I. — 1-10. C'est un exposé, en un style »technique», du mystère de la transsubstantiation; cf. Jeanroy, Poésie lyr., II, p. 309.
1- 3. faissos, plur. = »visage, figure» (cf. »traits»).
5. carnal = »véritable, de chair et d'os». Cf. P. Meyer, Crois. Alb., gloss., et Swb., I, 215.
II. — 12. Dans le ms., ce vers a deux syllabes de trop. C'est avec une retouche très légère que nous arrivons à en restituer le mètre.
13. Noter la graphie guovernaire; les Provençaux (de Provence) avaient coutume de marquer ainsi le g dur, même devant a et o (voir P. Meyer, Dern. Troub., p. 21 s.). Swb., IV, 154 s., atteste trois déverbatifs de governar; cinq fois, on trouve la graphie guo- dans ses preuves.
15. faitz ses pairos: plutôt »sans ascendants» (comme traduit Lex. rom., IV, 395) que »sans modèles» (l'une des acceptions de pairon).
17. tot neutre, invariable, est attesté dans Swb., VIII, 333; cf. l'adj. tot, v. 20 (voir la Note corr.), et le subst., v. 2, où le sens est »l'univers».
18. So crezem e·i am fizansa, »cela, nous le croyons et y avons confiance». am, qui pourrait être une forme analogique à em, »nous sommes», montre qu'il s'agit d'une basse époque.
20. tot, adj., se rencontre souvent là où l'on s'attendrait à l'adv.; voir Swb., VIII, 333.
III. — 21. Rejetant la traduction (»habile») de Lex. rom., V, 515, Levy, Swb., VIII, 697, et Petit dict., interprète vertuos par »qui opère des miracles».
25. tan ... per que »tellement que» est assez souvent attesté: Tant es cars (v. 21) ... E tan debonaire (v. 23) ... Per que verayas razos Pot hom ben retraire; cf. Appel, R. von Orange, p. 51.
27-30. Cf. Cerveri de Girona (édité récemment par M. de Riquer), 434a, 15 (Vers de la Hostia): De Deu no·s deu nulh hom meraveyllar Can fa del pa carn ver' e del vi sanc.
29. Tornar + cas sujet = »devenir»; voir Swb., VIII, 304. u pour o est fréquent dans une syllabe à position: duptansa, et v. 31: duptos.
30. Le remplacement de -z final par -s est tout particulièrement une des caractéristiques du provençal proprement dit.
IV. — 35-36. A remarquer l'enjambement, de même qu'entre les vers 38 et 39; dans les deux cas, c'est d'ome qui commence le second vers.
37-38. Lex. rom., IV, 76, qui cite ces deux vers s. v. limo »limon, citron», garde perra du ms., au v. 38, et aboutit à la traduction: »Plus tôt que quand un limon vint en métamorphose de poire»! Il s'agit bien du »limon (de la terre)»; cf. Swb., IV, 402.
V. — 45. Pour que, »bien que», voir Note II, 11 et Gloss. |