de Born, Giraut de Bornelh et Folquet de Marseille. Il semble avoir servi de modèle, entre autres, à Raimbaut de Vaqueiras, à Raimon de Miraval, à Guilhem de Cabestanh et à son compatriote Pons de Chapteuil. Les ressemblances métriques corroborent parfois ces rapprochement, comme nous le verrons. (↑)
51. Les autres groupes en sont: provençal (stricto sensu), languedocien-guyennais, aquitain et auvergnat-limousin. Ce dernier et l'alpin-dauphinois »ont pu ne former à l'origine qu’un seul groupe», ajoute Jules Ronjat (Grammaire Istorique, IV, p. 5 s.; voir aussi ibid., p. 35); une partie du nord-est du Velay, qui nous intéresse, a des parlers qui forment la transition de l'un à l'autre (ibid., p. 29). La limite avec les parlers franco-provençaux est toute proche; elle passe entre Saint-Didier-en-Velay et le Chambon-Feugerolles, qui n'est éloigné que d'une douzaine de km du précédent (ibid., I, p. 19).
Ronjat énumère les particularités du groupe alpin-dauph., ibid., IV, p. 6: cha- (et non ca-); p intervocalique > b (v tout au N.); -b- > -v-; -t- et -d- (-ð-) aboutissent en général à l'amuïssement complet; -n conservé (ou, probablement à date relativement récente, amuï); maintien, en général, de é et ó ouverts devant nasale implosive; b et v distincts; qu-, gu- réduits à k-, g- devant a; 1re pers. sg. -ou (-e sur une bande S.-O.).
Les traits suivants caractérisent le vivarais (en partie vis-à-vis de son groupe): diphtongaison de ó ouvert; fermeture de é, et généralement aussi de ó, ouverts, devant nasale implosive (cf. alp.-dauph.!); flottement entre ìu et iéu; mouillure de t, d, k, g, n, l devant voy. palatale et mouillure des groupes consonne + l (comme en auv.-lim.); ct > it; s devant consonne > i ou s'amuït (Dēsīderiu > Desdier ou Lesdier > Deidier ou Leidier ou Leidié ou Ledier); l devant consonne > u; -r (souvent), -l (dans le coin N.-E., le nôtre, du Velay) et -n (cf. alp. dauph.) amuïs.
Et voici ce qui est le propre du coin extrème N.-E. du Velay, entre autre d'une partie du canton de Saint-Didier: eipià < spīca; -p- > -v-; amuïssement de -u < -l ou -v-; (la diphtongaison de nocte, folia, etc. donne e); c, yod en général ch, j; 6e pers. -on; prét. en -r- à la 1re pers. sg.; -āriu, -a > -ié et, par endroits, è(i), -èira; ó ouvert > ou devant nasale implosive (Riotord); . Voir ibid., IV, pp. 37 et 45 s.; ici est signalé encore, dans le parler de Montregard, 3e pers. prés. subj. -e (I décl.). (↑)
52. »L’amuïssement complet n'a lieu que dans le Viennois et dans le parties limitrophes de la Provence, du Velay et de l'Auvergne», écrit M. Stroński, Folquet de Mars., p. 136*; ibid., note, il en cite des preuves. (↑)
53. Nous y suivrons l'ordre alphabétique des schémas. De traits horizontaux seront placé pour indiquer le débuts des tornades: leur nombre = celui des envois. Par »Frank» nous désignerons l'incomparable Répertoire de feu I. Frank, refonte complète de Maus, Strophenbau. (↑)
54. Si l'on ne tient pas compte de rimes intérieures. Pour des raisons pratiques, Frank (cf. Répertoire, p. XXXI) n'en admet (ou tolère) que deux types: décasyllabes avec rimes à la césure et strophes monométriques avec un ou plusieurs vers à rime intérieure. Dans notre nº I, ces deux conditions sont réalisées à la fois. Que 234, 2 (notre nº XIV) ait des strophes de dix vers plaide contre son authenticité. (↑)
55. Sous réserve de strophes supplémentaires éventuellement apocryphes, dans II et VI. (↑)
56. Toutes les str. ont les mêmes rimes. Voir l'éd. des Leys par J. Anglade, II, p. 137. (↑)
57. Toutes les str. ont des rimes individuelles. (↑)
