vv. 3-4. Il s’agit d’une formule qu’on trouve déjà chez Bertran de Born : E fa mal qan porta mailha/ Ni armas, mas los esperos,/ Que mais l’an valgut a sasos/ Qe lança ni branz qe tailha, XLa, vv. 25-28, éd. G. Gouiran, 774. Auc, de auzar, var. auçar, bien accordé au contexte, plutôt que de aucir, dont la personne 1, au présent de l’indicatif, est le plus souvent graphiée aug et auch.
v. 6. Pour la formule et l’idée, cf. chez Blacatz : E quant fo pres, cho sai,/ Qu’a un vilan truan/ Rendet l’ausberc e·l bran,/ Feiz grant cavalaria, O. Soltau, “Die Werke des Trobadors Blacatz”, 9d, ZrP XXIII, 1899, 245.
Le copiste a écrit rudolen et Zenker n’a pas consacré de note à ce mot, pour l’étude duquel v. l’article cité de R. Arveiller, 20-22. Ce dernier récuse rudolen, qu’on lui suppose, comme G. Bertoni (avec réserve) “un étymon *rutilentem, peu satisfaisant du point de vue de la phonétique et peu vraisemblable en face du latin rutilare et des formes française (rutilant) et italienne (rutilante)”, ou qu’on le rattache à la racine de roda avec V. de Bartholomaeis (“che avevate roteato”, op. cit., II, 46). Il repousse également la correction en ruvolen, proposée par O. Schultz-Gora, Archiv, nouv. série, XXXIV, 1916, 202. Ce serait alors un emprunt à l’ancien français dont la forme poserait des difficultés et dont le sens ne conviendrait pas au contexte. On ne peut cependant accepter re dolen ‘objet pitoyable’, avancé en conclusion, faute d’exemple de dolen au féminin. Une autre solution consisterait à corriger rudolen soit en redolen ‘odorant’, soit en pudolen ‘puant’. Rudolen pourrait résulter du croisement de ces deux formes. Ce serait là une allusion burlesque aux effets de la peur, à comparer avec celles que l’on trouve chez Bertran de Born : Greu er que en mar no·l debur/ L’aura, XXIII, vv. 16-17, éd. cit., 458, et Ni feira a son segnior/ Braias moillar per paor, XXV, vv. 68-69 dans le ms. a, ibid., 518. Dans ce cas, c’est Nicolet qui serait rudolen, et non l’épée. Il faudrait donc admettre l’hypothèse d’un autre redolen, du radical de doler et de dolen. Il s’expliquerait bien par une composition à l’aide du préfixe re-, souvent employé dans sa valeur intensive : v. recercar, redoptar, remolhar, remostrar, etc. Redolen n’est pas attesté en ce sens en oc, mais on trouve en oïl des formes parallèles : redolent ‘souffrant à son tour’, Godefroy VI, 707a, redoloir “souffrir à son tour’, ibid. et Tob.-Lom. VIII, 533.
v. 17. Le copiste a écrit : Esegil ; il faut développer en E segi lo pour retrouver l’octosyllabe attendu. Bertoni et De Bartholomaeis traduisent par ‘seguii’. Mais suivre ne conviendrait que si Nicolet se trouvait déjà avec Geoffroy et Hubert, ce qui ne s’accorde pas avec le v. 20. Il vaut sans doute mieux admettre ici le sens 2 de Levy, S. W., VII, 518a, bien fondé sur six exemples, ‘verfolgen, nachsetzen, jagen’, soit ‘poursuivre, bondir à la poursuite de, donner la chasse à’. |