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Gouiran, Gérard. L'amour et la guerre. L'œuvre de Bertran de Born. Aix-en-Provence: Université de Provence, 1985.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2012.

080,009- Bertran de Born

Ordre des strophes :
Stimming et Thomas ont suivi dans leurs éditions l’ordre indiqué par les manuscrits ABCETa ; Appel a préféré suivre le copiste de R. De fait, l’ordre présenté par la majorité des chansonniers a le défaut de faire précéder la description des charmes de la dame par l’anecdote d’Argentan qui est en réalité la démonstration pratique de ses qualités. À la suite d’Appel, j’ai choisi l’ordre des strophes de R qui semble bien plus logique.
 
v. 10 : carantena
Ce thème du carême d’amour apparaît également chez Bernart de Ventadorn : Faih ai lonja carantena (éd. Lazar, nº28, v. 40) et chez Peire d’Alvernha (éd. Riquer, Trovadores, nº48, v. 40) : Faih ai longa carantena ; Bertran pousse plus loin la métaphore : après avoir attendu une marque d’amour pendant une longue période, la plus grande partie du Carême, il en est arrivé au Jeudi Saint, c’est-à-dire au jour qui a précédé la mort du Christ. Il n’est donc que temps qu’un baiser vienne le sauver.
 
v. 14 : estrena
Le même thème apparaît chez Arnaut Daniel (éd. Riquer, Trovadores, nº123, v. 27) : e don m’en un bais d’estrena et Arnaut de Mareuil (éd. Johnston, nº17, vv. 25-27) : Merce fara, si no·m mena ... e don m’en un bais d’estrena.
 
v. 16.
La même idée est exprimée par Gaucelm Faidit (éd. Mouzat, nº25, vv. 33-34) : qe·m des un bais ... C’ai dich ? - Trop m’i eslais! On relève une expression semblable dans Flamenca (v. 3794) : Ben pogr’om dir que trop s’erguolla, que les éditeurs, Nelli et Lavaud, traduisent par “on pourrait dire qu’il est trop exigeant”.
 
v. 18 : las tres de Torena
 
v. 19.
L’apparat critique rend compte des hésitations des copistes devant le vers 19. Kastner (1) a proposé une correction fi·n essais, où essais présenterait le pluriel courant pour les mots abstraits, comme dans en perdos (v. 39). Cette hypothèse a le mérite de rendre compte assez facilement des diverses leçons.
 
v. 22 : Ravena
La forme indiquée par ABa, Torena, n’est sans doute qu’une réminiscence du v. 18, mais quelle est la bonne leçon ? Carena (CET), Garena (C) ? Je suis les manuscrits DFIK, mais ce Ravena me paraît presque trop satisfaisant. À propos de ce type de renoncement, cf. p. CXXV, note 5 ; on pourrait en citer bien d’autres exemples : per q’ieu no volh Roam aver ses lieis ni tot Jerusalem (Arnaut Daniel, éd. Riquer, Trovadores, nº117, vv. 35-36), Que ses la vostra entendenza no volgr’aver Proenza ab tota Lombardia (Guilhem Augier Novella, éd. Riquer, Ibidem, nº236, vv. 41-43), etc.
 
v. 23 : Roais
En 1098, “Une troupe de Franj a réussi à s’emparer d’Edesse, l’ar-Rouha des Arabes, une grande ville arménienne située au nord de la route qui mène de Mossoul à Antioche” (Amin Maalouf : Les Croisades vues par les Arabes, Paris, 1983). La reconquête de la ville par Zinki en 1144 avait marqué le début du reflux de l’offensive franque en Orient.
 
v. 24 : retena
Les copistes ont écrit : reteigna (AB), retenha (CE) et retena (DFIKRTa), forme qu’exige la rime. On peut du reste rencontrer ailleurs cette forme de subjonctif, et Kastner (L.C.) renvoie à Bernart Marti (63.4) et Arnaut de Mareuil (30.10). Si le sens global est clair, il n’en va pas de même pour la construction détaillée, comme le montrent, dans l’apparat critique, les hésitations des copistes. Je comprends la deuxième partie de ce vers comme une explication de la première : je ne veux pas avoir Ravenne sans elle, c’est-à-dire : si je dois renoncer à elle, si elle ne doit pas me garder auprès d’elle.
 
v. 31 : Argentos
L’actuelle Argentan portait alors le nom d’Argenton que Bertran, pour les nécessités de la rime a transformé en Argentos.
 
v. 32.
J’ai suivi la lecture de A : Ma·l gentils cors amoros qui est appuyée par T : Ma·l gentills cors amoros. Il n’y a pas d’article dans les mss. Ba : Mas gentils (-il a) cors amoros. E donne un vers hypermétrique : Mas lo gentil cors amoros, que C, suivant ses habitudes, a sans doute corrigé en Mas lo gens cors anoros. Kastner, qui préférerait la leçon de FIK Mas lo regarz (regat IK) amoros, trouve que la forme ma·l est peu commune, mais Levy (S. W. t. 5, p. 26 b) indique que l’on trouve souvent la forme ma devant un ·l.
 
v. 33.
De la même façon, Peire Rogier (cité par Stimming 3, 3. 41) écrit : Sa beutatz resplan tan fort, nuegz n’esdeve jorns clars e gens.
 
v. 36 : en gensaria
Selon Appel (O.C. “Beiträge II”, p. 50), mieux vaudrait suivre la leçon de DIK : n’alumpnaria (n’alumnaria F) qui serait plus pittoresque et éviterait la répétition du verbe gensar. Notons que tout en évitant la répétition d’un mot, cette modification entraînerait celle de l’image du vers 33.
 
v. 51.
On peut noter la même idée : Cort ses don no m’a sabor dans une cobla que Mouzat a citée en note de la chanson nº64 de Gaucelm Faidit (p. 528).
 
v. 54 : L’enois e la vilania
Ces deux mots doivent former un ensemble, si l’on en croit ces vers de Raïmbaut de Vaqueiras (Riquer, Ibidem, nº160, vv. 28-29) : Albert marques, enoi e vilania sabetz ben dir.
 
 
Notes:

(1) “Notes on the poems ...” Modern Language Review, 1932, nº27, p. 418. ()

 

 

 

 

 

 

 

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