58. La fin de chaque str. est reprise au début de la suivante; Leys, I, p. 142. (↑)
59. Rimes identiques toutes les deux strophes; ibid., II, p. 134. (↑)
60. Les str. impaires, d'un côté, et les str. paires de l'autre, ont des rimes communes. (↑)
61. La formule qui est la plus proche de celle de Guillem, si l'on considère les rimes intérieures, se trouve chez Guilhem de Berguédan, 210, 3 (incompl.; c'est le nº 601):
a
b
b
a
c
c
d
d
e
f
f
e
8
8
8
8
10
10
10
10
6
6
6
6
Comme c'est un sirvente, il pourrait s'agir éventuellement d'une imitation partielle; la rime c: atz est d'ailleurs la même. — Maus, Strophenbau, nº 789, n'avait pas remarqué l'existence, dans notre I, des rimes intérieures qui lui donnent une allure gaie et facile. Les fins des vers 1, 2, 3 -or, ers, -atz riment avec les quatrièmes syllabes des vers 2, 1, 4 respectifs de chaque couplet. Bartsch, rééditeur de Diez, Poesie, note (p. 83, n. 1), à l'opposé de son prédécesseur, que ce procédé n'est pas rare chez les Provençaux; voir ses références. Comme études plus modernes, cf. Levy, Der Troub. Bertolome Zorzi, p. 31, n. 1; Pillet, Binnenreim bei Cercamon [maître de Guillem!] und Marcabru, dans Beiträge zur Kritik der ältesten. Troub. (98. Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Kultur), Breslau, 1911, pp. 7-11; Suchier, dans Zeitschr. f. rom Phil., 36 (1912), p. 505 s. (et, polémiquant contre Pillet, Appel, R. von Orange, p. 77). (↑)
62. L'autre est 80, 13, qui imite Giraut de Bornelh. Comme M. Chambers date 80, 34 de 1183, notre nº II est donc antérieur; il n'est pas exclu qu'il ait été composé avant 1171, date à laquelle Guillem cessa d'être vassal du vicomte de Polignac. — Les autres sirventes et coblas (pour lesquelles l'imitation est également admise) qui suivent exactement le modèle de Guillem, sont (dans l'ordre de Frank, p. 69) ceux de: Bertran Carbonel, 82, 87, Bertran de Paris en Rouergue, 85, 1 (dont une partie seulement: la 1re, 4e, 5e et 6e strophes reproduisent le schéma de Guillem; cf. Chambers, art. cit., p. 117), Joan d'Aubusson, 265, 3, Peire Cardenal, 335, 57, Raimon Gaucelm de Béziers, 401, 3, Raimon de Miraval, 406, 43, et anonymes, 461, 33 et 80. — Maus oublie notre II dans le répertoire général, nº 359, 4, mais l'introduit sous nº 27, 8 au catalogue des formes de Cardenal. (↑)
63. Jeanroy, Poésie lyr., II, p. 80, observe que ce moyen mnémotechnique est emprunté aux chansons de geste. Il continue: »Ce système est pratiqué régulièrement dans la deuxième partie de la Chanson de la Croisade ... Ce procédé, qui eut en Italie un très grand succès, fut médiocrement goûté des troubadours.» Se référant à Bartsch, Reimkunst, pp. 171-197, il ajoute pourtant les noms de huit troubadours, dont celui de Guillem. Dans III, le dernier mot de chaque couplet — toujours l'inf. d'un verbe — se répète tel quel, à la fin du premier hémistiche de la str. suivante. (III est enregistré chez Maus sous nº 397, 3.) (↑)
64. Diez l'a déjà signalée comme curiosité métrique, dans Poesie 2, p. 78, n. 1. (↑)
65. Selon Las Leys d'amors (éd. Gatien-Arnoult, t. I, p. 206; éd. Anglade, t. II, p. 124); c'est-à-dire haven respieg a la cobla seguen ... Ayssi pot hom vezer que aquesta cobla de se meteyssha non ha lunha (lire nulha) acordansa, ans es tota de si estrampa (»est, prise à elle toute seule, sans rimes»), et per so ajustem lui autra, que li responda per acordansa, et adoncx amdoas, la una haven respieg a l'autra, engendro rimas dissolutas. Cf. Bartsch, art. cit., p. 176. Arnaut Daniel s'est fait une spécialité des strophes où il n'y a que de ces rimes; cf. aussi Appel, R. von Orange, p. 74. (↑)
