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Français
S. Stronski

I.
I. Mes yeux trompeurs ont bien causé ma mort ainsi que la leur ; il est donc juste que je les fasse pleurer, parce qu’ils l’ont mérité, ayant porté leur choix sur telle dame qu’en le faisant ils ont commis une faute ; et qui haut monte, descend bas ; cependant je mets mon espoir en sa pitié, car je ne crois pas que la pitié puisse faire défaut là où Dieu voulut placer toutes les autres qualités.
 
II. Pourtant, je sais que l’Amour se complaît à mon dam, car il me fait estimer de peu de valeur ce dont j’ai abondance et tendre à la lutte, vers ce qui se refuse a moi : je m’attache à fuir ce qui me poursuit et à suivre ce qui me fuit ; je ne sais comment je pourrais m’en délivrer, car il m’advient de poursuivre et de fuir à la fois.
 
III. Entendez maintenant chose bien folle : je suis hardi par peur, car tellement je redoute la douleur d’amour qui m’a saisi que cela m’enhardit à montrer mon sentiment à celle qui me fait veiller en dormant ; donc c’est bien par peur que j’ai courage, de même que celui qui, ne pouvant pas être sauve autrement, s’en va, tout seul, en attaquer cinq cents.
 
IV. Noble dame que j’adore, rétablissez-moi en valeur et [par là] votre louange ; car nous sommes endommagés tous les deux si vous me mettez en oubli, moi qui vous aime fidèlement ; en effet, ceux qui s’y connaissent disent que beaucoup de gens ont tort de servir ; et voici que moi qui vous aime au point de ne pas penser à autre chose, je serai perdu et je vous perdrai : voyer si je dois m’affliger !
 
V. Oui ! et, cette année, vous ne me verriez pas chanter à cause de la belle saison ; seuls les appels de mon seigneur, le bon roi d’Aragon, que Dieu puisse proteger, m’ont arraché à la tristesse et à l’affliction ; certes, je chante tout à contre coeur, mais il ne faut pas que ses amis se refusent à son aimable appel, puisque nous voyons qu’il se fait obéir aux ennemis.
 
T1. C’est vers la dent qui me fait mal que je tourne ma langue : [je parle] à celle à laquelle je me rends ; et ce sera une recompense (?) si elle daigne me faire bon accueil, car en maint bon lieu je chante son éminente valeur.
 
T2. Marsan, vers Trets va-t’en courant, là-bas chez sire Raimon Berengier que je desire [voir], et puisque cela lui fera plaisir, je lui envoie à entendre mon chant.
 
T3. Bel « Aimant », que Dieu me grarde de devenir coupable à l’égard de celle qui, si j’osais le dire, l’est à mon égard.

 

 

 

 

 

 

 

 

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