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Stronski, Stanislaw. Le troubadour Folquet de Marseille. Genève: Slatkine Reprints, 1968

[CdT en procés d'incorporació]

155,018- Folquet de Marseilla

39–40. so que . . . mas. Cette anacoluthe conisiste en ceci que la phrase qui débute par le pron. dém. cel ou so suivi de que remplace, au fond, une proposition subordonnée (conditionnelle, adversative, ou autre). L’origine de cette construction se trouve, sans doute, dans les locutions proverbiales et dans les sentences que l’on faisait débuter volontiers par tals, cel, so, suivis, directement ou non, de que (cf. Cnyrim, Sprichw. prov. Lyr. 1884, Ausg. u. Abh. LXXI p. 12–3), sans qu’il y eût anacoluthe : p. ex. So que·l fol blasmon es lauzors 461,240. Voici quelques exemples à anacoluthe : Emperaire, si ben enquers Lo reprovers es fis e vers : Ço que dons dona e plora sers Las lacrimas devon perir Marcabrun 293,23 str. 5 (publ. dans O. Klein, M. de Montaudon 1885, Ausg. u. Abh. VII, p. 98 note) « si le seigneur donne quelque chose et le servant le pleure » ; E eu lo dis E·l diables l’escris Pe·l meu acusament : So qu’el escris E tu delis E torna a neient (Poés. rél. p. p. P. Meyer, Bibl. Ec. Chartes 1860 p. 488 vv. 129–34) « ce qu’il écrivit Tu [le] détruis » ç-à-d. « Il l’écrivit, mais Tu le detruis », et il faut remarquer que e dans E tu delis introduit la proposition principale après so que, comme fréquemment dans les propositions à deux membres (conditionnelles, temporelles etc. : « et im Nachsatz », voy. p. ex. Appel, Chr.2, 42), et comme mas est employé dans notre cas ; Sel que ditz qu’al cor non sove De so qu’om ab los huelhs no ve Li miei l’en desmento ploran Perdion 370, 14, vv. 41–4 (tous les mss. publ.) « si quelqu’un dit » ; Car cel que l’autrui serca per prendre·ls autruis bes Mais li valdria mortz o que ja no nasques Chans. Crois. Alb. 3542–3 ; Quar selh que fetz la ofensa Dieus e·l mon l’a en azir Joan Esteve 266, 2 str. IV, MG. 749 et Azaïs, Troub. Béz. 67 ; E cel qe si trais, greu l’er autre fis (H. n. 167, Studj V, 512, texte cité dans la note sur IX str. V).
 
44–5. lais. Ces vers renferment des inforrnations précieuses pour l’étude des genres et qui sont restées inconnues parce que Raynouard avait adopté la leçon : com mov mon chan au lieu de com muoc mon lais ; (que certains mss. aient remplacé lais soit par vers soit par chant, c’est bien naturel, la pièce de Folquet étant la plus regulière des chansons). — 1º. Aissi com muoc mon lais lo fenirai. Nous possédons en réalité des lais dont la dernière strophe est calquée sur la première et les théoriciens attardés y voient une règle fixe, de façon que M. Appel a compté cette particularité parmi les traits distinctifs du lai (Z. f. r. Ph. 18R8, XI, 130). Mais M. Jeanroy a objecté : sur treize pièces françaises les plus anciennes cette particularité ne se présente que deux fois ; l’un des deux lais provençaux connus la confirme bien, tandis que dans l’autre la dernière strophe reproduit les idées (ce qui a suffi à Folquet pour comparer sa chanson à un lais) et les rimes de la première, mais non pas la structure métrique entière (Lais et descorts français du XIIIe s., texte et musique, p. p. A. Jeanroy, L. Brandin, et P. Aubry, Paris 1901 p. VI). L’allusion de Folquet indique nettement que l’accord entre le début et la fin des lais était de règle. Voici un passage de Bertran de Born 80, 32 vv. 10–13, contre le roi d’Aragon, qui a été mal interprété jusqu’à présent et qui renferme une allusion analogue : Sos bas paratges sobrissitz Sai que fenira coma lais E tornara lai don se trais, A Melhau et en Carlades ; M. Stimming (1e éd. p . 189 n. 32 et Glo s s. 347 ; 2 éd. p. 81. o. 12 et Gloss. 221) ainsi que M. Thomas (p. 45 pol. XI) ont cru que lais était laitz « laid », mais on voit que cette interprétation est impossible ; le sens est : comme un lai finit de la même façon qu’il commence, le roi retombera dans ses origines de petit baron. Or, le sirventes de Bertran de Born est de 1184 (Stimming1, 46), la chanson de Folquet de quelques années postérieure (cfr. Introd.) ; ces deux allusions sont donc au moins contemporaines des plus anciens lais qui nous soient parvenus (Jeanroy ib. XVI). L’excellente démonstration de M. Jeanroy, dont les conclusions ont été généralement acceptées (Tobler, Archiv CIX, 219, Schlaeger Lit. g. r. Ph. XXIV, 286, Restori l. c. ci-dessous), ne saurait être ébranlée, puisqu’elle se borne à constater les faits. Mais nos deux allusions prouvent que l’accord entre le début et la fin des lais remonte bien à l’origine de ce genre et que l’abandon de cet accord est une évolution postérieure. — 2º. Farai o doncs aissi co·l joglars fai. Pourquoi dit-il « jongleur » et non pas « Troubadour », bien qu’il parle de la composition et non pas de l’exécution d’un lai ? C’est le lieu de se rappeler une hypothèse de M. Restori (Riv. music. ital. VIII, 1901, p. 1031) : les auteurs des descorts étant tous connus et les lais étant pour la plupart anonymes (9 contre 5), M. Restori voit dans le lai un genre populaire dont le descort serait un développement dû aux poètes courtois et, s’appuyant sur l’examen au point de vue de la musique, il en aperçoit une confirmation dans « cette empreinte populaire et ceux retours symétriques qui paraissent être propres aux lais ». L’allusion de Folquet semble bien confirmer l’hypothèse de M. Restori. Nous y aurions donc un des rares témoignages authentiques des origines populaires d’un genre lyrique.

 

 

 

 

 

 

 

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