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Français
Jean Mouzat

[REPENTIR DUN PÉNITENT DÉSINVOLTE MAIS COURTOIS]

I. Ni chant ni cris d’oiseaux ne réjouissent mon cœur affligé et irrité, et je ne sais pourquoi je chanterais ou perdrais mes discours, car ce serait bien en pure perte de juger qu’auprès de ma dame les prières et les suppliques me seraient de quelque profit — car il ne serait pas décent que je mendie son pardon, tant j’ai péché envers elle.

II. Et donc, pourquoi ferai-je entendre mon chant, puisqu’il ne convient pas qu’elle me pardonne ? — Hélas ! o Dieu ! pour la prier qu’elle se venge de moi ?… Parce qu’une fois il m’est un jour arrivé que par faussété et perfidie j’ai fait la cour à une autre, ce qui me plut si bien que je me séparai d’elle, dont je devrais être honni, car je n’ai pas été reconnaissant de ses dons.

III. Mais parce qu’une trompeuse en qui fleurit une perverse beauté m’a fait faillir, convient-il que sur-le-champ me pende celle qui m’avait tire du néant pour me mettre sur la voie de tous les bonheurs ? Pourtant, si l’on eût tué tous ceux qui ont failli et qui n’eurent pas Merci pour maître et pour guide, ce serait un véritable crime !

IV. Pourtant je ne suis pas si abandonné de Joie ni si captif de Dépit, que je ne puisse revenir à elle, si elle me montrait sa sagesse et sa courtoisie — si bien qu’elle m’aurait repris si sa douce personne libre et courtoise, cultivée et accomplie en Joie et en Prix était envers moi disposée au pardon.

V. Mais ainsi je serais sauvé si elle s’amadouait assez pour m’entendre seulement ; puis, après qu’elle aurait vu comment mon malheur m’a instruit et corrigé, s’il lui plaisait de s’adoucir ? Car, pour une fois que j’ai fait quelque chose qui l’a peinée, il m’en a pris si grand mal, et avec elle j’ai perdu plus d’un bonheur accompli, et je suis trahi !

VI. Et donc je m’enhardirai si bien que, les mains jointes, humble et pénitent, à ses pieds j’irai la prier qu’elle m’octroie ce don : qu’elle me pardonne, ou qu’elle me tue ! — Il me plairait bien qu’elle me tuât, mais je ne crois pas qu’elle le ferait, pour autant qu’il me plaise ! Mais plutôt, je sais qu’elle aura à choisir que je meure ou que je vive marri !

VII. Au seigneur à qui est Poitiers je mande qu’il ne lui déplaise point si par moi est ouï un « non » qui vaut cent « ouis » assurés (1).

1) « mille » dans 5 mss sur 6 : cent A, mil EIKPR.

 

 

 

 

 

 

 

 

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