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Français
Jean Audiau

I. — Cette année, par le temps froid qu'il faisait, au premier jour d'Avril, je venais d'Olargues à travers le bois, chevauchant tout seul, en hâte. Je vis auprès d'un courtil une vachère avec une vache maigre et sou veau, qu'elle gardait : elle priait très dévotement, s'inclinait et se relevait, comme fait une personne qui s'est vouée à l'abstinence (?).

II. Je me dirigeai droit vers elle, laissant la route et mon droit chemin. Quand elle me vit, la belle personne, elle termina sa prière. Je la saluai, elle me rendit le salut, l'aimable créature, fit sur moi le signe de la croix et me bénit comme si elle me voyait mort. — « Chère jouvencelle, pourquoi me bénissez-vous ainsi maintenant ?» — « Seigneur, parce que votre visage a le teint d'un moribond. »

III. — « Jeune fille, vous qui êtes aimable, ne me dites rien de désagréable, car je vous porte amour véritable. Partagez mon désir ! » — « En Dieu mettez votre espoir, Seigneur, car, en vérité, je ne vous reconnais point [trace de] vie ! Songez à la mort !» — « Jouvencelle, par mon père, vous ne me réconfortez guère. » — « Seigneur mon frère, je vous trouve mauvaise mine, et j'en suis marrie. »

IV. — « Vous pouvez m'en guérir vite, jeune fille, si vous m'octroyez votre amour. » — « Seigneur, je suis l'épouse de Dieu et ne veux point d'autre seigneur. » « — Jeune fille, les [Frères] Mineurs ont-ils fait de vous une béguine? » — « Seigneur, par le Roi [des Anges] que j'adore, non certes, mais de mon plein gré je veux servir jusqu'à la fin celui qui pour nous voulut endurer, avec d'atroces souffrances, une mort terrible sur la croix. »

V. — « J'ai grande joie, jouvencelle, qu'il vous plaise de servir Dieu. » — « Seigneur, la mort m'effraie, car tel n'est plus vivant aujourd'hui, qui l'était hier. Nul ne sait vraiment son jour ni son heure ; et, qui meurt en état de péché, perd la douce joie parfaite [du ciel]. » — « Charmante jeune fille, plaise à Dieu, qui soutient le monde, que mort cruelle ne nous emporte point. » Et je tournai bride.

VI. — Où qu'il aille, Guillaume de Lodève a joyeux mérite, qui déconcerte les méchantes gens et soutient les vaillants.

VII. — Mon Belh Ray est doué d'une beauté si véritable, qu'on ne peut croire, pourvu qu'on l'ait vue que, nulle autre créature eu ait une pareille.

 

 

 

 

 

 

 

 

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