v. 3-4 : la porquiera est d'emblée actualisée comme genre : la « pastoure » garde un troupeau de porcs.
v. 7-14 : la louange courtoise est négativisée, comme souvent dans ce genre de pièce, en une sorte de blason de la laideur.
v. 15-16 : noter la courtoisie traditionnelle des propos du chevalier, qui forme un contraste burlesque avec la grossièreté de la porchère. Mais la question qu'il pose au vers 17 n'est guère courtoise.
v. 18-24 : la grossièreté de la porchère se mêle ici à une obscénité (malgré elle) qui provoque la lubricité du chevalier.
v. 21 : fos (Audiau : fo·l).
v. 27-30 : le chevalier emploie parodiquement le langage courtois de la souffrance amoureuse (per vos ai trach gran afan), alors que c'est la pure lubricité qui l'attire vers la porchère, sorte de prototype de la « femme sauvage ».
v. 40-44 : l'allusion au berger, ami de la pastoure, qui joue du chalumeau, fait davantage penser aux pastourelles françaises. Mais leurs rencontres semblent plus bachiques qu'érotiques !
v. 49 : noter le changement de ton du chevalier, qui appelle désormais la porchère par son nom. Elle lui répond à son tour en vraie porchère qu'elle est, en empruntant ses comparaisons amoureuses au seul registre lexical de sa profession (pòrc, aglan, trueja, caul).
v. 53-55 : les propos courtois émergent encore d'une concupiscence qui se fait de plus en plus pressante.
v. 61-62 : sens peu clair, mais visiblement image obscène.
v. 65-79 : sur le thème du « devant » et du « derrière », cf. nº 31, vers 22, et nº 34, vers 21. R. Nelli note: « Le troubadour s'étant refusé, pour gagner du temps, à l'honorer du côté de devant, la porchère feint de croire que c'est l'autre côté qui le tente. Et elle proteste pour la forme. »
v. 83-91 : le départ même de la porchère, qui glisse et s'étale tout de son long, est burlesque et ridicule. Il y a dans cette pièce un comique de comportement, de type théâtral, assez fréquent dans la pastourelle française, mais rare dans les pièces occitanes.
v. 92-95 : que signifie ce brusque changement de ton de la tornada, qui se situe résolument « hors texte » ? On a pensé qu'elle s'adresse à la Vierge : sa formulation faisant en effet penser aux litanies mariales. Il est d'autre part exact que les Leys d'Amor faisaient un principe aux poètes d'adresser à Dieu ou à la Vierge la dernière cobla de leurs chansons, la fin' amor étant tenue à cette époque pour suspecte. Quoi qu'il en soit, nous verrions plus volontiers dans ce retour brutal du registre courtois, un effet volontairement antithétique et burlesque. Il est donc vraisemblable que le poète s'adresse ici à sa dame, plutôt qu'à la Vierge Marie. |