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Gouiran, Gérard. L'amour et la guerre. L'œuvre de Bertran de Born. Aix-en-Provence: Université de Provence, 1985.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2012.

080,024a- Bertran de Born

v. 1.
Compte tenu du ton général de ces coblas, il est probable que l’expression mal o fai, outre son sens précis de “mal agir” permettait à l’auteur une allusion à l’expression faire + pronom neutre = “faire l’amour”, cf. note à 38. 12. Schultz-Gora (Archiv nº134, 1916, p. 110) exclut totalement la possibilité d’une forme atarga et exige que l’on corrige en s’atarja.
 
v. 2.
C’est ici selon Stimming le seul exemple de color au masculin, comme l’implique la rime. C’est donc aussi une forme régime au lieu du cas sujet qu’exige la syntaxe. Je préfère penser que l’auteur a pris de grandes libertés avec la rime : le mot color est bien féminin, mais les deux adjectifs qui le qualifient élident leur -a final devant la conjonction qui les suit : e·l color fresc’e blanc’ / E ...
 
v. 3.
De Lollis (“Proposte di correzioni ed osservazioni ai testi provenzali del manoscritto Campori” in Studj di fil. rom. IX, 1903, p. 153 sq.) propose de corriger en embarc et donne à ses tot embarc le sens de “bien poli”. Stimming cite le Breviari d’Amor 11655 : No morra de la ponchura Del ... escorpio, Ans aura cert salvacio En paradis ses tot embarc, dont le sens exact est “sans obstacle” et qui ne sert qu’à confirmer le mot cert. Il s’agirait alors d’une simple cheville qui prouverait une fois encore que ce texte n’est pas le fruit d’une grande recherche.
 
v. 7.
La forme petz du ms. pour pes peut surprendre, mais Stimming la signale dans Girart de Rossillon. Schultz-Gora préférerait remplacer petz par dentz, car le pied petit n’apparaît que rarement comme un trait de beauté à cette époque.
 
v. 9.
De Lollis propose de corriger le pelarja du manuscrit en pel arja, “pelle arida”, mais Levy (S. W. t. VI, p. 192), suivi par Stimming corrige en pel larjalarc aurait le sens de “mou, lâche”.
 
v. 11.
Stimming fait remarquer que le mot qui se dissimule derrière envart du manuscrit doit se terminer par -arc ou -art et qu’il doit désigner un être qui a les yeux rouges ou un objet rouge. Jusqu’ici rien de satisfaisant n’a pu être proposé.
 
v. 12.
Devant la leçon e pat de col retomba, Stimming se demande si l’on ne pourrait pas supposer : el peitz del col retomba, mais l’existence d’un verbe retombar n’est pas attestée. Schultz-Gora avance : e pansa com retomba, “et un ventre comme une fiole”. Je pense qu’il y a ici la reprise burlesque d’une comparaison connue : c’est ainsi qu’Arnaut Daniel emploie la même rime : Del ferm voler que non es de retomba (éd. Riquer, Trovadores, t. II, p. 642), et qu’Elias Cairel écrit : Qu’autressi com la retomba franh leu ... (éd. Jaeschke, 133, 2 p. 97). Je propose de lire avec une très légère correction : e par de col retomba, “elle ressemble à une fiole par son cou”, ce qui donnerait l’idée de la fragilité d’un cou décharné.
 
vv. 15-16.
Stimming comprend : “Lorsqu’on la requiert d’amour, lorsqu’on entre en relation charnelle avec elle, on ne tient pas cela pour une fête, c’est-à-dire un grand plaisir” et trouve que ce dernier vers n’a pas été amené très logiquement. Schultz-Gora pense qu’on ne peut donner à requerir le sens que lui prête Stimming et comprend : “quand elle est vieille, elle désire ce qu’elle ne peut avoir ; mais aussi longtemps qu’elle est belle et jeune, elle ne veut pas ce qu’elle peut avoir, aussi, de façon insensée, elle n’accorde aucune importance au fait que quelqu’un la requière d’amour”.
À mon avis, l’auteur introduit une rupture entre les vers 14 et 15. Après avoir affirmé que la dame, devenue vieille et laide, voudra être aimée (cf. L’autrier avint en cel autre païs de Conon de Béthune, éd. Wallensköld, p. 17), le poète revient à ceux qu’elle repousse présentement pour reconnaître que cette revanche à venir ne saurait calmer leur dépit actuel : “Pendant qu’elle possède beauté et jeunesse, cela ne saurait remplir d’allégresse celui qui la requiert d’amour”.

 

 

 

 

 

 

 

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