3. La transition de l'idée générale à son application personnelle est très abrupte ; cette fusion rend la traduction un peu difficile. Vi pourrait être une 1re ou une 3e pers.
17. La leçon de A Mos coratges no·is pot partir de vos est correcte, mos coratges étant le sujet d'un verbe réfléchi. Mon coratge est correct si le verbe partir a un emploi transitif, ce qui est le cas dans la version de E et dans celle de Q ; il est incorrect dans les versions de CDc. Voir aussi le vers 33.
18. Nous ne comprenons pas très bien le rôle de me vir dans ce vers. Nous sommes tenté de le considérer comme une leçon fautive, qui devrait son origine au vers 15. Matfre Ermengau a écrit m'es vis, qui convient bien comme sens, mais on peut se demander pourquoi aucun de nos copistes n'aurait pu y songer.
18-21. Le rêve et la réalité au réveil, lieu commun de la poésie des troubadours, déjà chez Jaufré Rudel :
Anc tan suau no m'adurmi
Mos esperitz tost no los la,...
... E quan mi resveill al mati
Totz mos bos sabers mi desva, a a.
(Ed. A. Jeanroy, Class. Franç., p. 17.)
31-32. c'aia, ce que plus subjonctif doit avoir le sens de sol que, ab que, tandis qu'au vers suivant il s'agit d'une proposition subordonnée, dépendant de voill du vers 29.
34-35. L'indivisibilité de l'amour n'est pas approuvée de tous les troubadours. Voir, par exemple, Daude de Pradas : Amors m'envida e·m somo, où le poète affirme que l'amour veut qu'il aime sa dompna, une piucella et n'importe quelle soudadeira,
« ... non son meins cortes
ad amor, si la part en tres.»
(p. 70 de l'édit. de M. A.-H. Schutz, Bib. Mérid., t. XXII).
36-38. Nous avouons ne pas bien comprendre cet envoi. Après le premier vers on s'attendrait plutôt à trouver maintas au vers 37 — les dames sont souvent volages, l'homme innocent est pris au piège — sous-entendu : accueillez-moi, car je suis fidèle. La construction est très embrouillée. Le sens de se camjar = s'exaspérer, perdre le sens, ne semble pas entrer en question ici. |