66. La dernière rime de chaque str. est reprise comme première à la str. suivante: veigna - veing, v. 8 s., reveigna - reveing, v. 24 s., reteigna - teing, v. 40 s., et deigna - deing, v. 52 s.; cf. Leys, éd. G.-A., ibid., I, p. 236, et Las flors del Gay Saber, I, p. 168. (↑)
67. Masc. et fém. d'un adj. sont associés six fois: vv. 2: 15, 7: 10, 17: 32, 18: 31, 20: 29 et 34: 47, vb. et adj. correspondants dans trois cas: vv. 4:13, 6:11 et 36:45 (adj. substantivé?), et enfin, subst. et vb. dans cinq: vv. 5: 12, 21: 28, 22: 27, 37: 44 et 38: 43; ailleus c’est le changement soit du subj. et de l’ind. soit de la 1re et de la 3e pers. d’un vb. qui a lieu. On trouve des rimes »grammaticales» déjà chez Marcabru, maître de Raimbaut d'Orange qui en a dans les pièces 389, 16, 22 et 26 (cf. Appel, op. cit., p. 85 s., et Peire Rogier, p. 24). La derniére semble avoir servi de point de départ pour notre IV; les rimes, quoique différentes, y sont également dérivées (c'est le nº 879, 12 de Frank) et de sept syllabes: 7' 7 7' 7' 7 7 7' 7. Grimoart Gausmar, qui est mentionné au sixième rang dans le sirvente satirique de Peire d'Auvergne, est plus proche encore, dans son unique pièce 190, 1 (rimes différentes, mais retrogr. et dérivées: 7' 7' 7 7 7 7 7' 7'). Cf. Note crit. de IV, 9-10. (↑)
68. Sous le nº 815, 1, Maus ne considère que la première str. Il ne prête donc pas attention à la différence des coblas paires et impaires. C'est ce que note déjà Kolsen, dans Zeitschr. f. rom. Phil., LVIII, p. 93. (↑)
69. Cf. Bernart de Ventadour, 70, 1, où joi figure trois fois dans la 1re str. (et ensuite, vv. 9, 18; v. 12, il y a gais e jauzens); Pons de la Guardia, Ben es dreitz ..., où il figure cinq fois dans la str. IV (Frank l'adjuge à Pons, dans son éd. de ce toub., pp. 232 et 290, malgré l'indication de la Bibliogr. où il est attribué à Bernart Marti, nº 63, 4); et, avant tout, Pons de Chapteuil, 375, 27, où (en plus de joios et de gajamen), le mot gai se répète pas moins de 21 fois dans la 1re str. Cf. bel. dans II (234, 3) de Guillem. (Chez Maus, V figure sous le nº 535, 21.) (↑)
70. Au total vingt-sept pièces le présentent; voir le Répert. de Frank, p. 119 ss., où 364, 30 porte le nº 577, 216. (↑)
71. Les plus anciens troubadours nommaient vers leurs œuvres poétiques. Las Flors del Gay Saber, I, vv. 338-340 et 350-352, définisent très longuement le vers, mais en réalité le troubadour Aimeric de Peguilhan a raison en avançant (10, 34, v. 7 s.; éd. Shepard-Chambers, p. 175):
72. Dans le répertoire de Maus, le nº VI de Guillem porte le nº 637, 1. Notons que les strophes V et VI constituent une couple de coblas capfinidas, le mot engan servant de liaison. (↑)
73. Frank, nº 577, 154, où s’est glissée une faute d’impression: la rime e est à supprimer. Chez Maus, c’est le nº 535, 20. (↑)
74. Voir Appel, Bernart von Vent., p. 331, et Kolsen, Zwei prov. Sirventese, p. 10. Cf. Lewent, Zeitschr. f. rom. Phil., XL, p. 372. Notre III a aussi le même schéma, mais avec des rimes différentes, toutes masculines; là aussi, les strophes sont capfinidas. (Notre VIII porte le nº 397, 3 chez Maus). (↑)
75. Cf. Maus, Strophenbau, p. 1. Dans notre pièce, il trouve une contradiction, mais qui n’est pas trop gênante; elle y est citée sous cette formula fausse (d’après le ms. D):
a’
b’
a’
b’
c
c
d
d
10
10
7
10
7
7
7
7
