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Français
István Frank

I. — Jamais je n'ai pensé attendre si longtemps avant d'obtenir d'Amour quelque plaisir, quelque don ou de trouver auprès de lui quelque bienfait : mais je n'en ai point trouvé et c'est très grand dommage. Amour veut me tuer : et puisque cela lui plaît, qu'il me tue donc — je le veux bien, s'il plaît à ma dame qu'il en soit ainsi. Je ne pense cependant pas que mon dommage puisse lui plaire, car jamais je n'ai commis envers elle aucune faute qui pût lui faire souhaiter mon dommage et je n'en commettrai jamais. Et je n'en éprouve que d'autant plus de peine.
 
II. — Ma dame pourrait racheter mon martyre par un seul baiser, qui me rendrait heureux pour toujours, s'il lui plaisait de me le donner : tous mes vœux en seraient comblés. Quand je considère à qui j'appartiens et combien je pourrais être heureux, la pensée seule me rend gai, comme si j'avais obtenu ce baiser. Je lui resterai donc dévoué et soumis tant qu'il lui plaît de me permettre de la voir, aussi longtemps qu'il le faudra pour qu'elle entende mes prières.
 
III. — Si l'on conquérait sa dame par la perfection de son amour, j'aurais déjà conquis la mienne. Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu d'amant plus parfait, qui eût aimé d'une façon plus parfaite et qui eût mieux accompli tous les commandements d'Amour. Je suis si entièrement à son service que plus elle me contrarie, plus je me conforme à ses ordres et plus je les accomplis selon son désir ; en face de son orgueil, je suis tout humilité. Aussi suis-je fondé de croire qu'elle m'accordera encore, quoiqu'il en soit, ce qu'elle me refuse à présent. Je ne pense pas qu'elle puisse ne pas m'accorder un jour, quoiqu'il en soit à présent, ce qu'elle me refuse maintenant.
 
IV. — De même que vous êtes, madame, parmi toutes les femmes, la plus agréable, la plus courtoise, la plus gracieuse et la plus belle que j'aie vue en nul pays, de même je suis de tous les amants fidèles et loyaux le plus loyal et le moins trompeur. Vous devriez reconnaître, de grâce, que je vous aime tant, et sans aucune ruse : car plus votre amour me tue et me torture, et plus je m'efforce de vous être soumis et dévoué.
 
V. — Il me semble donc — puisque vous m'avez si entièrement à votre service — qu'il vous conviendrait de m'accorder enfin votre agrément, pour que je cesse d'être malmené par votre personne agréable et plaisante, dont le charme, le renom, le mérite, la courtoisie augmentent et redoublent chaque jour. Aussi les moindres de vos faveurs m'inspirent-elles un désir inlassable. Vous désirer et languir pour vous m'est plus doux que d'obtenir d'une autre dame ce pour quoi on la courtise.

 

 

 

 

 

 

 

 

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