NOTES
C. Appel, éditeur de Cadenet, tient l’attribution que donnent les deux Mss. pour fausse. Stroński (Folquet de Marseille, p. 37, note 1 et AdM. 25,293) attribue cette pièce à Gaucelm Faidit. Cependant les rapprochements que fait Stroński et que reprend Appel (Der Tr. Cadenet, p. 89–90) entre le vers 14 de Ab leyal cor et le vers 3 de Mout a poignat sont loin d’être probants et ne sont même pas des présomptions. Quant aux relations de Raimon Jordan et de Gaucelm Faidit, elles ne sont pas assurées. Il est vrai qu’on retrouve ici dans la strophe II en particulier, le thème de la souffrance prolongée et de la fidélité sans récompense, déjà exprimés au début du poème. Il est vrai aussi que le délai de sept ans que nous trouvons ici au vers 14 est mentionné dans Mout a poignat Amors en mi delir, 167,39 où Gaucelm utilise le même thème. Cette pièce est envoyée à Mon Dezir, qui n’est pas exactement ni Mon Desirier ni Belhs Dezirs, senhals employés par Gaucelm F. dans Trop malamen m’anet un tems d’amor 167,63 et dans Razon e mandamen 167,51, mais qui leur ressemble d’assez près.
Le ton et le style de Ab leyal cor ne paraissent pas être ceux de Gaucelm. Il y a ici plus de mollesse, et, semble-t-il, de détachement que chez Gaucelm. De plus la rime d est un rim estramp, artifice que Gaucelm F. n’emploie jamais. Pour ces raisons, nous répugnons à accepter l’opinion de Stroński. Nous pensons que nous avons dans Ab leyal cor e adroite imitation de Gaucelm plutôt qu’un de ses propres poèmes. |