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Ricketts, Peter T. "A l'alena del vent doussa" de Marcabrun : Édition critique, traduction et commentaire. "Revue des Langues Romanes", 78 (1968), pp. 109-115.

293,002- Marcabru

4. frescum. Pour les formes en -um, voir E. L. Adams, Word-Formation in Provençal (New-York, 1913), p. 84.
 
11-12. Marcabrun entre en matière avec le début traditionnel d’un poème lyrique, où il se réjouit devant la nouvelle saison ; la nature est belle et reflète la douceur et la fraîcheur de la fin’amor. Au contraire, là-bas (lai), tout va mal car le « vent doussa » lui apporte aussi une odeur fétide qui vient de la peau d’un animal, semble-t-il, qui tourne dans la brise. Le poète aurait donc choisi cette expression pour exprimer son dégoût de la pourriture morale de sa société, et en même temps pour relier la matière principale — le rapport entre les gardiens et les maris jaloux à l’égard de leurs épouses — au début du poème.
 
20. Bertoni (« Due note provenzali », Studi medievali III (1908-1911, p. 645) a suggéré très justement que l’on doit rapprocher ce vers de « qu’ab eis lo sieu fust lo bata » (XI, v. 52), et que broc doit se prendre dans le sens de « bâton ». Il ajoute : « Osserviamo che qui broc non può avere il significato datogli dal Dejeanne, perchè ha un o largo e non già stretto ... Le altre rime hanno tutte o largo ».
 
22. cobertan. Ms. : cobeitan. Lewent (op. cit., p. 315) voit la nécessité de corriger le Ms. ; en effet, cobertan cadre beaucoup mieux avec guandilh et revolum.
 
23. guandilh ... revolum. Comme l’a dit fort justement Lewent (ibid.) : « Aber guandilh kann nicht gardiens heissen, sondern bedeutet détour (Levy, P. D.) und revolum, das Rayn. und Levy nicht verzeichnen, das Rochegude mit « Lärm » übersetzt, mag etwas ähnliches bedeuten wie guandilh, etwa ” Windungen, Schleichwege ” ». Pour la forme revolum, voir la note au v. 4.
 
24. guazalhan. Lewent (ibid.) voit un rapport avec gazalha : « so dass man das Partizip wohl mit ” Gesellschafter ” wiedergeben kann » ; de même, Dejeanne traduit : « forment avec eux une association hardie ». Mais le sens de ” cheptelier ”, ” gazailler ” aussi se trouve chez Levy (SW 4, p. 92) qui renvoie à Meyer-Lübke (Das Katalanische, Heidelberg, 1925, p. 119) pour ce sens. Et c’est dans ce sens précisément que le trait ironique de Marcabrun est le plus efficace. Le poète a suggéré ici (vv. 31-33) et ailleurs (IV, vv. 31-36 et XVII, vv. 31-42) que les épouses « forniquent avec leurs gardiens, gens de vile naissance, qui leur font des enfants prédestinés au mal » (R. Nelli, L’érotique des troubadours, Toulouse, 1963, p. 111), alors, dit-il, les jaloux sont bien disposés à se faire des gazaillers. La définition de ce mot, selon la remarque reproduite chez Levy, est comme suit : « Le gazailler était et est encore celui qui élève ou garde des animaux qui lui sont confiés et dont il partage le profit avec le propriétaire ». Ainsi les gardiens, dans cette inversion satirique, sont devenus les propriétaires des épouses, et les maris jaloux sont les chepteliers, ne jouissant que partiellement de leurs propres femmes !
 
27. estraitz. M. Nelli (ibid.) indique que les gardiens sont des « gens de vile naissance ». Selon W. T. Pattison, estraig aurait ce sens dans un poème de Raimbaut d’Aurenga : « E cels cui pietz voil - fers estraig ! » (The life and works of the troubadour Raimbaut d’Orange,Minneapolis, 1952, VII, v. 13, p. 91, et sa remarque, p. 92).
 
29-30. Le sens de ces deux vers reste voilé. Le poète semble dire que les manières des gardiens sont telles que tout en mangeant, ils arrivent à souffler le feu, mais il se peut qu’il y ait là aussi une signification sexuelle.
 
33. Comme le suggère Errante (Marcabru e le fonti sacre dell’ antica lirica romanza, Firenze, 1948, p. 173), les gardiens arrivent à tout prendre, « insidianti nella casa ospitale la virtù delle donne e la verginità delle fanciulle. »
 
34. rebon. Dejeanne (p. 8) : « rebondit ». Levy (SW 7, p. 77) ne comprend pas les vv. 31-35, mais dans son Petit dictionnaire (s. v. rebondir), il traduit : ” enterrer ”, ” cacher ”.
 
36-37. Dejeanne (p. 8) : « lorsque sa folie le met hors de lui, enfle, mais à l’instant désenfle et se fond ». L’interprétation de ces deux vers est difficile. Si l’on prend bon comme ” beugle ”, ” rugit ” (cf. Meyer-Lübke, REW, § 1203 a), le sens en sera que le jaloux, se rendant compte de la situation, s’adonne à la fureur, mais tout de suite se dégonfle, n’ayant ni la force de caractère ni la justification morale pour renvoyer le gardien à coups de bâton, et docilement le rembourse (pour ce sens de refondre, voir Levy, Petit dictionnaire).
 
37. enfla, desenfla. Je corrige le Ms. avec Anglade ; voir Dejeanne, p. 7.
 
38-39. Dejeanne a ponctué la deuxième partie du v. 38 ainsi : « qu’a.l vet(z) a puta », donnant comme traduction du vers : « il doit savoir qu’il a le v. à p. ». En effet, le sens général qu’il en tire est juste, mais l’interprétation qual vetz a puta a l’avantage de la simplicité, et évite le problème de la présence du z pour le sens que Dejeanne donne à vetz. Marcabrun affirme que le jaloux, qui est censé trouver ses plaisirs ailleurs (voir surtout XI, vv. 49-52 et les remarques de Nelli, op. cit., pp. 109-112), est nécessairement au courant des habitudes d’un client de prostituées, et, si ce n’est pas le cas, ce doit être un impuissant.

 

 

 

 

 

 

 

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