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Français
Aimo Sakari

I. — La fuite de l'été m'est désagréable et mon chant y perd, car elle m'a enlevé la gaieté — ce que n'a fait ni la tromperie ni le dédain — et j'en suis quelque peu amoindri: si mes gestes ni mes paroles ne m'aident auprès de ma dame, je ne sais pourquoi je chanterais désormais.
 
II. — Dès le moment que je l'ai vue, je l'ai aimée et désirée accomplissant toujours ses ordres, car je ne lui fus jamais inconstant; je ne dis nullement que je sois trahi, mais force m'est de prendre rang parmi les déçus jusqu'à ce que mon tourment s'apaise.
 
III. — Tant me dominent et me poussent l'amour et le désir qui m'animent que, si elle me repousse, le monde entier sans elle n'aura pas plus de prix pour moi qu'une paire de gants. Au sujet de son grand tort — puissé-je être entendu — je lui demande que, de grâce, elle cesse de me faire nuisance, et, alors, qu'elle me fasse pendre si je m'afflige dorénavant.
 
IV. — Mon Dieu, d'où m'est venu ce désir si vif qu'il ne me quitte point? Puisque je n'en ai aucun profit, j'aurais grand besoin ou d'oublier ou de ne cesser d'être endormi, car en rêvant au moins d'elle j'ai davantage.
 
V. — De cette attente où je me tiens, sans me jamais tourner ailleurs, il en sera, je crois, comme de la montagne qui gronda sept ans, et d'où il ne sortit rien que la souris: ma condition est si aléatoire que je me satisfais de vaines promesses.
 
VI. — Dans un lieu de courtoisie s'est fixée la racine de la joie qui fleurit dans mon cœur, et de là naît mon grand espoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

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