Dans son répertoire proprement dit, Maus l’enregistre sous le nº 359, 8; cette fois, a et b comptent dix, c et d sept syllabes. — Bien que la tradition manuscrite soit défectueuse aussi bien dans a1, copie très corrompue, que dans Da, fragmentaire, il n’est pas douteux que la pièce se compose de vers de onze et des sept syllabes. Dans Da, qui ne présente que les deux premières coblas, le v. 3 est de sept syllabes, de même que dans le str. I, V et VI de a1, mais dans les couplets II, III et IV il en a onze, ce qui est correct et restitue la symétrie de la cobla. Voir Frank, nº 382, avec ses trois autres pièces qui présentent la même structure, mais rimes différentes: 234, 8 (que l’identité du schéma a fait attribuer à Guilhem), le sirvente de Peire Cardenal, 335, 44, et la cobla anonyme 461, 220. Pour illustrer la confusion prosodique qui règne dans les deux mss., nous reproduirons ici leurs schémas syllabiques str. par str.:
76. Jeanroy, Origines, p. 344, a dressé une liste sommaire de poèmes français et provençaux composés de vers de onze syllabes; le nôtre n'y figure pas. D'après les Leys d'amors, les tensons ne se chantaient pas toujours, ce qui explique la présence en elles de mètres peu usités dans la poésie lyrique proprement dite. Cf. aussi Appel, R. von Orange, p. 66 ss., et Bernart von Vent., p. XCII ss. (↑)
77. Dans le deuxième cas, la septième syllabe es t suivie d' une atone qui compte dans l'hémistiche suivant, donc coupe: 8 f. + 3, et dans le troisième, cette syllabe est suivie d'une atone non comptée, coupe: 8 f. + 4., par conséquent un vers avec la césure épique. Cf. Jeanroy, ibid., p. 343. Faisant dériver ces vers de ceux de quinze syllabes à la coupe 8 f. + 7, il considère la formule 8 f. + 3 comme originale; bien qu'elle ne soit pas fréquente chez les troubadours. Notre IX n'en présente que deux exemples discutables, vv. 12 et 42. — Dans les trois premiers vers, il y a la rime intérieure -ier à la césure. (↑)
78. (Voir Frank, p. 159. Ce planh a été découvert après la parution de l'ouvrage de Maus; cf. son nº 700, 1.) Dans toutes les sept, la rime c est fém. Quatre ou plutôt cinq ont exactement les mêmes rimes: an, es, anza, ens. Guiraut Riquier, 248, 18 (pièce datée de 1260 ou 1262), semble avoir combiné les rimes de Guillem avec celles de ces cinq; il a ainsi obtenu le rimarium suivant: o, iu, ensa, ens. (↑)
80. Frank, nº 624, enregistre 92 poésies lyriques qui s'en servent. P. Meyer, Dern. troub., p. 28, a tort de considérer que 234, 10 aurait cette structure: son schéma est: abbcdbbd, avec asonance entre a: ors et c: os. (↑)
81. Le rythme indique qu’il ne peut pas s’agir de vers de onze syllabes. Cf. aussi Appel, Bernart von Vent., p. 337. Le v. 34 semble déroger à la régle indiquée. C’est pourquoi nous n’hésitons pas de suivre la proposition d’Appel et d’écrire consentissa, quelque rare que soit cette forme pour consentis. (Chez Maus, le XII porte le nº 579, 3). (↑)
82. Ce sont, chez Franck, les nos 2 (str. de cinq vers); 3, 1-8 (six vers; ces neuf pièces sont à rimes fémenines, toutes les autres à désinences masc.); 5, 1-7 (huit vers); 10, 1 et 2 (ce sont deux coblas à quatorze vers). Dans ses notes, au bas des pages, il en ajoute encore deux. Seule la pièce de Guillem est une véritable chanson, genre noble qui n'admet pas d'imitation. Aussi faut-il supposer qu'au moins le sept autres pièces en alexandrins qui ont des strophes de six vers imitent Guillem. M. Chambers, dans son art. cit., p. 113, considère l'imitation comme probable chez Folquet de Marseille, 155, 25. Les pièces à alexandrins avec rimes masc. semblent dériver de Gui de Cavaillo (1205-1229), d'après une communication de Frank et l'art. cité de Chambers, p. 119 s. Zingarelli, Intorno a due trovatori in Italia, p. 15 s., indique que ces vers longs avaient tous la même mélodie, à l'instar des poèmes épiques. La pratique lyrique est tout autre. Et effectivement, les mélodies conservées (il y en a deux) de XIII réfutent cette interprétation, dans le domaine de la canso. (↑)
