v. 1-3 : nous adoptons ici la ventilation des vers et le système strophique proposés par M. de Riquer : 3 vers, avec rimes intérieures, soit le schéma suivant : a12 b12 b8. En réalité, si l'on adopte cette disposition, il vaut mieux considérer les deux premiers vers comme des vers de onze syllabes, avec une césure féminine après la 6e syllabe : rythme impair qu'on retrouve dans d'autres genres « popularisants » du Moyen Age (ballettes et virelis). I. Frank coupe les vers comme suit : Tart fa òm mal / Pus sia / Entre bonas gens, / E falh leumens / Qui via / Pren ab desleial, / Car tuit lo tenon per leial. Il y aurait une troisième possibilité (que j'aurais tendance à préférer), soit : Tart fa òm mal pus sia / Entre bonas gens / E falh leumens qui via / Pren ab desleials / Car tuit lo tenon per leial. En l'absence de la mélodie, il est difficile de se prononcer.
v. 5-6 : en fait, le maître est trompé par son serviteur ; la mention de la méchante journée est un euphémisme, car le poète n'ose en dire davantage.
v. 9 : je me rallie à l'interprétation de M. de Riquer, bien qu'elle ne me paraisse pas syntaxiquement satisfaisante.
v. 10 : residens. Sens obscur, peut-être en rapport avec reissidar « éveiller ».
v. 16-17 : Sobreprètz et Leis dels Cartz (/ la Dòmna dels Cartz : « la Dame aux chardons ») : senhals qui apparaissent fréquemment dans l'œuvre de Cerveri et qui désignent, le premier une protectrice non identifiée du poète, le second Sybille d'Ampurias, épouse puis veuve du vicomte Ramon Folch IV de Cardona (1233-1276).
v. 19 : selon M. de Riquer, il est fait ici allusion aux projets de Jaime Ier le Conquistador quant à une croisade en Terre sainte. On peut supposer que les cinq rois en question sont les rois de Castille, d'Aragon, de Portugal, de France et d'Angleterre. |