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Gouiran, Gérard. L'amour et la guerre. L'œuvre de Bertran de Born. Aix-en-Provence: Université de Provence, 1985.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2012.

080,024- Bertran de Born

v. 1.
Selon Andresen (Z. F. S. L. nº42, p. 40), il s’agirait du diminutif de Majolus, Majolinus, qu’il faudrait donc écrire Maiolin.
Je traduis malastruc, dont le sens précis est : “né sous une mauvaise étoile” par “malheureux”, dont l’histoire est parallèle, même si cela n’est plus perçu. Notons que Martín de Riquer traduit le même adjectif, dans un vers de Raïmbaut de Vaqueiras : Paubre d’aver e malastruc d’amia (nº160, v. 25) par “desdichado”.
 
v. 2 : acoindat
Ms. acomdat. Tobler, le premier a proposé de lire acoindat. Kastner (M. L. R. nº32, 1937, p. 217) se demande si l’original n’était pas Puois que comdat (comtat) m’a hom de vos.
 
v. 5 : iest
Il est indubitable que l’auteur s’adresse à Mailolin à la deuxième personne du pluriel, comme le marquent les pronoms personnels exprimés. On rencontre pour cette personne du verbe être les formes : es (v. 10), est (v. 20) et iest (vv. 5, 17, 22 et 26) dans ce sirventés. La Chrestomathie de Bartsch comme celle d’Appel n’atteste au pluriel que les formes es et est. Je suppose que, de même qu’existent au singulier des formes parallèles est et iest, un doublet analogique a pu se former au pluriel, et je laisse dans le texte les diverses formes utilisées par le copiste.
 
v. 7 : curailha
Ms. corailha. Andresen (Z. R. Ph. XIV, p. 214) a proposé de voir en ce mot le correspondant du mot d’afr. curaille, “rebut, refus”, dont M. Lecoy (O. C.) signale l’emploi au vers 590 de la chanson de Sainte Foy (éd. Hoeppfner, Paris, 1926). Kastner (Ibid. p. 218) est d’avis de conserver le corailha du manuscrit qui signifie “courage” : comme il n’y a pas dans la chanson d’indication supplémentaire que Mailolin vive des rebuts d’autrui, Kastner pense que le troubadour veut simplement opposer le courage du campio à la lâcheté du jongleur.
Même si le retour à la rime du mot corailha n’est pas un motif suffisant pour l’écarter, il me semble que l’emploi du curailha se justifie mieux : en demandant qu’on lui confie des chansons dont il tirera sa subsistance, Mailolin accepte ce que les autres veulent bien lui donner, même s’il s’agit de chansons aussi injurieuses pour lui que celle-ci, et, en ce sens, comme en avalant le rognon sans se préoccuper de savoir qui le lui coupe, on peut dire qu’il vit d’autrui curailha. Au demeurant, le campio, à propos duquel M. Lecoy note : “Personnages qui faisaient métier de se battre pour les autres dans les combats judiciaires, métier décrié”, ne représente pas un idéal auquel opposer la lâcheté de Mailolin, mais une solution vile, toutefois moins vile que la sienne. En ce sens, Stimming 3 cite un passage de Benoît : Veuz miels vivre d’autrui ... curaille Q’od esforz d’armes ... tun riche regne delivrer (Ducs de Norm. II, 9340).
 
v. 8 : faissuc
Raynouard (L. R. t. III, p. 249) comprend : “fâcheux”, Chabaneau (R. L. R. nº31, p. 608) : “pesant, au propre comme au figuré”. Ce mot apparaît sous la forme fexuch chez Cerveri de Girone (nº8, v. 19) : qui marit a fexuch, fals ne enich, et l’éditeur, Martín de Riquer (Barcelone, 1947) le traduit par “pesado”. On le rencontre encore chez Amanieu de Sescas (Testi didattico-cortesi di Provenza, éd. Sansone, texte III) : Ni no aiatz ergada Ab nulh home faichuc, Nessis ni malastruc Ni fol (vv. 128-131) où l’éditeur traduit : “E non accompagnatevi con alcun uomo importuno, stupido, nè tristo, nè stolto ...” où l’on remarquera, outre un sens intéressant proposé pour malastruc, la présence de trois adjectifs employés à propos de Mailolin, ce qui confirme l’aspect traditionnel des sirventés au jongleur.
 
v. 9 : enuios
Kastner propose de traduire ce mot par “irrité”, sens que Levy (P. D. p. 150) et Appel (glossaire des Lieder) mettent en question. Il me paraît pourtant difficile de conserver le sens ordinaire de “fâcheux” en pensant que l’autr’om est Mailolin et que l’auteur est ironique.
 
v. 15 : Qi·us
Ms. Qieus. Bartsch (Chrest.) explique que la forme appuyée -us fait depuis la fin du XIIIe -ieus lorsqu’elle s’appuie sur un mot s’achevant par un -i.
 
v. 23.
Pour Levy (S. W. t. VII, p. 756), le soiros correspond à l’afr. suiron, “ciron”. Cela semble mieux convenir que l’interprétation de Chabaneau qui traduit par “porc, gros cochon” et précise que “souiro, truie est encore en usage”.
Le manuscrit présente la construction avec datif éthique du verbe avoir : a·s.
 
v. 25 : cabeçailha
Capuchon, couvre-chef (Stimming), capuchon (Thomas), collet (Levy), ont été proposés pour traduire cet équivalent de l’afr. Cheveçaille. M. Lecoy (Ibid.) explique qu’il s’agit en général de l’ouverture du vêtement par laquelle on passe la tête et ici simplement du vêtement.
 
v. 42 : enpasses
À la leçon du manuscrit, Chabaneau préférerait l’en passes : “que vous ne le fassiez passer (dans votre estomac ou dans votre gosier)” ; Tabler propose empansetz. Pour Stimming et Levy, il n’y a rien à changer à la tradition manuscrite, car le Gloss. Occ. donne au verbe empassar le sens de “avaler, engloutir”, Raynouard (Ibid. t. IV, p. 443) celui de “faire passer, avaler”. Enfin, la langue moderne emploie ce verbe avec la même signification : cf. Mistral : “empassa : avaler, gober, ingurgiter”.
Tous les éditeurs s’accordent pour corriger en qui·l vos tailha le qu vos tailha du manuscrit.
 
v. 44 : Raimons de Planell
M. Paden (“C. R. de Wiacek Wilhelmina ... and Chambers Frank ...” in Romance Philology, vol. 28, nº3 de février 1975) a relevé dans les Chartes de Brunel un Ramun de Planels qui sert de témoin en 1189 : à la date du 5 avril 1189 : e ma e vezensa e auzensa de Ramun de Planels que veguers e sirven es de Montalba. Ce Raimon de Planel, viguier de Montauban, qui porte le nom de la paroisse sanctus Amantius de Planellis, vassal et officier du comte de Toulouse, doit ne faire qu’un avec le personnage de Bertran.

 

 

 

 

 

 

 

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