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174,004

Français
Jean Audiau

J'ai suivi, à quelques exceptions près, la traduction de M. Jeanroy.

I. Désemparé, sans compagnon, complètement éloigné et privé d'amour, je chevauchais par une plaine, marri, triste et pensif, le long d'un bois, jusqu'à ce que me retint l'agréable vue d'une pastoure que j'aperçus, telle que ma joie se renouvelle quand je me rappelle sa beauté : [elle était si belle] que désormais il ne me vint souvint plus d'aucune autre.

II. Vite je descendis sur le sable et m'approchai d'elle à pas pressés. Elle leva un peu le menton vers moi, et, avec un doux rire vraiment amoureux, elle me dit : « Sire, comment vous est-il advenu de vous détourner vers moi ? Comment vous êtes-vous épris de moi à ce point ? car je ne sais ce qu'est amitié, et c'est pourquoi je m’éloigne et m'écarte de vous ».

III. « Jeune fille, c'est joie qui me fournit le motif pour lequel je suis ici venu à vous : quand vous m'avez montré votre visage, plus que tous ceux qui sont en joie, je fus joyeux ; et c'est pourquoi je force et contrains mon cœur à vous aimer, [vous] à qui je rends hommage : je vous supplie d'accepter, de vouloir ma joie et la vôtre, s'il vous plaît, de sorte que jamais elle ne finisse ni ne soit brisée ».

IV. « Sire, si je vous donne mon amitié, je prendrai le nom de Dame à la male heure, car j'espère une meilleure récompense d'un autre qui, je pense, m’épousera bientôt : je vais vous donner de ce dard que je tiens, passez donc votre chemin, car, semble-t-il, vous vous êtes essayé avec d'autres, qui vous ont trompé, perfides, qui abâtardissent le plus noble amour.

V. « Amie, je ne vous dis ni oui ni non au sujet de ces perfides au cœur déloyal ; je me suis si bien épris de vous, cette poursuite m'est si chère, que tout mal qui m’en viendra me sera profit ; quoi que vous m'ordonniez, je m’y soumets, car je vous affirme et je proteste que je suis votre homme et votre serviteur ; vous pouvez faire de moi ce que vous voudrez, même m'a – racher le cœur avec un croc ».

VI. « Sire, il n'est pas sot, celui qui sait beaucoup mesonges ayant l'apparence de la vérité ; sans l'Amour, sa sagesse aurait largement suffi à Salomon, qui de son entendement avait fait muraillle, forteresse et palissade ; mais elle ne lui servit pas plus qu'un pot cassé, quand  il eût été maîtrisé [par l'amour] ; il n'en fut que plus complètement trompé ; gardez donc pour vous ce que je refuse de prendre ».

VII. « Amie, c'est là un nouveau prétexte pour mettre ma joie sens dessus dessous, car jamais il n'arriva et jamais il n'arrivera qu'Amour ne soit bon pour les bons : je ne renonce donc pas au grand amour que j'ai pour vous, et qui me donnerait au cœur joie pure et noble, et et je vous prie d'avoir merci de moi ; sinon, si vous me faites languir, je me ferai ermite sur le Puy de Mezenc ».

VIII. « Sire, qu'il n'y ait plus entre nous discours ni contestation. Si vous m'êtes ami, je vous suis amie ; puisque vous en êtes si gourmand et si désireux, je jette loin de moi et chasse de mon cœur l'orgueil. Comme vous le désirez, ma joie et la vôtre s'associeront, car sans joie je ne vaux pas un hareng ».

IX. « Amie, ce que vous me dites me suffit : ma joie s’est mille fois doublée, puisque j'obtiens votre amour ».

X. « Seigneur, ne dites point cela, bien que vous ayez réussi à dompter un cœur rebelle, aux médisants, gueules de « je les tiens ! ». (?)

 

 

 

 

 

 

 

 

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