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Français
Jean Mouzat

[LE CHANT DU ROSSIGNOL SAUVAGE RAPPELLE AU CHANTEUR SON AMOUR LOINTAIN]

I. J’ai entendu le rossignol sauvage dire en sa langue la joie qui lui vient de son amour, et il me fait ainsi mourir d’envie, et je ne voudrais pas l’entendre cette année, car je ne vois ni ne contemple celle que je désire — et pourtant, à cause de la douce musique qu’il fait avec sa compagne, je fais un peu violence à mon cœur, et je le console en chantant, ce que je ne croyais guère faire cette année.

II. Cependant, rien que je voie ne me met d’allégresse au cœur ; et puisque je me suis obstiné dans ma folie, il est bien juste qu’il en soit ainsi et que ces choses m’arrivent ; car par un calcul insensé je suis resté en attente sans jouir de ma joie, ce dont j’ai peine et dépit ; et je reconnais en mon cœur que j’ai perdu cette année, car je n’ai obtenu ni grande joie, ni rien que je désire.

III. Et bien que je me plaigne de mon malheur comme il convient, j’envoie hommages et supplications vers celle qui a seigneurie sur moi ; car elle ne put m’en dire davantage, lors de mon départ, mais je la vis voiler son visage, et elle me dit en soupirant : « Je vous recommande à Dieu », et lorsqu’en mon cœur je pense à son air amoureux, il s’en faut de peu qu’en pleurant je ne me tue parce que je ne suis pas en sa présence.

IV. Ma dame qui tient mon cœur en gage, je la supplie, en lui criant merci, qu’elle n’ait pas envers moi le cœur volage, et qu’elle ne croie pas les faux médisants qui parlent de moi, et qu’elle ne se figure pas que je me tourne vers une autre — car c’est de fidélité que je soupire, et je l’aime sans tromperie et sans truandise, car je n’ai pas du tout le même cœur que les faux amants qui trichent et dupent, et font mépriser Amour.

V. Jamais je ne m’écartai de la route qui mène vers celle à qui appartient mon cœur depuis que je lui ai fait hommage, et je n’ai aucune intention de jamais me soustraire à son service, quel que soient ceux que cela ennuie ou tracasse ; je suis tout à elle, et je puis nullement m’éloigner d’elle, et dans mon cœur il n’y a rien que le désire autant, et c’est pourquoi, les mains jointes, je la supplie très humblement.

VI. Chanson, je fais de toi mon messager, va tout de suite discourir là-bas, où Joie a sa demeure, et dire à ma dame, qui si bien m’agrée, que je ne puis me séparer d’elle, car je meurs de désir ; et, si elle daigne t’accueillir, fais-lui souvenir — et ne tarde pas ! — de mon souci et de mon cœur que le lui envoie par toi, car je meurs de désir de ne pas la contempler et lui donner des baisers.

VII. Ma dame Maria, vous avez tant de perfections, que c’est par elles que mes dits et mes chants sont agréables, à cause des grandes louanges que je fais de vous dans mes chants.

 

 

 

 

 

 

 

 

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