6. Nous avons essayé de justifier le massa dic de A (= je dis suffisamment), mais en vain. Il est clair que la version de T à laquelle se rallient plus ou moins CDc est la bonne.
8. pros. Voir vers 23. Le même mot n'est pas répété à la rime. Ici pros est un adjectif = preux ; au vers 23 il s'agit du substantif = avantage.
21. d'enant. Voir Appel, Prov. Chrest. Glossaire p. 235 : lieis d'enant, von vor — weg.
Strophe V et l'envoi. Est-ce que ces onze vers sont l'œuvre d'Arnaut ? Une partie du vers 33 figure dans c, suivie d'une lacune ; ADTR n'ont rien, mais AD ont laissé quelques lignes en blanc. Nous croyons que la strophe V et l'envoi d'Arnaut sont perdus (sauf pour le fragment de c ?) et que le scribe de C, ou celui qui l'a précédé, a inventé ce que nous lisons, c'est-à-dire un fatras de lieux-communs qui se suivent tant bien que mal. Au vers 36 aya répète la rime du vers 12, et au vers suivant guaya ne rime pas.
Quant aux idées — pourquoi le pretz de la dame doit-il survoler les fuelhs, et ce mot, que veut-il dire ? Au sujet de ce mot il y a une note à la page 183 de l'édition des poésies de Uc de Saint-Circ, par A. Jeanroy et J.-J. Salverda de Grave : « Le sens de fuoill, « façon d'être » ou « d'agir », se laisse assez facilement dégager de locutions comme virar lo fuoill... Le sens reste très indéterminé dans un passage d'Arnaud de Mareuil (Us gais, 33 ; M. W. 1, 170). » Pour nous aussi le sens du mot reste obscur, mais nous traduisons « feuillet » et suggérons que peut-être pourrait-il signifier un feuillet du livre, du registre des grands, des nobles.
Le vers 40 ne peut guère être d'Arnaut. Il a des défauts, certes, mais en tant que poète il est sincère. S'il est fidèle, c'est qu'il aime sa dame de bon cœur, et qu'il veut se soumettre à toutes les douleurs qu'amène l'amour. Le souci de se montrer digne de ce qu'il a écrit dans ses chansons admettrait que ces chansons ne venaient pas de son cœur et de son âme. Dans ses poésies il se dépeint tel qu'il est, non pas tel qu'il doit être. |