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Français
A. Jeanroy

I. Pour fanfaronner en vers, je ne crains pas Peïre Vidal, ni pour bien dire, Albertet à la belle voix, ni Perdigon pour bâtir un rythme savant, ni Pegulhan, si habile à mettre au sel (?) ses chansons, ni, s'il s'agit de vanter ses vers, Arnaut Romieu, ni Fonsalada s'il faut louer son fief, ni Pelardit pour contrefaire les gens, ni Gualaubet pour jouer joliment de la viole.

II. Puis donc que je suis assez habile pour ne craindre aucun d'eux en tous les métiers que je viens hardiment de vous dire, il est bien juste, selon mon opinion, que je commence immédiatement — ensuite nous parlerons d'autre chose — un sirventés, et que je l'achève tôt et vite (?), par lequel je leur montrerai, quelque peine que cela puisse leur faire, que Dieu m'a donné assez de talent et de sagesse pour en remontrer au plus savant.

III. De même que les actions du roi-empereur de Castille s'élèvent, sans mentir, au-dessus de celles de tous les rois qu'on peut trouver au monde, de même le sirventés que je fais pour lui est plus accompli que celui d'un quelconque des autres troubadours, de par Dieu! [et les vers dont je le compose] s'épurent mieux que l'or à l'ardeur du feu; aussi il n'est homme qui ne les loue, et d'autant plus qu'il les entend mieux.

IV. Je tourne la langue là où la dent me fait mal et ma pensée vers ceux dont nul homme ne peut rien tirer: ce sont ces mauvais barons — que Dieu les prenne en haine! — qui ont diminué à Prix (Mérite) son fief naturel; car aucun d'eux ne le soutient (Prix) ni ne veut suivre sa trace, comme il le devrait: et c'est pourquoi je les blâme, moi, dans mes vers, autant et aussi souvent que je puis, et je m'en suis fait plus de cent ennemis.

V. Mais il m'importe peu que chacun de ces riches mauvais me veuille du mal, car aucun ne peut me plaire ni me donner prix: si l'un d'eux faisait lier mille sous dans le linceul où on l'ensevelira, par saint André, je ne le trouverais pas mauvais (je ne m'en étonnerais pas), car ils sont chiches, avares plus que juifs: et [pourtant] aucun d'eux n'emportera [après la mort] la valeur d'une baie d'églantier, mais seulement un vêtement misérable.

VI. Puis leurs richesses passeront peut-être, de par Dieu, à tels qu'ils nourrissent comme leurs fils, qu'ils croient, en effet, et sans hésitation, être à eux, et qui ne leur sont pas plus parents que moi à n'importe qui; et ceux-là dépenseront bien vite ces richesses (je souhaite que ce soit le plus tôt possible [?]); si aucun d'eux s'en servait pour héberger les pèlerins afin que son âme trouvât merci auprès de Dieu, je me chargerais, moi, de faire sortir chacun d'eux, bien vivant, du tombeau.

VII. - Et celui qui perd honneur, valeur et Dieu pour un fillâtre qu'il croît être son fils, je dis de celui-là que, en bonne justice, il doit aller en enfer pour y subir les pires tourments.

 

 

 

 

 

 

 

 

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