Traduccions - Übersetzungen - Translations - Traducciones - Traductions - Traduzioni - Reviradas

234,011

Français
Aimo Sakari

I. — Je serai resté ces deux saisons sans chanter, à mon grand dam; mais maintenant j'aurais besoin d'un bon »vers» ou d'une chanson qui puisse plaire à celle à qui je rends hommage lige et qui me tient depuis que j'entendis vanter ses mérites, n'ayant pour moi que cet espoir que, si je puis seulement la voir, elle pourra d'un seul regard me faire riche.
 
II. — Avec un seul regard amoureux, si elle me l'avait donné, elle aurait tant fait pour moi, et c'est pourquoi je vais lui faire grand tort (car elle est si noble et si bonne que, lui rendant hommage, je crois que je commets grande folie): »Dame, si jamais homme faillit de trop aimer, vous ne devez pas m'en tenir pour présomptueux: beaucoup sont ceux au monde qui ont le même désir bien que, ni de moi ni d'eux, ce désir ne sortît jamais de la bouche.
 
III. — Puisque tant éclate votre parfait mérite il est juste, Madame, que vous ayez en votre pouvoir un troubadour qui vous chante sans espérer aucune récompense sinon celle de se voir pris en votre gré; me voici qui n'ai jamais réclamé de vous davantage! Et, si je vous chante bien, que cela vous plaise, sinon, prévenez-m'en et ensuite, faites-moi pendre si je ne m'arrête de chanter.
 
IV. — Dame, je ne chante que pour vous à qui je n'ose transmettre d'autre message que les soupirs que je pousse, à genoux, mains jointes, tourné vers votre demeure; car je ne me sais au monde si mortel ennemi que, obtenant de lui l'occasion ou la possibilité de vous voir en secret, je ne serve alors de tout mon cœur, mieux qu'aucun autre seigneur.»
 
V. — Si, au prix de mes services, j'avais la chance de voir Condescendance adoucir la noblesse de ma dame de sorte qu'un doux éclat de son gentil sourire pénétrât doucement en mon cœur, alors, si jamais homme mourut pour avoir bien aimé, moi je mourrais, si cela pouvait m'arriver, mais [ce n'est guère possible car] dans l'espoir d'obtenir davantage j'arriverais à vivre même jusqu'au jugement dernier.
 
VI. — C'est une folle entreprise que celle des envieux contre Amour, et ils commettent là grande vilenie; si vous louez une dame de qualité ils vous traitent de flatteur, selon leur habitude. Je ne feins pas, mais depuis que je l'ai vue je veux célébrer son honneur et sa renommée, et je le ferai aucune autre n'ayant pouvoir de me redonner cette joie qui le plus m'enchante.
 
VII. — La plus grande joie que j'aie jamais ressentie dans mon cœur fut quand dormant je rêvai un soir qu'elle me laissait tenir ses mains nues en les miennes. Me réveillant je crus mourir de joie.
 
VIII. — Ami Bertrand, redites à Bertrand ce que j'ai à cœur de dire, qu'elle s'est trop vengée, même si cela lui a plu, et qu'elle veuille me pardonner de ce tort, car [si belle elle est que] les yeux ne servent de rien à celui qui ne l'a pas vue.

 

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI