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Jeanroy, Alfred; Salverda de Grave, Jean-Jacques. Poésies de Uc de Saint-Circ. Toulouse: Imprimerie et Librairie Édouard Privat, 1913.

457,042- Uc de Sant Circ

COMMENTAIRE HISTORIQUE
 
Nous renvoyons, pour une explication détaillée des allusions politiques, au commentaire de Zingarelli, et nous nous contenterons ici de noter ce qui est indispensable à l’intelligence de la pièce.
Str. I. Le siège de Faenza par Frédéric II a duré de la fin d’août 1240 au mois d’avril 1241. Guido Guerra est célébré par Dante (Inf., XVI,. 37). Michele Morosino, de Venise, fut podestat de Faenza en 1240. Bernardo di Fosco est signalé par Dante (Purg., XIV, 101) et fut podestat de Pise en 1248 et de Sienne en 1249. Ugolino serait, d’après Torraca, Ugolino de Fantolini, mentionné par Dante (Purg., XIV, 121).
II. L’impiété de Frédéric II est chose connue ; on sait qu’il a été parfois considéré comme Antechrist (cf. Dante, Inf., X, 119).
III. Raimon VII de Toulouse avait perdu presque tout le Languedoc à la suite de l’expédition de Louis VIII ; en 1229, il en récupéra une partie, mais Avignon, Nîmes, Uzès et Gourdon lui furent définitivement enlevés. Au v. 22, il s’agit de Pierre II d’Aragon, tué à Muret (1213). Raimon VII, allié de Frédéric II en 1240, l’avait abandonné en 1241. Uc lui conseille de ne pas revenir à l’alliance de l’empereur, ce qui pourrait lui attirer de nouvelles humiliations.
IV. Le roi d’Angleterre, Henri III, dont la sœur avait épousé Frédéric II, devait chercher un appui auprès de son beau-frère. En 1236, il envoya des troupes en Italie pour aider celui-ci. Nous ne savons pas s’il est vrai que l’empereur lui avait promis de lui faire rendre toutes les contrées énumérées par Uc. Alberico da Romano avait, en 1239, pris parti contre Frédéric ; les auteurs du temps ne disent pas expressément qu’il ait secouru les Milanais, mais cela est probable. Dans tous les cas, l’empereur dut renoncer à son entreprise contre Milan.
V. L’évêque élu de Valence est Guillaume Ier de Savoie, partisan de Frédéric jusqu’en 1238, puis du pape ; il mourut brusquement en 1239, et le bruit courut qu’il avait été empoisonné. Le vers 42 semble indiquer que l’empereur était soupçonné de ce meurtre. Les deux princes que Uc mentionne au vers 41 sont les frères de Guillaume, c’est-à-dire Amédée et Thomas de Savoie, dont le dernier avait épousé Jeanne de Flandre. Thomas avait été un ennemi déclaré de l’empereur ; on doit croire que, vers 1240, il s’était rapproché de lui ; d’ailleurs, son frère était dans les meilleurs termes avec Frédéric II.
La conclusion de Zingarelli est que ce sirventés a été écrit entre la fin de 1240 et le commencement de 1241, plutôt en 1240, parce que Raimon de Toulouse n’avait pas encore abandonné l’empereur, ce qu’il fit le 1er mars 1241. En novembre 1240, le pape envoyait fréquemment des messagers pour pousser les assiégés à la résistance.
 
 
 
NOTES CRITIQUES ET EXPLICATIVES
 
1. Sur le son d’En Gui voy. Zingarelli, loc. cit., p. 15.
 
3. Crescini change e·n en a·n, sans nécessité, la préposition pouvant être sous-entendue.
 
5. La leçon de DR nous paraît présenter un sens acceptable ; la correction vesi, proposée par Zingarelli, nous paraît inutile, comme à Crescini (voy. les observations de divers critiques auxquelles renvoie celui-ci).
 
6. Esti est sans doute un compromis, amené par les besoins de la rime, entre estei et estia : je ne connais pas d’autre exemple de cette forme ; Rambaut d’Orange emploie estic (Pos tals, Rayn., Choix, V, 413), sans doute amené par la rime.
 
8. Zingarelli change corona en coronan, à tort, puisqu’un verbe se rapportant à plusieurs sujets au singulier peut être employé au singulier.
 
19. Venasque, aujourd’hui simple commune de l’arrondissement de Carpentras, ancienne capitale du Venaissin (comitatus Venduascinus).
 
20. Uzetge est, non Uzès comme le dit la traduction, mais le pays d’Uzès. Ce mot vient, en effet, de Uceticum, comme Alvernhe, Peiregorc, Roergue, Toroine (v. 29) de Arvernicum, Petrocoricum, Ruthenicum, Turonicum. Sur cette formation, voy. Thomas, Nouveaux Essais de philologie, p. 57. La forme Uzès est embarrassante : Ucecia devrait en effet donner Uzeza. — Melguer est plus rapproché de la forme originaire Mercorium (pour Mercurium [fanum]) que Melguelh, qui a prévalu. La forme moderne Mauguio est encore inexpliquée. — Boazo n’est pas Boissezon (Tarn, arrondissement de Castres), qui n’est pas dans la région indiquée ici (rectifier la traduction, où nous avons eu tort de suivre Zingarelli). Il s’agit certainement de Bozouls, aujourd’hui chef-lieu de canton de l’Aveyron, à 16 kilomètres N.-E. de Rodez, où un château fort commandait la haute vallée du Dourdou. Cette forme se trouve déjà dans une confirmation (1201) des privilèges concédés en 1195 au bourg de Rodez (Baillaud et Verlaguet, Coutumes et privilèges du Rouergue, I, p. 100). C’est la même localité qui est désignée sous son nom latin, dans le texte suivant (1341) que me signale M. A. Thomas : De Boadone, p[arrochia] d’Abolh, annexa cum Boadone, 244 f. (A. Molinier, La Sénéchaussée de Rouergue en 1341, dans Bibl. École des Chartes, XLIV [1883], p. 477, nº 328). La prononciation actuelle Buózou est la conséquence d’un recul d’accent qui n’est pas rare dans la région. L’identification avait déjà été faite par Mistral, Bouzoul.
 
23. Preza est probablement ici præda et non prehensa : « S’il revient à la proie » (faite sur lui pour la reprendre) ; tornar a la p. doit être synonyme de rescodre la preza (Levy, preza, 3e ex.).
 
24. Expression très énergique pour désigner une condition subalterne et presque servile : exemples de man masculin dans Stimming, Born¹, p. 254 (note à XII, 33) ; autres dans Flamenca, 2e éd., vv. 3056 et 5723.
 
25. On ne voit pas ce qui motive ces appellations appliquées au roi de France. Elles font sans doute allusion à sa vaillance ; mais la nécessité de reprendre ici l’image qui termine la strophe précédente a dû entrer pour beaucoup dans leur choix. C’est aussi l’opinion de M. Zingarelli.
 
29. Le Paes ne peut être le pays Chartrain, comme le croit M. Zingarelli : en effet, le pays de Chartres, dépendant alors du comté de Blois, n’a pu être englobé dans la confiscation de 1202. S’agirait-il d’un des nombreux « pays » compris dans la Haute-Normandie (Caux, Bray, Auge, etc.), ou le mot ne serait-il qu’une cheville et s’appliquerait-il à toutes les régions usurpées par la France ?

 

 

 

 

 

 

 

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