I. Sire Chantarel, porte au roi anglais ce sirventés, où un style simple s'unit à une joyeuse mélodie : dis-lui que, s'il passait de ce côté [du détroit], à lui seraient Mortagne et Royan, Mirebeau et Pons, tout à sa volonté, Parthenay, Jonzac (?) et Rancon (?) ; à lui seraient Rochefort et ..., Bressuire, Thouars et Soubise.
II. A lui seraient Civray et Lusignan, la Marche et la comté d'Angoumois (?), le Limousin et le Périgord, s'il lui plaisait, [et tout le pays] de Roncevaux jusqu'ici, vers Montauban ; à lui seraient, conquise, la tour de Poitiers, les Angevins, les Normands, les Bretons, et le comte Pierre, qui est si large et si preux que le monde entier et Dieu se comportent à sa guise.
III. Maintenant que le roi est jeune et bien portant, il devrait venir guerroyer contre le [roi] français, livrer assauts et combats, à la tête de gens bien équipés, donner de grands coups et frapper de ses mains : car un jeune roi qui brise bien sa lance, qui est hardi, preux et courageux, sage et large, humble et fier [selon les circonstances], de celui-là on dit qu'en ses mains une terre est bien placée.
IV. Bonne sauce, vin clair et pain blanc, chambres et poêles et choses semblables, gobeloter, consulter des gens de chicane, chevaucher, comme un doyen, de douces montures, le roi aime mieux tout cela que démailler des chemises [de fer] ; mieux lui siéraient hauberts et hauberjons, heaumes, cuirasses, pourpoints et hoquetons, maintenant qu'il n'a ni poil mêlé ni barbe grise.
V. Mieux lui vaudrait la cité de ... que cent lévriers ou mille cors de chasse, et mieux ..... que d'avoir pris mille chevreuils. Ah ! roi anglais, ne soyez ni lâche ni mou : ce n'est pas ainsi que La Rochelle sera prise. Il y faudra archers et soudoyers brabançons, chevaliers et maîtres ingénieurs, ce qui vous vaudrait mieux que conseils d'avocats.
VI. Bonne dame, c'est pour mon dommage que je vous ai vue ; j'ai nom, dame, « Fussé-je à la malheure ! », car vous n'écoutez ni moi ni mes chansons et vous croyez de misérables losengiers.