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Français
Aimo Sakari

I. — Compagnons, c'est avec joie que je commence ma chanson parce qu'à cause de ma Joie j'ai l'espoir qu'une grande joie me viendra, s'il plaît à Dieu, car je mets mes efforts en noble endroit et, si je garde mon courage malgré ma peur, c'est que Joie est un très bel espoir; voilà pourquoi je ne veux pas me désespérer ni rejeter un si doux désir.
 
II. — Je vais pensant à ce désir: personne n'a de mérite réellement parfait s'il ne se soucie d'Amour, et (pourtant), celui qui s'y évertue le plus, en reçoit deux cents maux pour un bien et mille chagrins pour une joie; de plus il devra donner raison au tort de l'autre et prendre au sérieux ses folies.
 
III. — Celui était fou qui jadis donna le nom d'amour au mal dont je souffre [et qui n'est que] plaintes et soupirs, pleurs et émois, chagrins et douleurs, dams et dommages. Amour n'est que souci et affliction, mais il serait toute pitié s'il obligeait ma dame à m'aimer tant qu'elle eût les mêmes pensées qu'elle éveille en moi.
 
IV. — Mon avis est de la courtoisie qu'elle n'existe point, et j'ignore où jamais la trouver, puisqu'elle n'est pas là où tous m'accordaient le vasselage amoureux. O! belle et gracieuse dame, que Courtoisie et Pitié fassent que votre bonté s'abaisse pour m'adresser une bienveillante pensée.
 
V. — Avec cette seule pensée j'accepterais de vous attendre en vain et de chanter toujours et je serais joyeux et réjouirais les autres; et je m'acquitterais en vous servant en amoureux. Ma longue attente ne serait pas perdue, car sans vous toute joie ne m'est rien. Je suis suffisamment payé, juste Dieu, pour ma fidélité et ma crainte.
 
VI. — Plus je vous crains et vous sers, plus augmente votre orgueil et me fait mal, et pourtant cœur noble devrait rompre son caprice devant qui l'assiège avec Pitié. Sinon, il n'est point sûr que vous soyez gente et noble: plus je vous prie avec Pitié, plus je vois grandir votre orgueil.
 
VII. — Au jugement dernier où tout ce qui s'est passé ici-bas sera connu, il y aura grande joie à la haute cour si, m'y trouvant, on dit que la plus parfaite des dames qui fût de mon vivant me fut bienveillante. J'aurais usé au mieux de mes chansons et de mes regards si je les lui avais pu dédier.
 
VIII. — Ami Bertrand, évitez trop grand amour et trop longue attente.

 

 

 

 

 

 

 

 

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