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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour. Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

156,014- Falquet de Romans

v. 1 : chanso sirventes. Dans cette poésie, comme on peut le voir, trois strophes sont consacrées à l’amour, tandis que les deux autres et la tornada traitent de sujets divers intéressant la société courtoise transalpine. L’expression chanso sirventes utilisée par le troubadour désigne-t-elle simplement le mélange des genres dans sa chanson ou s’agit-il d’un genre qui a ses règles propres ? V. E. Köhler, “Die Sirventes-Kansone : “genre bâtard” oder legitime Gattung ?”, Mélanges Rita Lejeune, Gembloux 1969, I, 159-183.
 
v. 3 et v. 13 : alres et res. Il n’y a aucune raison de corriger alres, leçon de E, en alre, leçon des autres mss, dès lors que l’on admet que res, au v. 13, est bien au cas régime. Or les exemples d’un tel emploi ne manquent pas. On relève, par exemple, D’aquo no qual que s’en parle plus en res ni per res, Chronique des albigeois, dans Raynouard, L. r. V, 56° ; Car res de tot cant hom dezira Non poc conquere ni aver, R. Vidal de Besalu, dans Appel, Chrest., V, vv. 68-69 ; e tantost illi li fes iurar qu’a res non ho disses, Vie de Sainte Douceline, ibid., CXIX, lignes 17-18 ; avetz fag res novel (: bel) ? Raimon Gaucelm, dans Levy, S. W. VII, 224a.
 
v. 13 : devede res. Dans les mss qui suivent cette tradition, ET, on peut lire : nom devede res (E) et nom deve dieres (T). Alors que Zenker écrit : jamais no·m devede res, Appel, Prov. Ined., 101, préfère : jamais no·m deved’e res, et il est suivi par Crescini, Manuale, 3º éd., 294, qui note sous ren, dans le lexique, 441a : “e res, 49, 13, in nulla”. Il faudrait admettre alors une construction de devedar avec le cas régime du pronom, pour désigner la personne à qui l’on interdit, et avec en + nom ou pronom, pour désigner la chose interdite ou le domaine de l’interdiction. L’hypothèse n’est vraisemblable que si l’on peut fournir d’autres exemples de ce tour. Mais l’on trouve d’ordinaire la construction : e so c’om li deveda, fai, Bernart de Ventadorn, XXXI, v. 36, éd. M. Lazar, 182, et rarement la suivante : e devedon als autres d’aco que fan lurs atz, Peire Cardenal, XXXIV, v. 8, éd. R. Lavaud, 206. D’autre part, devede ne peut pas être un subjonctif de souhait : il serait absurde que le poète souhaite ne rien se voir refuser par la dame, alors qu’il explique ensuite qu’il a d’elle tout ce qu’il voulait. Que (c’) fournit bien un attendu, puisque l’emploi de l’indicatif présent ai, comme celui de l’indicatif imparfait volia, empêche de comprendre ‘de sorte que je reçoive ..’ . On verra donc dans la forme devede un prétérit sans -t final, comme dans la chanson II, au v. 41. Cette solution ne pose aucun problème de syntaxe et rend parfaitement logique le déroulement de la phrase.
 
vv. 14-15. Ces vers présentent une réminiscence d’une chanson de Raimon de Miraval : Qu’ab lieys ai tot quan volia D’amor e de drudaria, XXIII, vv. 29-30, éd. L. T. Topsfield, 205. Raimon Vidal de Besalu aime invoquer dans ses récits l’autorité de Raimon de Miraval, v. P. Andraud, La vie et l’œuvre du troubadour Raimon de Miraval, Paris 1902, 192. Il cite la strophe où se trouvent ces deux vers dans son Judici d’amor, So fo el temps c’om era jays, vv. 681-688, éd. M. Cornicelius, Berlin 1888, 31. Cf. Zenker éd. cit., 82.
 
v. 16. À propos de Floris, v. la chanson II, v. 7. Cf., dans le conte français : Atant ses amis le racole Et ele lui, si fait que fole, Et puis l’a baisié et il li. En baisant se sont rendormi. Ensanle dorment bouce a bouce, Que l’une face a l’autre touce, vv. 2551-2556, éd. J.-L. Leclanche, Paris 1980, 86.
 
v. 19 : sufrir. Le ms. E est le seul à proposer cette lectio difficilior : les trois autres s’accordent sur servir. Il n’est pourtant pas gênant de la préserver dans la mesure où l’antithèse et l’oxymore ne sont pas inconnus en poésie d’oc. V., dans Flamenca : meravilla non ai Si jois d’amors, cant es corals E mescladamens bes e mals..., vv. 2367-2369, éd. U. Gschwind, Berne 1976, I, 83. L’idée qu’une patiente souffrance finit par mériter la joie d’amour est très répandue : Mas ieu aug dir qu’om savis, a sazos, Conquier manhs bes sofren ab esperansa, Peire Raimon de Tolosa, XVI, vv. 26-27, éd. A. Cavaliere, 107 ; c’ab soffrir venz hom tot dia, Gaucelm Faidit, XLV, v. 16, éd. J. Mouzat, 367 ; E per esfortz venson li bon sufren, Peire Vidal, XXXVIII, v. 32, éd. D’A. S. Avalle, 336.
 
vv. 25-26. Lausengiers enicx est un cas sujet singulier à valeur collective, ce qui explique l’accord par syllepse du verbe à la 3º personne du pluriel, an.
 
vv. 28-29. Il s’agit de Guillaume IV de Montferrat (1171-1225).
 
v. 39 : sos paire. Boniface de Montferrat, chef de la IVº croisade (1202), avait reçu, après la prise de Constantinople, le royaume de Salonique (1204). Sur ce personnage (ca. 1150-1207), v. L. Usseglio, I Marchesi di Monferrato in Italia ed in Oriente durante i secoli XII e XIII, Casale Monferrato 1926, II, 169-217. Pour une mise au point plus récente, A. Ghisalberti, Dizionario biografico degli Italiani, Rome 1960 sqq., sous Bonifacio I, marchese di Monferrato, XII, 1l8b-124b. Il est question du même seigneur chez Peire Vidal, qui l’appelle ·l Marques cui es Salanics, XXXV, v. 80, éd. D’A. S. Avalle, 299.
 
v. 46 : Malespina. Guillaume (1194-1220) ou Conrad Ier (né en 1196), l’un des neveux du marquis Albert, protecteur des troubadours et beau-frère de Boniface de Montferrat. V. V. de Bartholomaeis, op. cit., I, LXXXV, et J. Boutière, Biographies des troubadours, Paris 1964, 559, n. 1.

 

 

 

 

 

 

 

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