9. La difficulté consiste à interpréter per si e us que nous trouvons dans tous les mss.. Un verbe usar nous êtant inconnu, nous avions songé à l'inventer, en remontant au latin urere, et à introduire le verbe percutir, pour expliquer per si. Mais la difficulté a été résolue par M. Hoepffner. Voici la note qu'il m'a communiquée à ce propos. « Je constate que us = usa 3e. sg. pr. ind. de usar « consumer », synonyme de franher et brizar. Donc lire e us' e briza. Alors per si doit être une forme (unique ?) d'un verbe persiar, c'est-à-dire le français percier (pertusiare), généralement pertusar, mais (emprunté au français ?) ici perciar. Donc perci' (ou mieux percj') e us' e briza. »
La construction des vers 8 et 9 est embrouillée.
19. Dans la version de Mahn mos volers peut être le régime pluriel de part ou bien le sujet singulier.
26. L'infinitif employé comme sujet ne prend pas toujours un -s final, surtout s'il est employé sans article. Voir O. Schultz-Gora, A. E., p. 129. Donc la correction de Raynouard et de Mahn n'est pas nécessaire.
30. La phrase pel lonc (variante per locx R) offre quelque difficulté. La phrase rappelle l'image d'un arbre étendu de tout son long, et que les bûcherons scieraient « de long ». Mais si la façon de l'exprimer est un peu obscure, le sens du passage ne l'est pas : l'amour ainsi partagé cesse de mériter le nom d'amour, ce n'est autre chose que la paillardise. Arnaut exprime la même idée dans la chanson Aissi cum selh que anc non ac cossire, vers 34, 35.
33. mon saber ou mos sabers ? La même question se présente Anc vas Amor, vers 21, et là les mss. CMVNQ donnent la forme du singulier.
34-35. C'est presque un lieu commun chez les troubadours que l'amoureux doit être si soumis à sa dame qu'il se considère inférieur à tous ceux qui sont à elle, aux membres de sa famille, et même à ses serfs qu'il doit traiter comme ses seigneurs. Voir Jaufré Rudel (éd. A. Jeanroy) 3, str. 4, Totz los vezis apel senhors etc. Arnaut le dit ailleurs, A guiza, vers 24-25. Mais ici Arnaut se laisse aller jusqu'à exprimer un sentiment chrétien — aimez vos ennemis — et il se montre prêt à faire pour l'amour de sa dame ce qu'il aurait dû faire pour l'amour de Jésus-Christ. |