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Français
Aimo Sakari

(Millot traduit la pièce dans Hist. litt., III, p. 132 ss.; ainsi que sa base, R, il omet la tornade):
 
I — Il n'y a pas un être au monde qui ne trouve sa compagne, mais moi, je ne trouve pas la mienne ni ne sais s'il se pourrait jamais trouver dame qui aimât avec autant de loyauté, de fidélité et de constance, car celle-là qui me repousse, je l'aime plus qu'aucun amant n'aime la dame qui s'abandonne à lui en l'embrassant. Puisque je l'aime ainsi malgré elle et bien qu'elle me fasse souffrir, imaginez combien je l'aimerais si elle m'aimait un peu!
 
II — Oui, sachez qu'alors je l'aimerais avec démesure, puisque maintenant déjà je l'aime tant, quoiqu'elle soit ma cruelle ennemie. Et si je l'aime seul [sans être payé de retour] rien ne me sert de cet amour? Si, du moins aussi longtemps que vit le bon espoir. Que cette attente qui ne mène à rien soit une raison pour ne pas persévérer, je le reconnais bien. Ah, si je pouvais m'en affranchir! Mais je ne le puis point, je suis trop loyal amant.
 
III — Elle aurait bien raison de m'en vouloir si j'étais coupable de forfaiture ou si je lui avais rien dit d'insolent ou d'injuste. Mais, tandis que, tous les jours, je ne fais qu'exalter de mon mieux son grand mérite, me réjouir quand elle en acquiert davantage, et proclamer sa supériorité sur toutes les dames, elle fait semblant de ne pas me voir quand je l'aperçois. Aimable et gracieuse pour tout le monde, c'est à moi seul qu'elle refuse bon accueil.
 
IV — Pourquoi est-il d'usage que les dames traitent avec dureté et hauteur celui qui s'humilie? Ah, belle dame cruelle, comme vous manquez de courtoisie envers moi seul, puisque aucun autre ne s'en plaint! Me voulez-vous du mal seulement parce que je languis de vous et que je vous aime plus que rien au monde? Pour ce »tort» vous me pouvez arracher les yeux: ni vous ni moi n'y pouvons rien.
 
V — Jour après jour l'amour que je lui porte s'accroît, redouble et se fortifie, mais le bienfait [qu'il me vaut] diminue, et j'en aurai, je pense, moins à la fin qu'au commencement; bien qu'elle décline déjà, je vois que, si je m'irrite, la chose ira de mal en pis. Donc, je ne sais comment faire: si je m'irrite, je me fais du tort, si je souffre en silence je ne gagne rien. Pour savoir ce que je devrais faire il me faudrait sans doute être sorcier (?).
 
VI — Ami Bertrand, vous qui êtes trompeur [en amour], vous êtes plus aimé que moi qui suis amant fidèle.

 

 

 

 

 

 

 

 

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