83. Maus, Strophenbau, qui enregistre notre chanson sous le nº 17, 4, spécifie, p. 79, que l'on trouve des alexandrins seulement dans les couplets monorimes; chez Frank, nous relevons une exception: Mystère de sainte Agnès, nº 130, note: aabb. — Schutz-Gora traite des pièces prov. en alexandrins, dans Archiv, XCIII (1894), p. 125 ss.; sans preuve aucune, il proteste contre l'avis de Stengel, Grundriss, II, p. 31, d'après lequel Guillem est le premier des troubadours à les employer. Cf. aussi Bertoni, I Trovatori d'Italia, pp. 527 et 571. (↑)
84. M. Chambers, art. cit., p. 119 s., cite la tenso 192, 3 de Gui de Cavaillo, qui présente des rimes intérieures (est-ce que Gui en aurait conçu l'idée grâce à son devancier Guillem?). (↑)
85. Nous présenterons aussi les schémas des pièces d’attribution douteuse. (↑)
86. Toutes ont la rime a fém. et dérivent, d'après M. Lewent, Abseits, p. 131 s., du sirvente d'Albertet de Sisteron, 16, 13. Celle qui nous occupe est indépendante du point de vue métrique. C'est le nº 57, 1 chez Frank; Maus (comme Bartsch aussi) l'ignorait encore. Formant la rime b, les mots avec l'n caduc: be (v. 4), re (14 et 30), ple (36), fre (38), et trois composés de venir: sove (v. 6), cove (20), et s'esdeve (22), riment avec ve, 3e pers. prés. de vezer, v. 32, et me, cas régime du pron. pers., vv. 8, 16, 24 et 40. (↑)
87. Etc., cf. Leys, I, 22 ss. M. Brunel a étudié le rôle de l'hiatus dans son éd. de Jaufré, I, p. 8 ss.: »L'hiatus est une pause et marque une reprise du souffle»; cf. aussi Appel, B. von Vent., p. CXVI ss. La tendance à l'éviter systématiquement semble se généraliser avec le déclin de la poésie prov.: quez, qued (pour que devant voy.), entre autres, deviennent fréquents. Depuis toujours, on a pourtant et et non devant voy., e et no devant cons. — Notre méthode est de marquer toujours l'élision, souvent malgré le ms.-base. pour qu'il n'y ait pas d'équivoque concernant le mètre. (↑)
88. I, 18 merce al; (accentué et à la césure: III, 30 vas me es;) IV, 7 merce estraigna; V, 30 Cortesia e, 40 fe e; VI, 1 Dompna (vocatif), ieu, 13 que ametz; VII, 14 que hom, (32 Que ieu ni vos, donc accentué,) 41 (vos) que es; VIII, 15 n'a el mon, 30 o aize o lezer; (à la césure épique:) XII, 32 parage ai, 34 consentissa un, 48 enveya an, 50 fassa al; XIII, 32 sia el (mon); XV, 8 et 24 que ames, 25 coinda e, 27 pro (césure; le mot s'écrit aussi pron) esterlinz. (↑)
89. Restent à noter les cas: I, 7 et 26 dezir; II, 3 et 27 semblan (sens différ.); III, 34 et 44 gen (sens différ.); (IV, voir sous ce nº, supra, »Versification»); V, 3 (vb.) et 11 (subst.) plai, 12 (subst.) et 49 (adj.) gran, 22 et 30 (personn.) chausimens, 26 (vb.) et 51 (adv.) sai; VI, 5 et 53 oimais (cf. ja mais 12, mais 61), 4 (vb.) et 54, (subst.) pais (cf. s'apais 60), 8 et 50 cavalliers, 13 et 62 voluntiers, 9 et 52 lui; VII, 8 et 39 gaire, 12 (vb) et 25 (adj.) dura; VIII, 7 et 31 vezer (et torn., 55); IX (tenson), 17 et 25 (?) guiza, 20 et 28 estregner, 21 et 29 surigier, 35 et 43 restancha, 34 et 42 segnoreja; X, 7 et 18 tener (sens différ.), 11 (vb.) et 25 (subst.) aver, 14 et 32 vezer, 21 et 35 poder (sens différ.); XI, 7 et 28 mais; XII, 4 et 12 pogues, 3 et 27 lonjamen, 7 et 38 dan, 11 (subst.) et 26 (vb.) aten; XIV, 11 et 25 razos, 33 et 43 traire (sens différ.; cf. retraire 26 et estraire 46); XV, 11 et 18 aitanz (cf. 7 autretanz), 14 et 28 re (le mot-refrain me figure à la fin de chaque strophe). (↑)