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Français
Aimo Sakari

I. — J'ai plaisir à composer maintenant, d'une manière légère et facile, une chanson qui soit entendue par celle vers qui tout mon cœur aspire, mais qui en sa cruauté m'écarte et m'éloigne d'elle. Elle est tellement ètrangère à la pitié qu'il ne lui plaît pas qu'une joie m'en vienne.
 
II. — Je ne sais si je meurs ou si je vis ou viens ou vais, car je sers un seigneur méchant et cruel qui ne me promet pas un terme, même lointain, pour s'attendrir un jour envers moi, et j'ai beau rester la tête baissée devant elle, elle n'écoute aucune de mes prières; je crois au contraire que les louanges que l'on me fait d'elle achèveront certainement de me tuer.
 
III. — Elle affecte très d'être franche avec moi, car elle ne me fait même pas une promesse illusoire; je n'aurais pas voulu qu'elle se montrât aussi loyale. Elle m'afflige et me fait endurer de longues souffrances, celle après qui je soupire. Jusqu'à ce qu'elle s'adoucisse avec moi, je ne retrouverai aucune joie.
 
IV. — Mais un espoir me ranime, car je pense qu'un cœur noble se laisse toucher par celui qui lui demande grâce; voilà pourquoi vers elle je m'élance et espère la joie dont je suis privé. Mains jointes je me remets à elle d'un cœur fidèle. Et qu'elle sache bien que, si elle m'agrée, jamais dame n'eut ami, de cœur moins frivole, ni meilleur ni plus sincère.
 
V. — Qu'elle ait seulement assez de pitié pour me payer de retour, puisqu'elle est souveraine en mérite. Et comme elle ne devine pas [mes amoureuses pensées] j'oserai m'exprimer, et que Dieu me préserve de la honte, car j'ai l'intention de l'apitoyer si fort qu'elle me retienne comme son homme-lige.
 
VI. — Que Dieu veuille, puisque je ne soupire ailleurs ni n'adresse ma plainte à aucune autre, qu'elle ne me méprise pas si je lui demande grâce, ou qu'Amour me favorise au moins en faisant croire aux envieux qui épient les amours d'autrui qu'elle me donne cette joie précieuse, noble et sublime, dont je ne connais rien encore que le désir.
 
VII. — Vivant, je vais comme un mort si elle ne me guérit pas en me liant à cette joie véritable, car je ne pourrais demeurer auprès d'une autre, même si ma dame ne daignait pas m'accueillir.
 
VIII. — Bertrand, c'est pour cela que je ne veux d'aucune autre et que je m'attache à ma dame en qui riche mérite et beauté s'unissent, et il n'y a pas de jour qu'elle ne devienne encore meilleure.

 

 

 

 

 

 

 

 

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