v. 1-8 : la douleur amoureuse, particulièrement aiguë dans cette pièce (mais pas plus que chez Bernard de Ventadour, par exemple), est exprimée par les termes clefs traditionnels (esmai, pessamen, error, dòl, ira, feunia) ; les lauzengiers, destructeurs des valeurs courtoises (jòi et joven) ont la même fonction négative que dans le texte masculin. Enfin, la distance et la séparation (departir e lonhar), dont sont responsables, comme toujours, les lauzengiers, ont la même valeur d'obstacle érotique que dans la cansó masculine.
v. 9-16 : le désir amoureux (desir, enveja, talen) fonctionne exactement comme dans la cansó masculine : la finalité est simplement inversée. De même, la louange courtoise qui suit : on ne peut aimer que ceux qui chantent la louange de l'être aimé (homme ou femme).
v. 17-24 : les protestations de fidélité et l'unicité de l'être aimé sont également monnaie courante et précieuse dans le texte masculin.
v. 20 : Si'm pregavon d'autras dònas un cen. L'éditeur de la pièce (Schultz) a corrigé le dònas du manuscrit en òmes (Si'm pregavon d'autres òmes un cen), ce qui pourrait paraître plus logique et constituerait à peu près le seul indice textuel vraiment « féminin » de la pièce (la poétesse amoureuse, en effet, même si elle recevait l'hommage de cent soupirants, ne renoncerait pas pour cela à celui qu'elle aime). Mais la bévue du copiste (si bévue il y a) est assez significative : il n'a pas senti le texte comme « féminin » et, à son insu, c'est le code endémique habituel qui a joué. |